Dark Waters, un film de Todd Haynes
Grâce à la pugnacité d’un simple avocat d’affaires, l’un des plus grands pollueurs de la planète a mis le genou à terre. Une histoire aussi hallucinante qu’authentique.
C’est après avoir lu un article y afférent dans le New York Times Magazine que Mark Ruffalo, dont on connaît l’engagement pour une planète plus verte, a proposé à Todd Haynes de tourner un film sur cette affaire de pollution dramatique survenue en Virginie Occidentale. En cause, des déchets toxiques reversés dans une rivière par la multinationale de la chimie DuPont, bicentenaire aujourd’hui. Celle-là même qui a empoisonné la planète entière avec son revêtement miracle : le téflon. Elle frôle de nos jours les 100 milliards de chiffre d’affaire, autant dire qu’elle est quasiment intouchable. Pour tout un tas de raisons d’ailleurs plus ou moins légitimes et avouables. Sauf que sur le problème de pollution des cours d’eau de cette région de Virginie Occidentale, un tout nouvel associé du cabinet d’avocats Taft, à Cincinnati, le dénommé Robert Bilott, va s’emparer du sujet et, contre vents et marées (voir plus haut), finira par faire tomber le géant de la chimie. Du moins pour cette affaire…
C’est ce combat que Todd Haynes, sous une forme quasi documentaire, nous livre sur grand écran avec une précision des faits carrément glaçante. Se rendant sur les lieux mêmes de la pollution, engageant des comédiens non-professionnels du cru, filmant en plein hiver ces endroits aujourd’hui abandonnés, détruits par des entreprises irresponsables, Todd Haynes ira jusqu’à réaliser des plans dans les bureaux de Taft afin de rendre encore plus sensible sa démarche. Robert Bilott a dû se battre non seulement en externe mais aussi en interne, certains associés voyant d’un mauvais œil un potentiel client, et pas des moindres (DuPont), les traîner dans la boue. Ne reculant en aucune manière devant l’avalanche de documents à traiter, Robert Bilott, tout petit et trapu qu’il est, affronte les tempêtes politiques, médiatiques, professionnelles, familiales aussi, dans le seul but de venir en aide aux victimes de ce scandale sanitaire. Nous le savons tous, il vaincra. Mark Ruffalo (Robert Bilott), également producteur de ce film, est superbe de pugnacité, de courage, d’abnégation de sa personne dans cette lutte a priori perdue d’avance devant la puissance des réseaux du conglomérat chimique. Dans le genre, un film exemplaire.
Mark Ruffalo – Un écologiste convaincu
Ce jeune américain fait ses premières apparitions sur grand écran en 1993, il a alors 34 ans. Il abandonne derechef les planches et la troupe de théâtre qu’il a fondée, se tournant définitivement vers le 7e art. De petits rôles et petits rôles, il finit tout de même par rencontrer un vrai succès et la reconnaissance de la profession avec Tu peux compter sur moi (Kenneth Lonergan – 2000). C’est le début d’une magnifique carrière navigant adroitement entre blockbusters signés Marvel et cinéma indépendant.