Manine (surnom) : 1. Expression utilisée en Provence, qu’on donne aux filles (Synonyme : “ma petite”)
2. Cave / bar à vin ambulant, winetruck de vins naturels et biologiques.
Il est 16h, place de la Légion d’Honneur, à Toulouse. Aujourd’hui, c’est jour de marché. Le ciel est nébuleux et grisâtre. On ne pouvait pas s’attendre à beaucoup mieux, on est le mercredi 3 janvier 2024. Et la période se fait ressentir par le peu d’exposants présents. Seulement trois ont réussi à trouver la motivation pour se déplacer, quelques jours après le réveillon du Nouvel An. Au beau milieu des infrastructures métalliques de Toulouse Métropole, se dessine une bulle temporelle, nous plongeant directement dans les années 60; où liberté, saveurs et convivialité résonnent. Un camion bleu pâle illumine la place, de grosses lettres en capitales contournées d’un orange intense nous dévoilent l’identité de cette remorque à l’allure vintage : MANINE.
Manine, winetruck de la région toulousaine
Au volant de la camionnette qui tracte la remorque, Benoît Angelé, 26 ans, originaire de Gimont dans le Gers, là où fleurit l’amour du vin et du partage. Rencontre.
Tout d’abord, où as-tu trouvé cette merveille qui te sert de lieu de travail ?
Je cherchais un camion qui puisse participer à des événements, même prestigieux, et avoir un joli camion, ça me permet d’assurer des mariages et des anniversaires par exemple. Mais le problème avec ces vieilles machines, c’est qu’il y a trois vitesses et qu’elles poussent jusqu’à 50 km/h. Je ne voulais pas me retrouver dans le même stress chaque matin, à savoir si ça allait démarrer, ou pas. Puis en trainant sur les réseaux sociaux, je suis tombé sur une entreprise espagnole qui fabrique des répliques de camion en remorque. J’ai visité l’usine à Saragosse, ils ont moulé le camion d’origine et voilà ma remorque. Elle possède tous les avantages du design vintage, mais je peux partir sereinement tous les jours. J’ai choisi la couleur, j’ai toujours voulu un bleu pâle. Pour le logo, c’est une amie graphiste qui m’a aidé, Clémence Montigny. L’agencement intérieur a été conçu par un ami menuisier, Olivier Pelletier.
Ton idée de winetruck est née en mai 2022. Tu as décidé de le baptiser Manine. Ça veut dire quoi et quel concept se cache derrière ?
Manine c’est le surnom que je donne à ma grand-mère, Janine. En Provence, ça signifie “ma petite”, un surnom qu’on attribue aux filles. Manine c’est aussi une cave à vin ambulante, qui transporte exclusivement des vins bios et des vins naturels.
Tu n’as pas d’emplacement fixe. Où peut-on te retrouver dans la semaine ?
Mon emploi du temps change en fonction des saisons, mais à l’année, je me déplace sur différents marchés. Les mercredis et jeudis sur les marchés toulousains comme aujourd’hui, à côté de la Médiathèque, ou dans le quartier Saint-Aubin en fin de week-end. Le vendredi je suis sur le marché de Pujaudran, et celui de l’Isle-Jourdain le samedi dans le Gers. Arrivé l’été, la saison des mariages, je me déplace pour les événements privés, mais aussi professionnels. Des entreprises me contactent pour que j’anime des dégustations en petits groupes ou que j’installe mon bar à vin, auquel j’ajoute un buffet de tapas.
Un wine-food-truck ?…
Je m’adapte à la demande. Je cuisine tout dans le camion. Pour les entreprises, c’est souvent des buffets froids, mais pour de petits groupes je peux préparer des plats chauds. C’est au cas par cas. J’y présente des brochettes, du houmous, de la charcuterie et du fromage, et des tapas plus sophistiquées. Pour m’aiguiller et pour les plus gros événements, je fais appel à des amies cheffes. Louise, cheffe chez Pépite à Saint-Cyprien, et Clara-Marie Petit, cheffe du restaurant Garçons Sauvages, place Saint-Étienne. C’est d’ailleurs avec elle que j’ai assuré l’été dernier, une saison à Gimont dans une guinguette.
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Raconte-nous ton amour du vin.
J’ai grandi dans une famille qui aime le vin, moi aussi. J’ai même tourné mes études dans ce domaine. Après l’obtention d’une licence en commercialisation des vins à Tours, j’ai commencé la restauration. J’appréciais le service, mais ce que j’aimais par-dessus tout c’était de renseigner les gens sur le vin. Donc j’ai repris mes études, et j’ai obtenu le diplôme international de dégustation et connaissances dans le vin.
J’ai un attrait personnel fort pour le vin bio et les vins naturels, parce que j’aime boire du vin avec le goût qu’il doit avoir. Quand je sais qu’un vigneron ne met pratiquement rien de plus que ses raisins, qu’il travaille proprement, et qu’on arrive à avoir des arômes vraiment plus puissants, une finesse, du plus par rapport aux vins traditionnels, c’est ça qui me plait. Un vin naturel est produit dans des vignes travaillées en bio, avec le moins d’additifs, des vendanges faites à la main, dans de petits domaines. Dans la vinification, le plus important pour moi c’est la levure indigène. C’est celle déjà présente dans le raisin, qui va provoquer sa fermentation. Dans le vin conventionnel, on ajoute des levures présélectionnées qui donnent son goût.
Comment sélectionnes-tu les vins que tu proposes avec Manine ?
Les vins proviennent de toute la France, certains d’Espagne. J’essaie au maximum de me rendre directement chez les producteurs, mais je n’ai pas toujours la possibilité de me déplacer jusqu’aux domaines; j’en goûte aussi dans des salons de professionnels, et j’ai quelques agents qui me fournissent. Toutes mes bouteilles sont des vins que j’ai goûtés et approuvés, que je choisis en fonction de ce dont j’ai besoin, de ce que je n’ai pas et de ce que j’aime. Le but étant de proposer une offre la plus complète possible. Une partie des références est constante, mais l’autre change par manque de place. On peut revenir plusieurs fois, il y aura toujours des nouveautés. Et même si vous avez craqué sur une bouteille et qu’elle n’y est plus la fois d’après, pas de panique, elle refera son apparition au cours de l’année.
Tes bouteilles du moment ?
Je préfère les vins rouges légers et fruités; et les vins blancs très secs, bien acidulés. En ce moment en blanc j’adore l’Aligoté de Sylvain Pataille, pour sa fraicheur et son côté minéral. En rouge, Les Salicaires, un rouge tellement léger, une petite grenadine.