Les Fils de Joie sont surtout connus pour leur tube « Adieu Paris ». Pourtant, ils ont signé d’autres très bons morceaux comme « J’Appelle Par-Delà Les Mers », « Le Requin Vert », « Les Plaisirs Chers », « Bob Radar », « Ultime Pogo »… Ils se sont récemment reformés pour notre plus grand plaisir, ont sorti une belle anthologie (Nous Ne Dansons Plus La Nuit) sur le label Pop Sisters, et vont nous offrir un double album live début mars : Les Fils de Joie en Public. Ils seront au Metronum le samedi 1er mars. On a rencontré Olivier de Joie et Jean-Marc de Joie (alias JoMo) pour en savoir un peu plus…
D’où vous est venu l’idée de reformer Les Fils de Joie ?
Olivier : On a été rattrapé par l’histoire du groupe. Formés en 1978 au Lycée Saint-Sernin, on s’était séparé en 1985 (1986 si on considère que Marc et moi avons continué un an de plus en enregistrant quelques morceaux comme « Sur La Route D’Ainhoa » ou « Le Bon Dieu N’a Pas Voulu »). Ensuite, je me suis installé à Paris, j’ai commencé à bosser, mais j’ai toujours continué à faire de la musique. Et puis, un jour, François de Buzz On Web m’a dit qu’il fallait absolument sortir l’album des Fils de Joie qui n’avait pas vu le jour en 1986 à cause de la séparation. Il m’a présenté Joël Calatayud du label toulousain Pop Sisters, et on a sélectionné les titres ensemble pour cet album à partir des bandes disponibles. On l’a nommé Nous Ne Dansons Plus La Nuit, et c’est aussi le titre d’un morceau de l’album.
Cette sortie a fait renaître le groupe en 2023, et nous avons été invités à jouer en live. À part moi, les anciens membres n’étaient plus partants pour ça. J’étais le chanteur et guitariste. Je me suis tourné vers Jean-Marc Leclercq qui a connu cette époque – il jouait dans les Diam’s puis Les Évadés d’Alcatraz et Rosemary’s Babies.
Jean-Marc, qu’est-ce qui t’a motivé pour devenir le nouveau bassiste des Fils de Joie ?
Jean-Marc : Quand les Fils jouaient au tout début des années 1980, j’étais bassiste de Caniveau (qui est devenu ensuite les Diam’s). On était à la foi fan et concurrent des Fils de Joie. On avait même joué ensemble devant la Gare de Colomiers ! J’allais voir les concerts et je me mettais devant Daniel, le bassiste, et je regardais ce qu’il faisait et je le reproduisais chez moi. C’est un groupe qui nous a marqués.
Olivier : Ce qui me plaît aussi en jouant avec Jean-Marc, c’est qu’il est le mec le plus sympa et le plus facile du rock toulousain, et puis c’est un super musicien. Tout comme notre batteur, Guillaume Thiburs, multi-instrumentiste, lui aussi et passionné de son. Guillaume fait partie de la jeune génération montante. Il joue avec trois autres groupes : I Me Mine, Fotomatic et Pratseul. Nous sommes chanceux d’être avec lui. Et puis sa compagne, Claire, est même venue avec son saxophone sur scène lors de notre dernier concert parisien pour faire revivre les chorus sur « Adieu Paris » et « Tonton Macoute ».
Que trouve-t-on sur cette anthologie ?
Olivier : Il y a 15 morceaux sur CD et 12 sur vinyle pour garder la qualité du son. L’enregistrement de « Ultime Pogo » date de 2018. C’est le seul morceau qui n’est pas d’époque mais c’est un hommage à cette époque du début des années 1980.
« Adieu Paris », c’est quelle version ?
Olivier : C’est la première, celle du 45 tours, enregistré au studio Polygone. On l’a ensuite enregistrée pour Polygram avec Franck Darcel comme producteur, mais cette autre version ne nous a jamais plu.
Comment le public réagit à vos concerts ?
Olivier : On est très agréablement surpris. Le public est là et chante avec nous sur la plupart des chansons ! Des gens qui ont connu l’époque ou des plus jeunes. Je me souviens d’un jeune à Paris, Matéo, qui m’a demandé ce qu’on voulait dire avec « c’est un peu comme ça que papa a eu sa croix en 43 » sur la chanson « Un Bâton Rouge Pour Greta ». Je lui ai parlé du mur de Berlin qui existait encore dans les années 80 et du parallèle avec le régime précédent.
C’est, en effet, un aspect assez étonnant des Fils de Joie, pas mal de tes textes évoquent l’histoire, notamment l’histoire coloniale…
Olivier : Peut-être. J’ai écrit ou co-écrit pas mal de ces textes avec Pascal. Je suis né à Madagascar et j’ai passé mon adolescence en Nouvelle-Calédonie. Mon père était magistrat et ancien de l’École de la France d’Outre-Mer (ancêtre de l’ENA). Il a fait tout ce qu’il a pu pour vivre loin de la vieille Europe, tout comme mon oncle. Ma mère, elle, avait vécu en Indochine. Je viens d’une famille voyageuse et mon grand-frère, Pierre, était marin !
Ce n’est sans doute pas la seule explication. J’ai fait des études d’histoire et je suis naturellement intéressé par les sujets géopolitiques. Comme la plupart des gens, je suis aussi choqué par les multiples dérives de la nature humaine ici et ailleurs. Les injustices me touchent. Prends par exemple le titre « Indochine Souviens-Toi ». C’est une chanson liée à ce que j’ai vu au camp de Sainte-Livrade avec des familles franco-vietnamiennes rapatriées et parquées dans des conditions très difficiles après la guerre d’Indochine. Étant déraciné moi-même, cela m’a touché. Leur intégration a été longue et difficile mais elle s’est faite. Je me suis fait des amis au camp et puis, ce sont des fans des Fils de Joie, tout comme ils adorent La Souris Déglinguée.
Pourquoi ce disque live, Les Fils de Joie en Public ?
Olivier : On voulait faire un disque live pour au moins deux raisons. Tout d’abord pour refléter la formation actuelle avec JoMo, Guillaume et moi – avec eux je me sens vraiment bien et je ne me suis pas senti aussi bien depuis la période 1979-1982. Aussi parce que le vrai son des Fils de Joie est live. L’énergie du public c’est l’essence du rock’n’roll. Avec notre ingénieur du son, Thierry Viguier, nous avons enregistré tous les concerts en 2023 et 2024.
Jean-Marc : Un petit jeune fou de son ! Et en termes de son, les meilleurs concerts étaient principalement celui de La Dame de Canton à Paris en 2023, mais aussi celui de la Fête de l’Humanité en 2023 et celui du Floride à Nantes en 2024.
Olivier : C’est un double album qui s’appelle Les Fils de Joie en Public. Il sort début mars sur un label indépendant Twisted Soul Records, et sera distribué par Inouïe. Il est déjà accessible depuis Noël sur les plateformes de streaming. Il y a 22 titres. Bien sûr, il y a nos standards (« Le Requin Vert », « Adieu Paris », « Tonton Macoute », « J’appelle Par-Delà Les Mers » …), nos classiques de scène (« Ultime Pogo », « Comme Un Animal », « L’Imparfait » ou « Indochine Souviens-Toi » …) et, poussés par Guillaume, on a aussi repris les titres de la première époque (« Les Plaisirs Chers », « Harry » ou « Seul À Noël »). Enfin, il y a des inédits comme « Extrême-Orient » ou « Mon Frère Pierrot », un titre écrit pour mon frère disparu en 2003. Il était marin, ça faisait juste 20 ans en 2023 et La Dame de Canton est un bateau, une authentique jonque ancrée au port de la gare. C’était l’endroit idéal pour la lui dédier. Nous y avons même repris « Opium » au rappel. C’est un clin d’œil à notre ami Sit du CAFI, dont c’est le morceau fétiche. On a joué sa version. Parmi les inédits, Jean-Marc chante aussi « Varsovie », un titre qu’il avait écrit et joué avec les Rosemary’s Babies. En fait, nous avons écrit pas mal de nouveaux titres. Un nouvel album studio est aussi prévu pour 2025 ou 2026. Avec Jean-Marc qui a écrit un texte en plusieurs langues, nous avons fait « Break Your TV ». Celui-ci, nous le jouerons au Metronum le 1er mars.
Samedi 1er mars Les Fils de Joie au Metronum : Concert complet
Player streaming Les Fils de Joie en Public : https://music.imusician.pro/a/qFyxUjMa
Nous ne dansons plus la nuit : https://popsistersrecords.com