Quel mélomane n’a pas entendu parler du ténor argentin José Cura ? Même s’il n’était jamais venu à Toulouse jusqu’à ce jeudi 17 février 2022 au Théâtre du Capitole, l’énorme affluence et les tonnerres d’ovations qui l’ont accueilli donnent la réponse.
Celui qui se passionne dès son plus jeune âge pour la musique, devenant chef de chorale à 15 ans, nous sommes alors en 1977, étudie la composition, la guitare et le piano. Il va aussi aborder le chant en mode privé. José Cura part ensuite pour un itinéraire musical qui le voit s’implanter en Italie, puis à Paris et à Madrid. En 1992, il rencontre le ténor Vittorio Terranova. Cette année-là il fait ses débuts à Vérone dans le Pollicino de Hans Werner Henze (1926-2012) créé en Italie en 1980. C’est le début d’une étourdissante carrière dans le monde entier, interprétant, avec une fougue scénique et une voix de lirico-spinto volcaniques des Don José et des Otello, entre autres rôles, qui sont restés dans les annales.
Dès 2002, José Cura, en musicien accompli, se tourne occasionnellement vers la direction d’orchestre, puis vers la mise en scène, sans jamais pour autant délaisser complètement sa carrière de chanteur. Malheureusement Ignoré des directeurs du Théâtre du Capitole pendant ces nombreuses années qui ancrèrent sa gloire, il aura fallu attendre Christophe Ghristi pour que José Cura foule les planches capitolines.
En ce mois de février, c’est accompagné au piano par Katalin Csillagh et à la guitare par une fantastique virtuose de cet instrument nommée Barbora Kubikova (un triomphe personnel largement mérité) que le ténor argentin se produisait dans un programme de chansons de son pays natal. Signées en grande partie du compositeur, argentin bien sûr, Carlos Guastavino (1912-2000), elles structurent un programme en forme de show dans lequel José Cura chante mais également va prendre très souvent la parole pour commenter les œuvres, interpeller aussi le public, raconter des anecdotes, personnelles ou pas. Il va créer un lien de complicité chaleureux avec la salle qui n’entendra alors de son chant que le timbre cuivré qui en a fait sa réputation. Pas d’opéra donc ce soir-là, mais un bis enflammé et patriotique dans lequel il « lâche » enfin sa voix, ravivant pour ceux qui l’entendirent à la fin du siècle dernier, les souvenirs d’une des plus grandes et impressionnantes voix dans ce registre que notre temps ait connue.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse