Huit représentations de La Cenerentola, près de dix mille spectateurs au total, les dernières se terminant par des ovations debout, la toute dernière avec même une ovation pour l’orchestre dès la reprise de l’acte II, l’Opéra national du Capitole est sur un nuage, et son Directeur artistique, Christophe Ghristi, dans les étoiles.
Cette série de triomphes vient après celle accueillant Idoménée et auparavant encore celle concernant la Femme sans ombre et on peut remonter à l’accueil de Boris Godounov. Mais, va-t-on laisser de côté l’ouverture de saison avec le succès des Pêcheurs de perles ? Nous sommes en train de prendre de mauvaises habitudes, si l’on peut dire.
Mais, ce n’est pas uniquement l’opéra. Les récitals, les concerts, les ballets, jusqu’à présent, c’est l’alignement des planètes. Un fort bon accueil, c’est systématique. Quand on compare avec certains articles parus dans la presse relatant ce qui se passe dans d’autres entités culturelles de métropoles françaises, on se réjouit d’être toulousain, ou de pas loin.
Il n’empêche, et on va le remarquer avec la nouvelle saison présentée il y a peu. Nous avons la chance, et nous allons l’écrire, d’avoir à la tête de cette structure LA compétence qui règne. Christophe Ghristi est un patron muni d’une longue-vue. Vous pensez, 2024/ 2025, il pense 2027/28, 2028/29, etc……C’est donc ainsi que se bâtissent les saisons avec une intuition souveraine aussi des désirs du public. Il “sent“ ce qu’il doit proposer.
Et, de plus, son carnet d’adresses est un trésor. Mais son plus grand trésor est bien, tout simplement, le goût de la réussite, être heureux d’engranger un succès suivi d’un autre et surtout, fol bonheur, voir une salle debout, en liesse. Une envie qui n’a pas d’unité de mesure.
Alors, La Cenerentola, que rajouter à mon premier compte-rendu sur la production présentée ? D’abord, la réussite de ce compromis entre le semi-buffa et le semi-seria. Une vraie performance des bâtisseurs car c’est bien la première difficulté. Le tandem Barbe & Doucet a monté un travail inspiré, tableau après tableau, avec des éléments rajoutés, “gagesques“, jamais vulgaires, drôles, oui, drôles et les réactions du public le prouvent. Et leur connaissance plus que parfaite de la partition d’où cette corrélation étroite entre théâtre et chant et musique. Sans oublier, à chaque instant, l’œil du “patron“, c’est bien ça l’essentiel.
Et pas de temps mort. Ça trace. Comble du plaisir, ça chante, et fort bien, et ça joue, fort bien. Et ce, dans les deux distributions. Mais là, c’est encore la faute à notre Directeur qui connaît son monde lyrique et qui construit un plateau vocal à chaque fois digne d’éloges : ça s’appelle le métier. Et peut-être, au-delà du métier. Et que dire de la vista qui l’a amené à choisir un jeune chef pour diriger l’Idoménée de Mozart, fort bien, et en suivant, cette Cenerentola, excellemment. Le surdoué, au demeurant plébiscité par les musiciens, et par tout le monde ! s’appelle Michele Spotti.
PH Céline Laborie et Julie Pasturaud
Je reviens sur le trio du papa et ses deux filles, Don Magnifico et Clorinda et Tsibe, soit Vincenzo Taormina et Céline Laborie et Julie Pasturaud. Leur complicité est totale. Ils tiennent la partie buffa de manière absolument remarquable et j’avoue les mettre en premier dans les commentaires.
C’est sûr, Florian Sempey, notre jeune baryton est un Dandini, définitivement. Il en a toutes les qualités, celles que le rôle peut non pas exiger mais demander. Mais il peut aller plus loin, la preuve en a été donnée.
Quant à Angelina avec Adèle Charvet et Floriane Hasler, tout comme pour Don Ramiro avec Levy Sekgapane et Michele Angelini, leur chemin est bien tracé pour chacun. Le rôle en question leur convient fort bien et leur aisance dans le chant rossinien ne laisse aucun doute sur leur avenir sur les plateaux de salles lyriques.
C’était bien une tentative d’explication d’une telle réussite pour cette énième saison. On peut même se permettre de rajouter un élément qui fait sens avec, globalement, dès les portes franchies, cet accueil de bon aloi par tout le personnel qui en a la charge, un sentiment tout à fait palpable par l’ensemble du public, quel qu’il soit.