C’est au CGR-Blagnac, mardi 17 mars 2020 à 19h 15, EN DIRECT de la salle de l’Opéra Bastille qu’aura lieu une représentation de Manon, opéra de Jules Massenet, en cinq actes et six tableaux créé en 1884. La direction musicale est confiée au chef Dan Ettinger, à la tête de l’Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris.
Le spectacle est sous la responsabilité du metteur en scène Vincent Huguet, collaborateur en son temps de Patrice Chéreau, assisté de :
Aurélie Maestre pour les décors,
Clémence Pernoud aux décors
Bertrand Couderc pour les lumières,
Chorégraphie de jean-François Kessler et Louis Geisler à la dramaturgie
La distribution est particulièrement somptueuse, avec LA nouvelle coqueluche dans le rôle de Manon, la soprano sud-africaine Pretty Yende. Celui dont elle est éprise, le Chevalier des Grieux, c’est le ténor à qui, en ce moment, tout réussit, dernier Alfredo de luxe à Bastille avec justement cette même partenaire, j’ai nommé Benjamin Bernheim. Si vous ajoutez en Lescaut, notre baryton français à la carrière internationale au sommet, Ludovic Tézier, vous devinez que les représentations sont COMPLET, en bon français. Le reste de la distribution ne pourra vous décevoir.
Avec les deux entractes prévus de 25 minutes environ, comme si vous y étiez, cela vous fait un spectacle d’environ 200 minutes. Les sous-titres sont en français.
Manon, l’opéra de la toute puissance du plaisir et du sens, un opéra qui démarre comme une opérette, qui tourne au vinaigre et qui finit dramatiquement. La première eut lieu à l’Opéra Comique le19 février 1884. Elle eut un retentissement extraordinaire, plaçant Jules Massenet au premier rang des compositeurs français. Du jour de la création au 16 décembre 1885, l’ouvrage fut donné 88 fois. A l’étranger, la carrière de Manon fut foudroyante et glorieuse, en anglais, en russe, en italien. Ce qui laisse toujours un peu pantois quand on songe aux moyens de communication de l’époque. Mais Manon fut en quelque sorte la dernière ambassadrice du chant français avant que l’exaspération émotionnelle du vérisme et ses auteurs comme Puccini, Mascagni, Leoncavallo ne déferlent sur les scènes du monde entier. Sachons que les plus grands noms de la scène lyrique ont chanté la pauvre petite fille qui aimait trop les bijoux.
Le dernier tome des célèbres Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde de l’Abbé Prévost parues en 1731, est le roman, L’histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Pas sûr que l’ouvrage se retrouve fréquemment sur les tables de chevet actuelles, mais l’ouvrage eut un succès certain à sa parution et tout au long du XIXè. Ce roman va inspirer au moins deux ouvrages lyriques, le Manon Lescaut (1893) de Puccini, et pour Jules Massenet, Manon, tout court (1884). Ce dernier, opéra en cinq actes, est donné dans une grande production menée par Vincent Huguet.
Par son art orchestral, délicat, varié, expressif et toujours élégant, Massenet dépeint à merveille ce flot de passion amoureuse de Manon mais surtout du Chevalier dans un spectacle parmi les plus populaires du répertoire français. Donnée normalement dans son intégralité musicale, l’œuvre est dirigée par le chef d’orchestre israëlien Dan Ettinger. On n’oublie pas de signaler le plus important : Pretty Yende. Il se trouve que la tessiture du rôle ne devrait lui poser aucun problème. On en attend donc, l’indispensable, soit une diction superlative, indispensable en Manon.
On va éprouver immédiatement une vive sympathie pour la grâce de l’héroïne incarnée. Elle n’a que seize ans (dans le livret) et aime sincèrement d’un amour innocent le beau et impétueux Chevalier des Grieux qui l’adore, ici le ténor lyrique Benjamin Berheim dont le chant raffiné et expressif devrait faire merveille. Avec ce « Ah, viens Manon, je t’aime », elle ne peut que suivre son amoureux fou. Entre Poussette, Javotte et ses autres petites camarades, elle demeure attendrissante jusque dans ses menues lâchetés et ses grandes faiblesses.
Mais, sans être cupide, le goût de l’argent et du luxe va perdre la “femme-enfant“. Et de duos passionnés en revirements dramatiques, le livret vous conduira comme Manon sur la route de l’exil pour y absoudre ses péchés. Notre pardon sera total pour la légèreté de sa vertu, après l’air : « Je t’aime ! Prends ce baiser. C’est mon adieu à jamais. » Larmes assurées pour ce dernier rendez-vous.
Ce qu’il y a de fort dans Manon Lescaut,
C’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion
Qui rend les deux héros si vrais, si sympathiques,
Si honorables, quoiqu’ils soient des fripons.
C’est un grand cri du cœur, ce livre ; la composition
En est fort habile. Quel ton d’excellente compagnie !
Gustave Flaubert, 16 septembre 1853.
Photos © Julien Benhamou / OnP
Cinéma CGR Blagnac
Manon • Jules Massenet
mardi 17 mars 2020 à 19h30