Dans le cadre du Cycle Grands Interprètes de Toulouse, Martha Argerich sera le vendredi 20 décembre à 20h à la Halle aux grains avec quelques-uns de ses amis musiciens pour partager avec eux des moments privilégiés de musique de chambre. Seront au rendez-vous, le violoniste albanais Tedi Papavrami, la violoncelliste Jing Zhao, la pianiste Akané Sakaï et le pianiste israélien Ido Zeev.
Le programme sera le suivant :
Martha Argerich & Akané Sakaï
Martha Argerich & Tedi Papavrami
L’histoire de la genèse de cette sonate est complexe. À l’origine, la deuxième Sonate pour violon de Prokofiev est une œuvre pour flûte et piano. Composée en 1943, et créée courant 1944, la Sonate pour flûte op. 94 suscita immédiatement l’intérêt du violoniste David Oïstrakh, qui suggéra à Prokofiev d’en réaliser une version pour violon. Le compositeur accepta et adapta la partie de soliste pour violon, en collaboration avec Oïstrakh. C’est sous cette forme que la sonate fut publiée en 1946 à Moscou tandis qu’une édition arrangée par Joseph Szigeti la faisait connaître aux États-Unis. L’éditrice de la présente nouvelle édition Urtext est la violoniste et musicologue Viktoria Zora qui place les sonates pour violon de Prokofiev au centre de ses recherches et de ses publications depuis de nombreuses années.
Alexandre Scriabine : Sonate n°2 op. 19
La gestation de la Sonate n° 2 en sol dièse mineur de Scriabine, bâtie en deux mouvements, fut lente et fastidieuse. Les premiers travaux remontent à l’année 1892. Cependant, durant l’été 1896, après qu’il eut déjà exécuté sa sonate à plusieurs reprises en public à Paris, Scriabine, totalement découragé, écrivit à son ami, l’éditeur et mécène Belaïev: «J’ai certes terminé la Sonate, mais je n’en suis pas du tout satisfait, bien que je l’aie remaniée à sept reprises». Ce n’est qu’en 1898 qu’il fut content de son travail et qu’il fit publier l’œuvre. L’édition Urtext se base sur la première édition minutieusement révisée par le compositeur, mais tiendra également compte d’un enregistrement sur rouleaux réalisé par Scriabine lui-même pour les pianos mécaniques (de la maison Ludwig Hupfeld uniquement).
Maurice Ravel : Tzigane (transcription pour piano par Ido Zeev).
Ido Zeev
Genèse de cette transcription pour piano seul jouée par la main gauche d’Ido Zeev : C’est en écoutant la violoniste anglaise d’origine hongroise Jelly d’Aranyi jouer des airs traditionnels d’Europe de l’Est après un concert donné à Londres en 1922 que Ravel a eu l’idée de composer pour elle une pièce qui rendrait hommage à son jeu envoûtant et à la musique d’Europe centrale. Pour la petite nièce de Joseph Joachim, le violoniste à l’origine des Danses Hongroises de Brahms, Ravel écrit Tzigane, une pièce qu’il qualifie de « virtuose dans le style d’une rhapsodie hongroise ».
On est impatient d’entendre comment le jeune pianiste a pu recréer au clavier toutes les difficultés distillées par le compositeur pour l’instrument à cordes. Tzigane se déploie en trois grandes parties, comme le ferait une véritable danse csardas hongroise. Tout commence par une introduction de plusieurs minutes de la pièce où le violon joue seul. Un air comme improvisée avec son jeu parfois en double cordes, en tout cas plein de vibrato et avec un rythme qui nous parait flou, imprévisible. On a l’impression que le thème et toutes ses variations sont inventés au fur et à mesure par le violoniste. Il n’en n’est rien. Les trilles, les accents et les durées des notes sont notés précisément par Ravel afin de donner l’impression d’une musique improvisée, profondément humaine.
Felix Mendelssohn : Trio pour piano, violon et violoncelle n°1 op. 49 – 1840
Molto allegretto agitato
Andante con moto tranquillo
Scherzo : leggiero e vivace
Finale : Allegro assai appassionato
Martha Argerich
Voilà bien longtemps que Martha Argerich donne des concerts de musique de chambre, à deux pianos, ou à quatre mains, ou piano et violoncelle et autres combinaisons, et en tant que soliste avec orchestre à la limite. Les raisons lui sont complètement personnelles et respectées par tous ses admirateurs, cela va sans dire.
Née à Buenos Aires, Martha Argerich étudie le piano dès l’âge de cinq ans avec Vincenzo Scaramuzza. Considérée comme une enfant prodige, elle se produit très tôt sur scène. En 1955, elle se rend en Europe et étudie à Londres, Vienne et en Suisse avec Seidlhofer, Gulda, Magaloff, Madame Lipatti et Stefan Askenase.
En 1957, Martha Argerich remporte les premiers prix des concours de Bolzano et de Genève, puis en 1965 le concours Chopin à Varsovie. Dès lors, sa carrière n’est qu’une succession de triomphes.
Si son tempérament la porte vers les œuvres de virtuosité des XIXe et XXe siècles, elle refuse de se considérer comme spécialiste. Son répertoire est très étendu et comprend aussi bien Bach que Bartok, Beethoven, Schumann, Chopin, Liszt, Debussy, Ravel, Franck, Prokofiev, Stravinski, Shostakovitch, Tchaikovski, Messiaen.
Invitée permanente des plus prestigieux orchestres et festivals d’Europe, du Japon, d’Amérique et d’Israel (avec Zubin Mehta et Lahav Shani), elle privilégie aussi la musique de chambre. Elle joue et enregistre régulièrement avec les pianistes Nelson Freire, le violoncelliste Mischa Maisky, le violoniste Gidon Kremer ainsi qu’avec Daniel Barenboim : « Cet accord au sein d’un ensemble est très apaisant pour moi ».
Sa discographie est immense.
Tedi Papavrami
Arrivé d’Albanie en 1982, Tedi Papavrami découvrait la France, un pays et une culture qui lui étaient totalement étrangers. Sa sensibilité naturelle et son besoin d’apprivoiser la langue française pour pouvoir faire de ce pays le sien, une grande solitude aussi au départ, l’ont poussé à dévorer les livres, toujours d’auteurs français ou d’auteurs étrangers, mais traduits en français : Stendhal, Proust, Flaubert, Dostoïevski, Tchekhov, Kafka…
C’est sa curiosité, alliée à des exigences intellectuelles et artistiques lui permettant de franchir la distance entre son instrument et d’autres horizons qui singularisent cet interprète rare dans le monde musical.
Suite de la biographie de Tedi Papravami, cliquez ici
Jing Zhao
La liste exhaustive des chefs d’orchestres et chambristes qui mettent un point d’honneur à partager la scène avec Jing Zhao est déjà passablement étoffée. La violoncelliste est une interprète de référence, aussi rare que prestigieuse, et compte dans son entourage des partenaires privilégiés. Quant à Martha Argerich, elle la convie régulièrement à se produire à Hambourg et à Beppu, dans le cadre de ses festivals. Jing Zhao est aussi co-directrice du Festival de Pietrasanta (Italie) et Artiste en résidence du Festival de Cran Montana (Suisse). Elle est par ailleurs invitée à la Folle Journée de Nantes, aux festivals de Jérusalem, Rolandseck, Bad Kissingen, Zagreb, Istanbul, etc.
C’est en Chine et au Japon que la jeune musicienne étudie le violoncelle, où elle bénéficie dès son plus jeune âge des conseils du grand Seiji Ozawa. Elle poursuit sa formation à Berlin, à l’Académie Karajan de l’Orchestre Philharmonique de Berlin et se perfectionne auprès de David Geringas à la Hochschule für Musik Hanns Eisler. Yo Yo Ma et Mstislav Rostropovitch lui prodiguent aussi leurs enseignements. En 2005, elle remporte le prestigieux Concours ARD de Münich.
Outre le Trio de Tchaïkovski enregistré à Lugano avec Martha Argerich et Dora Schwartzberg, sa discographie comprend les Concertos de Chostakovitch avec le Royal Philharmonic Orchestra, et ceux de Tan Dun. Elle joue un Matteo Goffriller de 1711
Akané Sakaï
Artiste associée à Martha Argerich dans le cadre de Progetto Martha Argerich de Lugano, dont elle était l’invitée régulière, on a également pu l’entendre dans le cadre de Cartes blanches à la pianiste argentine à La Roque d’Anthéron, aux Folles Journées, à la salle Pleyel, etc.
Elle codirige actuellement le Festival Martha Argerich à Hambourg. Son premier album, paru chez King International, comprend une version pour deux pianos du Sacre du Printemps enregistrée aux côtés de Martha Argerich. A paraître, un nouvel album « Voyage » qui fait la part belle à la Mazurka, incluant aussi la 2ème Sonate de Chopin.
Suite de la biographie d’Akané Sakaï, cliquez ici.
Ido Zeev
Jeune pianiste israélien, Ido Zeev poursuit depuis 2016 sa formation avec Arie Vardi à Hambourg et avec Florence Millet à Cologne, où il réside. Ido Zeev se met au piano à l’âge de six ans. Sa curiosité et son attrait pour la musique l’amènent alors à s’inscrire à un stage de piano électrique, où il se rend en cachette de ses parents, après l’école. Ce n’est qu’à dix ans qu’il entame sérieusement l’apprentissage de l’instrument, avec son premier professeur, Ganit Polin. Ses progrès sont fulgurants et lui valent de remporter ses premiers Concours en Israël. En 2022, il est 3ème Prix de la Russian Piano Competition de Sanremo et en 2024, il est lauréat du Vendome Prize de la Mannes School of Music de New York. Martha Argerich le remarque lorsqu’il remporte le 3e Prix du Concours International de Vigo, en Espagne, dont elle préside le jury et où il reçoit aussi le Prix du public. Adoubé par la pianiste, il est invité à jouer lors de son festival à Hambourg, avec l’Orchestre d’Oxford.
De lui, elle dit qu’il est « un grand talent, un pianiste brillant, un musicien très investi et sensible. » Il se produit aussi en soliste avec orchestre (Algarve, Haïfa, San Remo, Jerusalem Symphony Orchestra).