Gladiator II un film de Ridley Scott
Il y a près d’un quart de siècle, Ridley Scott nous proposait l’un de ses nombreux chefs-d’œuvre : Gladiator, un film couvert de récompenses prestigieuses autant que justifiées. Nous connaissons le sort parfois douloureux réservé aux suites de ces triomphes planétaires… Mais Ridley Scott n’est pas tout le monde ! La suite des aventures péplumesques du descendant de Maximus arrive sur nos écrans aujourd’hui et force est de constater que ce réalisateur de 86 ans a su garder une caméra illustrant à merveille le grand cinéma.
Rappel des faits. Dans un combat titanesque, l’empereur Commode est tué par Maximus qu’il a, auparavant, lâchement blessé à mort. C’est donc sur les Champs élyséens que Maximus retrouve sa femme et son fils bien-aimés, sauvagement assassinés par ledit empereur. Un quart de siècle s’est écoulé. Nous faisons connaissance avec Lucius lors d’une scène de combat liminaire véritablement dantesque. Il défend une ville côtière attaquée par une armada romaine conduite par le général Acacius. Mise en scène un brin numérisée, certes, mais époustouflante. Lucius est fait prisonnier et vendu comme esclave à Macrinus. Celui-ci, conscient des facultés de Lucius, décide d’en faire un gladiateur. Nous comprenons très vite que Lucius n’est autre que le fils adultérin de Lucilia, la sœur de Commode, et de… Maximus. Lors du combat initial du présent film, les hordes romaines ont tué, entre autres, la femme de Lucius. Ce dernier voue donc une haine inextinguible envers Acacius et se jure de le tuer. Or, celui-ci est le nouveau mari de Lucilia… Bref, vous avez suivi, j’en suis sûr. Mais n’allez pas croire pour autant que ce film est un vaudeville. Loin s’en faut. Certes, Ridley Scott nous replonge dans l’univers fantasmé des gladiateurs, mais il double cette narration par une réflexion sur le pouvoir et notamment ici sur celui des sénateurs représentants du Peuple. Entre des scènes de liesse populaire liées à des combats dans le Colisée se glisse une tentative de coup d’état visant à supprimer les deux frères empereurs : Geta et Caracalla. Alors que Lucius est devenu la coqueluche de Rome, Macrinus manipule à tour de bras pour s’emparer du pouvoir. Meurtres et trahisons sont au menu.
Passons sur quelques anachronismes, plus amusants qu’autre chose, tout en sachant que Ridley Scott n’a pas souhaité écrire ici une thèse de troisième cycle sur la vie romaine en ces débuts de notre ère, et profitons sans hésiter une seconde d’un spectacle magnifiquement mis en scène et superbement interprété. Paul Mescal est un Lucius convaincant, moins musculeux que Russell Crowe certes mais incarnant à la perfection un personnage plus complexe porté par une autre destinée. Il serait d’ailleurs question d’un Gladiator III… Denzel Washington est le Macrinus toxique et vipérin que l’on attendait. Nous retrouvons la Lucilia merveilleuse de beauté patricien de Connie Nielsen. Quant aux frères empereurs, Joseph Quinn (Geta) et Fred Hechinger (Caracalla) en font les portraits saisissants et malheureusement réels de ces tyrans brutaux illustrant des fins de règne et de lignées catastrophiques.
Du très grand cinéma, interdit aux moins de 12 ans malgré tout.