Rachid Benzine publie Ainsi parlait ma mère, aux éditions Seuil. Une déclaration d’amour tendre et amusante à sa mère.
Roman ou autobiographie ? Peu importe, le narrateur qui semble être l’écrivain raconte la relation unique qui le lie à sa mère. Universitaire passionné de littérature, il partage avec celle-ci un amour amusant et fascinant autour d’un seul et même roman, La peau de chagrin de Balzac. La mère, 93 ans, ne sait pas lire mais, pour une obscure et inconnue raison, elle voue un culte à ce grand classique dont elle réclame une relecture perpétuelle. Autour de cette lecture sans fin se crée un huis-clos qui tisse des liens très forts. Le fils, quant à lui, observe sa mère avec laquelle il vit. Pudique et discrète, il découvre une femme solaire, curieuse, généreuse. Une femme attachante qui n’a rien à envier au monde de la culture alors que le fils aura souvent le sentiment que son milieu universitaire le détache des siens. « Les transfuges de classe ont toujours le cul entre deux chaises. Ce n’est pas la position physique qui fait mal mais la douleur muette qui vous donne ce sentiment ineffaçable d’être un traître à vitre propre famille», dira-t-il.
Une leçon de vie et de courage
C’est pourtant auprès de sa mère que le narrateur apprendra le plus. En l’observant, en captant dans les silences tous les enseignements d’une femme forte. Car une interrogation survient soudain, comment survivre à celle qui vous a donné la vie ? En effet, sa mère s’affaiblit, souffre, devient de plus en plus dépendante de son fils. Cela la chagrine d’ailleurs, elle ne veut pas déranger, ne pas être un poids. Mais soudain, la situation se renverse et l’enfant devient celui qui protège et soigne. De ces pages-là, ressortent une douceur et une émotion qui émeut profondément. Rachid Benzine retranscrit très bien et en peu de mots la force d’un lien indestructible. Texte qui pourtant n’est pas sentimentaliste ni mièvre, mais au contraire est truffé de bons mots, d’humour. Avec ce court texte on jongle d’une émotion à une autre avec beaucoup d’amusement et de tendresse.
Ainsi parlait à ma mère est également une ode à la littérature et à Balzac plus particulièrement. Il montre le pouvoir des mots. Ceux que l’on lit et ceux que l’on écrit. Des mots qui gravent pour toujours la présence des choses et des êtres. Rachid Benzine, plus connu pour ses travaux autour de l’islam, signe un premier roman très réjouissant. Un roman à lire à toutes les mères !
Rachid Benzine, Ainsi parlait ma mère, Seuil, 96 p.
Photo : Rachid Benzine © Hermance Triay
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