2 superbes disques, 1 livre d’Histoire indispensable, 2 expositions remarquables, et un shot de rock and roll
JJ MILTEAU KEY TO HIGHWAY
Jean-Jacques Milteau est un homme d’une grande fidélité.
Fidélité à une musique d’une part, le Blues, qui évoque la joie, le chagrin, le bonheur, le désespoir et la révolte, d’une manière intemporelle. Willie Dixon (1915-1992) qui s’y connaissait disait « Vous pouvez avoir le Blues un jour parce que votre femme est partie comme vous pouvez avoir le Blues le lendemain parce qu’elle est revenue. »
Une musique pour laquelle il faut avoir du souffle et Dieu sait que JJ Milteau n’en manque pas.
Fidélité à ses amis musiciens d’autre part, car « Cette route dont l’harmonica est la clé, ne serait qu’une longue errance, si elle était jalonnée de voix qui me sont chères. » Dans ce disque – dont nom est celui d’un standard du blues enregistré la première fois par le pianiste de Blues Charlie Segar en 1940 -, il est entouré par les chanteurs Mike Andersen, Harrison Kennedy, Carlton Moody et Michael Robinson, et par Johan Dalgaard, piano, orgue Hammond, Laurent Vernerey, basse, et David Donatien, percussions.
Fidélité à son instrument fétiche enfin, l’harmonica, le Marine Band de Honher qui ne le quitte jamais, qu’il offrait aux enfants hospitalisés cloués dans leur lit, au Centre Hospitalier de Toulouse, quand il venait les visiter avec son fidèle complice, Manu Galvin le guitariste, à mon invitation et celle des Soignantes, du temps où j’étais Délégué pour la Culture à l’Hôpital (et qu’elle n’était pas un vain mot). Puis pour ceux qui pouvaient se déplacer, ils donnaient un vrai concert dans la Salle Philippe Noiret (aujourd’hui remplacée par des bureaux…), comme le 23 septembre 2005, où j’ai écrit un petit poème en guise de remerciement:
C’est la petite note bleue qui fait la fête
Sans cesse dans nos têtes
Ou bien le spleen
D’une nuit sans lune
Quand la vie coule entre nos doigts
Comme le sable à l’océan
Comme au sommeil les bruits de voix
Chansons d’amour chansons d’enfants.
Le Blues n’est pas votre violon d’Ingres
Vous jouez la Vie en noires et blanches
Et vous n’êtes pas pingres
Pour les Enfants qui flanchent
» Dans le cœur, vous avez tellement de bleu
Qu’on n’y voit que du feu «
Comme disait Léo Ferré
Alors jouez, Jean-Jacques et Manu, jouez adagio
Votre bon vieux Blues de derrière les fagots
Soufflez vos rêves bleus
Pour nous donner chaud au cœur.
CATHARES, ENCYCLOPEDIE D’UNE RESISTANCE OCCITANE
Michel Roquebert (1928-2020) n’aura pas eu le temps de voir son dernier ouvrage édité aux Editions Privat. Heureusement, Patrice Teisseire-Dufour (qui avait déjà dirigé le numéro spécial de Pyrénées Magazines sur les Cathares), a remué ciel et terre pour l’achever et le faire éditer, lui qui nous avait offert en 2019 un superbe recueil de poèmes, dont je vous ai déjà entretenu, « Derniers chants faydits » (Vox Scriba). « Le titre de ce recueil le dit bien: les vrais faydits, ces chevaliers occitans dépossédés par la croisade contre les cathares, au fond, ne sont-ce pas ces poèmes eux-mêmes, qui sont là, comme échappés aux pièges de l’Histoire qui fige parfois le temps et la mémoire ? » écrivait alors… Michel Roquebert. Journaliste à l’Indépendant puis à Pyrénées Magazine, Patrice Teisseire-Dufour a l’habitude de crapahuter dans tous les sens sur celles-ci, et cela lui a été utile dans cette entreprise.
Avec « Cathares, encyclopédie d’une résistance occitane », œuvre magistrale et inédite, claire et facile à lire, Michel Roquebert, nous a légué la somme d’un savoir accumulé durant toute une vie. Il rend palpable le quotidien d’un temps et d’événements dont il ne faut pas oublier qu’ils furent, jadis, un si douloureux présent pour toute la population d’Occitanie, mais aussi celui d’une grande solidarité envers ces persécutés qui ont généré une résistance à l’autorité absolue, qu’elle soit religieuse ou politique. C’est sans doute ce qui gêne tant leurs détracteurs… d’hier et d’aujourd’hui.
Sans éluder les fantasmes de « Manichéens, libéraux aimables, nazis fourvoyés ou précurseurs de Che Guevara », qui ont plaquées beaucoup d’idées farfelues sur ces Chrétiens d’Oc, l’auteur a travaillé essentiellement sur les archives, en particulier les sources inquisitoriales: que l’on ne vienne pas nous dire que les « Cathares » ne sont qu’un prétexte et une invention.
Au fin fond de l’Ariège, du Lauragais ou des Corbières, des Pyrénées aux Cévennes en passant par l’Aubrac, la culture populaire transmise de bouche à oreille a gardé vivante leur trace » brûlante » dans toutes les mémoires.
Nous sommes des réfugiés de la mer
A la recherche d’un havre
De Paix et de Tolérance
Au bout de nos ailes exténuées
D’oiseaux toujours migrateurs
Sèm refugiats de la mar
En cèrca d’una calanca
De Patz e de Toleréncia
Al cap de nòstras alas anequelidas
D’ausèls de passa per totjorn
Nous sommes la plus longue marche
Sur la piste des rêves brûlés
Sèm lo caminadís lo mai long
Sus la piada de nòstres sòmis cremats…
Cette encyclopédie écrite à deux plumes, grâce à la richesse de ses 250 entrées, – dont Patrice Teisseire-Dufour a écrit une centaine à partir des notes de son mentor ou à partir de son expérience personnelle sur le terrain -, chacune narrée comme une petite histoire vue sous l’angle littéraire et philosophique autant qu’historique, d' »Abstinence » à « Violence », est une « Histoire cathare, cousue au fil des siècles », selon Roquebert, loin des projections partisanes et des contresens, qu’il convenait d’éclairer.
Et les belles créations originales à partir de gravures uniques sur plaques de Marie-Amélie Giamarchi, enluminent cette histoire si noire.
Ce trésor transmis par ses deux filles et enfin achevé par Patrice Teisseire-Dufour, est bien « l’héritage cathare » de Michel Roquebert. Il est disponible aux Editions Privat de Toulouse: https://www.editions-privat.com/
Au-delà des registres de l’Inquisition qui a si bien recensés (pour la mauvaise cause) un par un les hérétiques, ceux qui ont témoigné et témoignent encore à charge contre celle-ci, de la réalité de ces croyants persécutés, et même si leurs chants étaient à leur origine réservés aux cours des châtelains, ce sont les Troubadours.
TROUBADOURS, LANGUE D’OC ET JEUX FLORAUX
Outre Cathares, Toulouse dans la Croisade au Musée Saint-Raymond et à l’Ensemble conventuel des Jacobins – dont je vous ai entretenu en détail dans ma précédente chronique -, Troubadours, Langue d’Oc et Jeux Floraux, à la Bibliothèque d’Études et du Patrimoine, si elle est moins médiatisée, mérite vraiment la visite.
Cette exposition tend à dissiper un oubli: on ne peut parler de Cathares, ces Chrétiens non-violents, sans évoquer les Troubadours et Trobairitz (les femmes Troubadours, – et il y en eut, même si elles n’étaient issues que de la classe aristocratique – , contemporains des buchers où ces pseudo-hérétiques se consumèrent au propre comme au figuré, eux qui les avaient accueillis comme l’ensemble de la population et des seigneurs de la région, qui voulurent les secourir; ils furent les témoins d’une croisade sanglante et de l’Inquisition orchestrée par les Chiens de Dieu, Dominus cani, comme les appelait le petit peuple.
Car la poésie des Troubadours constitue un art lyrique majeur et fondateur, dans notre patrimoine littéraire. Femmes autant qu’hommes, issus de tous les milieux, mêlant chansons et poèmes à la fois limpides et savants, populaires et inventifs, charnels et spirituels, ils louaient la nature, évoquaient la guerre et la mort, la société de leur époque, surtout ils chantaient l’amour et la joie d’être au monde.
Ils témoignaient et toujours, en nos temps de plus en plus incertains, que « les chants des hommes sont plus durables que leurs armées », comme l’écrivait Nazim Hikmet, le plus grand poète turc du XXe siècle, victime lui aussi de la répression et de l’exil.
Tout naturellement, le parcours se termine avec un Éloge des Jeux Floraux, dont 2024 voit le 700e anniversaire: plus ancienne société savante d’Europe qui récompense les poètes depuis le XIVe siècle, dont le siège est dans l’Hôtel d’Assézat, et dont la renommée survole les siècles et les continents. Leur protectrice et muse était Clémence Isaure qui a inspiré non seulement les poètes, mais aussi les peintres et les sculpteurs: son buste par Julie Charpentier (1770-1845), – une des rares femmes sculptrices de l’époque -, est visible au Musée des Augustins.
Tout enfant, passionné de poésie, j’ai rêvé de ses fleurs, comme la violette, le jasmin, l’églantine, le souci, qui sont déjà un véritable florilège (c’est le cas de l’écrire): les fleurs du Gay Savoir.
Ce n’est pas du tout un hasard si Victor Hugo, âgé de 17 ans, a concouru, obtenu une amarante et un lys d’or, devenant le plus jeune Maître des Jeux de l’Histoire de l’Académie.
Dans Feuilles d’Automne (1831), il se souvient avec émotion de:
Toulouse la Romaine
Au temps des jours meilleurs
J’ai cueilli tout enfant
La Poésie en fleurs.
Aujourd’hui où j’entame mon quatrième quart de siècle, j’aime toujours me promener dans leur jardin où l’Amour triomphe toujours:
Tu es l’eau calme et bleue,
et je suis le soleil
qui se reflète dans l’eau calme et bleue,
je suis le feu qui dort
et tu es le souffle qui va réveiller
le feu qui dort,
tu es la terre féconde
et je suis l’arbre
qui plonge ses racines dans la terre féconde,
tu es ma douce amie,
ma sœur et mon enfant.
CHRISTOPHE DESLIGNES: LA DEMEURE DE L’ANGE
Christophe Deslignes est l’un des plus grands organettistes européens.
Spécialiste de l’orgue portatif, Deslignes a recréé les modes de jeux virtuoses et expressifs de cet instrument oublié. Diplômé de la Schola Cantorum de Bâle, il a d’abord joué de l’organetto et de l’orgue avec l’ensemble Mala Punica, qui a connu un succès international. Il a ensuite animé le collectif Millenarium pendant 10 ans, enregistrant 6 Albums pour le label Ricercar. Il a produit un triple-Album d’Organetto solo, Méditations-Polyphonie-Danses, 15 ans après « Les Maîtres de l’organetto florentin au XIVesiècle » désigné disque de l’année par le quotidien Le Monde. Il s’est produit dans les plus célèbres festivals de musique ancienne d’Europe et a dirigé deux grandes productions, Officium lusorum et le Livre Vermeil réunissant le Chœur de Chambre de Namur, la Maîtrise des Pastoureaux et Millenarium. Improvisateur, compositeur, chercheur, pédagogue, il a enseigné en Master Classe à la Fondation Royaumont, aux CNR de Toulouse et Belfort, au CSNMD de Lyon. Il intervient également en milieu scolaire, associatif, social et spécialisé (hôpitaux, maisons de retraite, personnes handicapées), ainsi qu’à la Cité de la Musique. Passionné de transmission orale, il organise des stages de musique et de danse depuis 1997 à Saint-Bris-le-Vineux (89), Sulniac (56) et Forbach (57)…
Son dernier album, « La demeure de l’ange », enregistrement de ses compositions et improvisations sur un piano Erard de 1908 est une invitation à la rêverie, une déambulation poétique au Pays du Rêve, un dimanche à la campagne de l’enfance, quand les voitures n’avaient pas encore raccourci le temps.
EXPOSITION BIODIVERSITE AU MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE
Avec sa scénographie contemporaine, le Muséum de Toulouse, 2e plus grand muséum de France après celui de Paris, rassemble une collection de plus de deux millions et demi de pièces (!) sur une superficie d’environ 6 000 m², sans compter les annexes extérieures.
Le Muséum est ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Fermé les lundis, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
La Bibliothèque du Muséum est ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h.
Le Muséum a ouvert au 1er étage de son exposition permanente, un espace de près de 300 m² consacré à la biodiversité et aux grands enjeux de sa préservation.
On s’y balade dans un univers grouillant et coloré et l’on y croise une étrange planète qui n’est autre que notre corps humain. On marche virtuellement dans la forêt de Bouconne, à la découverte de la magie du sol, qui est l’une des plus fascinantes constructions du vivant, puisqu’il abrite une fraction importante de la biodiversité totale de la Terre.
On se transporte ensuite à l’échelle de la planète, et l’on se rend compte que notre santé dépend directement de celle des animaux et des végétaux qui nous entourent, et de celle des écosystèmes dans lesquels nous vivons. Autrement dit, sans biodiversité, la planète ne serait vivable ni pour l’espèce humaine, ni pour une grande partie du vivant. Si rien n’est fait pour enrayer le déclin de la biodiversité, notre planète deviendra presque inhabitable pour les humains.
Par contre, en sortant de cette exposition très interactive, mon petit-fils m’a entrainé au bout de la passerelle jusqu’à la dernière salle de l’exposition permanente, toujours au premier étage, que nous n’avions pas encore visitée, et nous avons découvert quelques-uns des trésors que recèle ce Museum aux réserves décidément si riches. J’ai eu le bonheur de revoir les bisons d’argile issues de la grotte découverte en 1912 par les trois fils du Comte Henri Bégouën: enfant, j’étais sidéré de savoir qu’ils sont datés d’environ 14 000 ans et correspondent à un rituel des chasseurs du Magdalénien.
Andrea a été fasciné par la loutre et par la pie-grièche grise, très bonnes chasseuses toutes les deux, et par le paradisier petit-émeraude aux couleurs chatoyantes, mais aussi par les armes africaines (arcs, boucliers, casse-tête en forme d’oiseau au long bec effilé), et par les parures en plumes du Venezuela.
Personnellement, je me suis longuement arrêté devant le costume de chamane de Mongolie, l’équipement d’un chasseur-pécheur inuit, et devant les objets du quotidien (le nécessaire à consommer le bétel, le métier à tisser de Côte d’ivoire etc.), de véritables œuvres d’art.
Tous les deux nous avons frémi devant le squelette de l’ours des cavernes rugissant qui « garde bien les collections » m’a dit Andrea.
Seul petit bémol, le clair-obscur artistique est parfois trop obscur et les légendes sont souvent difficile à déchiffrer, en particulier pour les personnes à la vue déclinante comme moi.
A signaler l’exposition Le Silence des Oiseaux ? Du 7 mai au 1er juin 2024, à la Médiathèque de Fenouillet. Issue d’un partenariat entre l’artiste plasticienne Marie Frécon et le Muséum de Toulouse: au travers de cette série de 20 portraits d’oiseaux de notre région, l’artiste aborde de façon poétique leur disparition, et nous propose une mise en lumière de plusieurs spécimens de la collection ornithologique conservés par le Muséum de Toulouse, afin de nous sensibiliser à la biodiversité.
Museum d’Histoire naturelle de Toulouse 35 allées Jules Guesde 31000Toulouse
Tel : +33567738484
Tout public, accès à l’espace compris dans le billet d’entrée de l’exposition permanente.
UN SHOT DE ROCK-AND-ROLL
WHEN THE LEVEE BREAKS
John Paul Jones, le célèbre bassiste de Led Zeppelin a réenregistré « When The Levee Breaks », « Quand la digue se brise », pour la bonne cause cette fois-ci. Avec 17 musiciens et chanteurs du monde entier, à l’initiative de l’organisation caritative Playing For Change en faveur de la paix et de l’éducation entre autres. Ils ont donc repris ce classique du Blues, écrit en 1929 par le couple Kansas Joe et Memphis Minnie, peu après la grande crue du Mississippi qui ravagea la région en 1927. Remanié par Led Zeppelin en 1971 sur leur quatrième album, dans une version incandescente soutenue par un célèbre motif à la batterie de John Bonham, le titre se met finalement au service de la protection de l’environnement, presque cinquante ans plus tard. Les différents musiciens se sont enregistrés à distance chacun dans son environnement: on compte notamment parmi eux les guitaristes Derek Trucks et l’amérindien Keith Secola (dont je vous recommande les enregistrements), le batteur Stephen Perkins, l’harmoniciste Ben Lee, les chanteuses Susan Tedeschi, Elie Márjá Eira et Mihirangi, et évidemment l’ex-bassiste de Led Zeppelin. Ce dernier explique avoir enregistré ses parties depuis les jardins botaniques royaux en Angleterre, « jouant toutefois le riff principal une octave plus bas pour mieux coller à l’ensemble ». Il n’a pas hésité longtemps avant d’accepter de s’impliquer dans le projet: « Il semble que peu de choses ont changé depuis 1927, et même depuis 2005 avec l’ouragan Katrina. C’est toujours un morceau très puissant, tant sur le plan musical que dans les paroles. » Les bénéfices générés par la chanson seront versés aux partenaires de Peace Through Music, dont Conservation International, American Rivers, WWF, Reverb et la fondation Playing For Change.
Ce n’est pas un hasard si cet enregistrement sonne comme du Rock Amérindien, comme on peut en entendre dans la BOF, signée par Robbie Robertson, de Killers of the flower moon de Martin Scorcese, avec la lumineuse Lilly Gladstone, que je vous recommande vivement. Ou sur le disque Indian Reservation Blues and More, où l’on retrouve d’ailleurs Keith Secola.
C’est dans l’air du temps, les Amérindiens sont « à la mode »; et ce n’est que justice avec tout ce que leur doit l’Amérique, avec tout ce que nous leur devons; ne serait-ce que pour… la protection de l’environnement.
Comme je le rappelle dans notre concert poétique Blues Amérindiens, avec Véro Dubuisson, Denis Leroux et Pascal Portejoie, il ne faut jamais oublier (entre autres) les paroles prophétiques du Chef Seattle (1786-1866) de la tribu Duwamish en janvier 1854: même si elles ont été profondément remaniées au fil du temps, il en demeure la substantifique moelle, d’une actualité toujours brûlante, c’est le cas de l’écrire.
(…) Chaque parcelle de terre est sacrée pour mon peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’Homme Rouge. L’eau scintillante des ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais aussi le sang de nos ancêtres, elle étanche notre soif, mais son murmure est la voix du Père de mon Père (…)
(…) Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit (…)
(…) Ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l’homme, tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre ! Toutes les choses se tiennent dans le grand cercle de la vie (…).
(…) Lorsque tous les bisons, les aigles et les grizzlys auront disparus, lorsque toutes les forêts auront été coupées et toute l’eau des rivières couverte d’immondices, ce sera la fin de la vie, et le début de la survivance.