« L’Elixir d’Amour », de Donizetti, est repris au Théâtre du Capitole, dans la mise en scène d’Arnaud Bernard, avec notamment Otar Jorjikia et Vannina Santoni.
« L’Elisir d’Amore », de Gaetano Donizetti, revient au Théâtre du Capitole dans une reprise hivernale de la production conçue en 2001 par Arnaud Bernard. Créé avec succès à Milan, en 1832, cet ouvrage s’appuie sur un livret de Felice Romani, inspiré de celui qu’écrivit Eugène Scribe l’année précédente pour « le Philtre », opéra de Daniel François Esprit Auber. Écrite dans l’urgence et en quatorze jours, la partition de Donizetti prend la forme d’une comédie douce-amère qui assume pleinement sa vocation divertissante. Pièce majeure des soixante-et-onze ouvrages du compositeur, elle est dotée d’une intrigue légère et pleine d’esprit qui met en scène les personnages traditionnels de la «commedia dell’arte» italienne : l’amoureux, la coquette, le soldat fanfaron et le charlatan.
L’histoire a pour cadre un village basque, à la fin du XVIIIe siècle, où le sergent Belcore et le timide Nemorino se disputent le cœur de la capricieuse fermière Adina. Jeune fermier, Nemorino est lassé des humiliations que la belle dont il est épris lui inflige. Il a alors recours à un « élixir d’amour» dont Dulcamara, le marchand ambulant, lui a vanté les mérites – mais qui se révèle n’être qu’un vin de Bordeaux ! Dans cette charmante comédie sentimentale, se bousculent moult bavardages dans le style bouffe, quiproquos et renversements de situations (habituels dans ce genre). L’ouvrage réalise un équilibre parfait entre l’efficacité comique du livret et la subtilité de l’écriture musicale, où s’opère un équilibre particulier entre la farce et la peinture romantique du sentiment amoureux.
Sous la direction du jeune chef italien Sesto Quatrini, on appréciera dans l’une des deux distributions le ténor géorgien Otar Jorjikia et la Française Vannina Santoni (photo) – remarquée au Théâtre du Capitole dans « les Pigeons d’agile », « Hänsel und Gretel », « Manon », avant de triompher au Théâtre des Champs-Élysées dans « la Traviata ». La soprano décrit le personnage d’Adina qu’elle interprètera comme «une jeune fille très populaire de par son rang mais aussi (…) belle et cultivée. On commence l’ouvrage en la voyant lire le roman de « Tristan et Yseult » à ses amies… C’est donc une preuve de sa culture mais aussi de sa générosité – et de sa gaieté… Elle est intéressante, gentille, douce, belle… On dirait aujourd’hui qu’elle est “bien dans ses baskets”, si vous me passez l’expression. C’est comme si elle avait toutes les qualités du monde. Et elle est célibataire ! Donc tous les hommes lui courent après. Ce qui se dégage d’elle, c’est cette vivacité, cette envie de vivre et de s’amuser – mais dans le bon sens du terme. Et on sent que c’est une femme forte, qui a l’habitude de prendre ses décisions elle-même… […] Mais cette femme a une énorme envie de romantisme. Ce n’est pas pour rien qu’elle lit le roman de « Tristan et Yseult », l’histoire la plus absolue sur la passion amoureuse. À vrai dire, on peut se demander si Nemorino, si humble, si timide, lui a bien fait comprendre au début à quel point il était amoureux d’elle. Il est donc naturel qu’elle ne pense pas immédiatement à lui, même si elle lui est d’emblée attaché, et rêve d’aventure !».
À propos de ce chef-d’œuvre du bel canto, Vannina Santoni évoque «une superbe ligne de chant continue à laquelle il faut se plier, dans laquelle il faut essayer de se fondre complètement. Et dans le cas d’Adina, cette ligne est d’une incroyable élégance – ce qui correspond au personnage, à son caractère. Elle n’explose jamais, dans le mauvais sens du terme. Une élégance, mais aussi une rigueur ! Tout ce qu’elle dit est très contrôlé, de même que la manière dont elle le dit. C’est un soprano lyrique léger, mais il y a du poids, et une véritable profondeur dans cette légèreté. C’est ce que j’aime dans ce rôle.»
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole