Alien, l’arrivée
1979, Ridley Scott donne le coup d’envoi d’une incroyable saga mêlant horreur et science-fiction : Alien, le 8ème passager. Malgré l’immense succès du pitch, le réalisateur britannique s‘en détournera de suite, laissant à d’autres le soin de continuer l’aventure interplanétaire. Il s’en détournera aussi pour réaliser son chef d’œuvre en 1982 : Blade Runner. Dans cet opus aux visées métaphysiques évidentes, il est alors question d’un androïde cherchant à rencontrer son créateur, à qui il reproche de ne pas lui avoir donné une âme. Prometheus reprend le mythe de Prométhée, ce Titan qui déroba le feu du ciel aux dieux de l’Olympe pour le donner aux mortels. Dans le dernier film de Ridley Scott c’est le nom d’un gigantesque vaisseau spatial privé parti dans l’univers à la rencontre des origines de la race humaine. Pour une rencontre, ce sera une rencontre mais pas tout à fait celle qui était attendue… Somptueusement réalisé et, pour la première fois quant à Ridley Scott, tourné entièrement en numérique et une très belle 3D, Prometheus va satisfaire voire plus tous les amateurs de grands frissons spatiaux. En fait, il s’agit, pour faire simple, du prequel d’Alien. Dans des décors naturels et monumentaux, malgré un scénario parfois un rien abscons, cette recherche spirituelle qui irradie une partie de la filmographie de ce génie du 7ème art, prend ici un nouvel élan. En effet, Prometheus est le début d’une trilogie. Pour l’heure Noomi Rapace confirme ici son extraordinaire talent découvert dans Millenium. L’androïde David, le fascinant Michael Fassbinder (Jung dans A Dangerous Method de Cronenberg) est bien sûr le grand frère de Roy, le répliquant Nexus 6 de Blade Runner. Nous sommes de plain-pied dans l’univers sophistiqué, sombre, violent et hypnotique de Ridley Scott. Qui s’en plaindrait ?
Robert Pénavayre