Sorti de la pépinière Gnessine de Moscou (qui forme les meilleurs concertistes russes), aperçu l’an passé à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines avec le Sirba Octet, Alexeï Birioukov (balalaïka) donnera un récital dans notre région le mercredi 10 juillet, à 20 heures, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Bannières (Tarn) dans le cadre du festival La Clé de Voûte, accompagné au bayan (accordéon russe) par Roman Jbanov. Avant ce voyage à travers la taïga de l’âme slave, Alexeï Birioukov nous en dit un peu plus sur cet instrument si unique qu’est la balalaïka, et son répertoire.
La balalaïka est un instrument finalement assez mal connu chez nous, que les gens ont surtout entendu dans les Chœurs de l’Armée Rouge et le film Docteur Jivago, avec aussi quelques morceaux traditionnels comme « Kalinka », « Le Temps des Fleurs » ou « Les Yeux noirs »… Comment réagit le public français à vos concerts ?
Le public français adore la balalaïka, surtout quand, nous musiciens, interprétons cette musique russe avec ses accents slaves, ses compositeurs classiques ou via la musique traditionnelle. C’est toujours un grand succès auprès du public français.
Pour ce concert, vous nous proposez un programme mélangeant répertoire classique (Rimski-Korsakov, Khatchatourian, Rachmaninov, Tchaïkovski) avec le répertoire traditionnel russe (Derbenko qui a écrit de très belle valses, Trostiansky et son superbe « Nocturne », Chalov, qui sont tous des maîtres de la balalaïka russe)… J’en déduis que vous appréciez donc de jouer ces deux répertoires classique et traditionnel ?
La musique classique est notre spécialité car nous avons suivi, avec Roman, des formations très classiques. Roman a étudié au Conservatoire d’État de Novossibirsk et moi à l’Académie Gnessine avec Pavel Netcheporenko, un des plus grands joueurs et professeurs de balalaïka. Quant à la musique traditionnelle, c’est notre identité, les gens viennent nous écouter notamment pour cette musique.
Roman Jbanov est au bayan (accordéon russe). Le bayan et la balalaïka se marient vraiment très bien…
Un instrument de musique à pincer (balalaïka), et un instrument à son continu utilisant un soufflet (bayan)… ces deux sonorités complètement différentes s’accordent, en effet, parfaitement.
Vous jouez aussi avec l’ensemble Sirba Octet. Aimez-vous ce répertoire klezmer (musique juive de l’Est) ? Avez-vous aussi joué des morceaux tsiganes ?
Dans le programme Sirbalalaïka avec le Sirba Octet, je joue plutôt des morceaux russes, notamment des grands titres comme « Kalinka », « Valenki » et « Les Yeux Noirs », et des pièces magnifiques joliment arrangées par des compositeurs moins connus du public français. La musique klezmer et la musique tsigane sont dans d’autres programmes du Sirba Octet, malheureusement sans moi, et avec un cymbalum. Néanmoins, j’adore cette musique qui est aussi dans mon répertoire.
Justement, concernant la musique tsigane, appréciez-vous les fabuleux Ivanovitch ou le groupe Arbat de Pascal de Loubtchek ?
J’adore la musique tsigane, j’en écoute énormément (notamment la tsigane russe). Bien sûr que je connais la musique des frères Ivanovitch et aussi celle du groupe Arbat de Paris (son violoniste Igor joue parfois avec moi dans l’ensemble Troïka).
Est-ce que la tradition du cabaret russe parisien, vivace après l’exil de la Révolution de 1917 jusqu’au début des années 1990, est connue en Russie ?
Oui, cette musique est connue des spécialistes et des mélomanes russes, mais elle est totalement ignorée du grand public russe car on n’a pas eu cette culture cabaret durant l’époque soviétique.
Quels autres virtuoses de la balalaïka appréciez-vous ?
J’écoute beaucoup de musiciens différents, ceux du passé qui étaient auparavant, bien sûr, d’éminents maîtres comme Rozhkov, Necheporenko, Feoktistov… Et des modernes bien sûr comme Arkhipovsky et, dans l’école classique, Andreï Gorbatchev. Je suis de près aussi le travail de mon ami Igor Senin, soliste de l’Orchestre Ossipov. En France, il y a quelques bons joueurs de balalaïka comme Nicolas Kedroff, Micha Tcherkassky et, plus récemment, Gaspard Panfilov.