Quelle que soit la distribution, vous n’aurez guère le temps ni le loisir de vous attarder sur les surtitres. Pas une seconde à perdre et ce, dès les premières mesures de l’Ouverture. Elle est enthousiasmante. Attilio Cremonesi qui dirige la production semble tout à fait à son affaire, et les musiciens de connivence. C’est parti pour cent soixante dix minutes, entracte comprise. De plus, le metteur en scène chargé aussi des lumières s’occupe de vos yeux, et là non plus, pas de répit. Le tableau du sextuor va vous clouer au fauteuil.
Voir impérativement, mon article d’annonce de l’opéra en date du 7 mai.
À ce sujet, sommes-nous à Séville, ou ailleurs ? peu importe. Josef Ernst Köpplinger n’a pas consulté Baruch Spinoza, ni BHL mais a décidé de ne laisser aucun instant en interrogation. Vos yeux sont sans arrêt sollicités avec peut-être même, des moments où l’on pourrait demander : Grâce !! Vous ne serez pas obligés non plus de partager les goûts de Johannes Leiacker pour certains motifs de papier peint, ni obligé de vous questionner sur celui choisi. C’est sûrement pour se venger de l’inactivité durant la période toute récente que les bouchées sont triple dans le foisonnement d’idées exploitées sur le plateau. Ceci dit, le tourbillon musical rossinien étant au rendez-vous et le chant aussi, c’est une fin de saison réjouissante que le Théâtre du Capitole nous offre dans la droite ligne d’un Platée mémorable et de deux autres chocs monumentaux avec Wozzeck et Jenufa. Repos.
Si l’on s’attarde sur la partie chant, TOUS jouent, et chantent !! Nous avons droit au Figaro des Figaro avec Florian Sempey. Faisons court, il est Figaro, point. Mais Vincenzo Taormina mérite aussi tous nos applaudissements. Eva Zaïcik est une délicieuse et efficace Rosine qui ne pourra être que meilleure encore au fil des productions. C’est pareil pour Adèle Charvet qui soutient fort bien la comparaison. Quant au Comte Almaviva, Petr Nekoranec est déjà entièrement Lindoro pendant que Kevin Amiel, dans sa prise de rôle peut gagner encore quelques marches avec un tel timbre de voix.
Quant au docteur Bartolo, les deux, Paolo Bordogna et Yuri Kissin font l’affaire. Pour le grand manipulateur qu’est Don Basilio, Roberto Scandiuzzi bénéficie, à son habitude, de la pratique sur quelques dizaines d’années de tout son savoir-faire du chant et de la scène. Pendant ce temps, Julien Véronèse le talonne et réduit la distance avec méthode et art.
Andreea Soare nous fait un exploit dans Berta et va devenir la Berta des scènes actuelles. On l’attend avec impatience dans Musette de La Bohème, ici même. Elle est dans le sextuor au même rang que ses compères.
Remarquons le baryton Edwin Fardini dans le rôle de Fiorello, petit rôle qui grandira puisque son prochain, c’est Schaunard dans La Bohème, lui aussi.
Hors de question de terminer sans évoquer le Chœur du Capitole qui se distingue encore par une performance, avec à sa tête son Chef, Gabriel Bourgoin.
Photos © Mirco Magliocca
En savoir plus sur Le Barbier de Séville :
> Il barbiere di Siviglia frénétique de retour au Capitole
> Entretien avec Petr Nekoranec
> Entretien Adèle Charvet