Entre, le Théâtre du Capitole, la Halle aux Grains et l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines essentiellement, qui va oser se plaindre de la reprise des festivités dans nos lieux favoris pour ce qu’il en est des musiques dites à tendance classique ?
Une relative brève énumération va nous plonger ou nous replonger dans l’ambiance. On n’oublie pas tout d’abord une fin d’année avec les 9 représentations de La Flûte enchantée de Mozart qui ont pu accueillir près de 10 000 spectateurs au Théâtre du Capitole, opéra très applaudi dirigé par le chef Frank Beermann. Une nouvelle production qui aura permis de découvrir de futures étoiles du chant lyrique dont 2 ténors puisque c’est un hiver TÉNORISANT. Ont pu suivre à la Halle, les 3 soirées du Concert du Nouvel An avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse dirigé par le chef russe Stanislav Kochanovsky, fort apprécié du public, dans un programme d’extraits musicaux de musiques de ballets de Tchaïkovski qui ont enchanté l’auditoire.
Janvier voyait le Théâtre très occupé par la production de Carmen et ses 8 représentations, un ensemble très perturbé par les problèmes sanitaires et tous les impératifs en découlant. Mais, toutes les bonnes volontés ayant fait corps contre l’ennemi invisible, UN GRAND BRAVO À TOUS, l’entreprise a pu être menée à son terme avec un maximum de satisfaction pour tous, public, artistes et artisans participant au spectacle. Les membres de l’équipe directoriale ont pu, comme Platée après l’injonction jupiterienne, laisser échapper un …ouffe !! Il aura quand même fallu… 3 ténors pour Don José.
Avant le drame de Georges Bizet de 1875, la scène du Théâtre avait accueilli Jordi Savall et sa formation Le Concert des Nations et le lieu avait pu résonner aux sons de Claudio Monteverdi de 1637.
À la Halle , janvier voyait à la tête de l’ONCT, un presque habitué sur l’estrade, le russe Maxim Emelyanychev dans un programme Mozart, Bruch et Schumann, suivi d’un Happy Hour avec la cheffe Marta Gardolinska pour deux œuvres de Mozart et Schubert tandis que début février, c’était un opéra en version concert jamais donné jusqu’alors, le Villi du jeune Puccini dirigé par une cheffe déjà rencontrée au Théâtre, Speranza Scapucci, s’appuyant sur une phalange de l’Orchestre plutôt fourni mais aussi sur les Chœurs du Capitole mis à rude épreuve dans Carmen de par les conditions sanitaires rendant les conditions de travail éprouvantes (respect du masque porté en permanence entre autres). Un ténor s’est là aussi distingué, en remplacement, un certain Luciano Ganci ayant toutes les qualités requises pour ce rôle de ténor vériste. C’est décidément l’hiver des ténors, et ce n’est pas fini……
Dans le cycle Grands Interprètes, nous aurons pu apprécier une fois de plus tout le talent des Musiciens du Louvre et celui de leur chef Marc Minkowski qui auront permis d’apprécier au mieux tout le génie d’un certain Rameau et toutes les saveurs de son écriture musicale, bien loin de certains clichés. Il est des musiques qui se méritent. Grâce à ce même Cycle, courant janvier, deux gloires du clavier ont pu retrouver leur public et ses chaleureux applaudissements, Hélène Grimaud et Evgeny Kissin. Ce fut deux grands récitals.
De son côté, l’Auditorium accueillait des formations pour musique de chambre, comme les Clefs de Saint-Pierre, une formation liée aux musiciens de l’Orchestre National du Capitole, et variant en fonction du programme choisi. Auparavant c’était pour le coup, une formation internationale qui faisait vibrer le lieu prestigieux, le Quatuor Hagen invités par l’association des Arts Renaissants.
Viendront pour suivre deux œuvres de l’École viennoise, l’une de Berg, l’autre de Schoënberg dirigées par, disons un habitué de la Halle, Kazuki Yamada qui sera suivi d’un autre concert dirigé par le chef attitré Tugan Sokhiev dans le Concerto n°2 pour piano de Rachmaninov suivi de deux poèmes symphoniques de Richard Strauss, Till l’espiègle qui précèdera Don Juan. Hélas, ce sera à la même heure qu’aura lieu le récital du ténor José Cura au Théâtre dans un programme intitulé Chansons d’Argentine avec accompagnement au piano et à la guitare : la concomitance est fort dommageable. Mais on poursuit avec le concert suivant dirigé par un jeune chef prometteur que les instances responsables et les musiciens testent, j’ai nommé Thomas Guggeis. Les œuvres seront de Debussy, De Falla et une création mondiale du compositeur Benjamin Attahir, un concerto pour piano interprété par, comme il se doit, Bertrand Chamayou. Cela frise l’embouteillage.
Et, toujours à la Halle, le lendemain, l’association Les Amis de l’Oncopole vous attendent dans un concert original entièrement consacré à des œuvres musicales de Camille Saint-Saëns dont vous avez les détails dans un autre article déjà paru. Concert à but caritatif auquel vous avez le devoir de participer bien sûr.
Le Théâtre embraie sur un gros projet de Ballets pour 6 représentations du Ballet du Capitole placé sous la férule de leur Directeur Kader Belarbi, projet intitulé Toiles Étoiles – Picasso et la danse, avec 3 Créations mondiales s’appuyant sur 3 rideaux de scène de Pablo Picasso : 1921 – 1924 – 1965 – 3 chorégraphes et 3 musiques. Rideaux et décors ont été réalisés d’après les œuvres originales. En suivant, Tablao (Cuadro Flamenco) puis Le Train bleu et enfin L’Après-midi d’un faune. C’est le second volet venant après le premier du cycle Picasso et la Danse qui s’appelait Les saltimbanques, donné la saison dernière malgré les conditions délicates. Fil rouge de ce travail, l’équivalence, manifeste pour Kader Belarbi, entre le langage chorégraphique et le langage pictural. Sachons que Picasso a créé une dizaine de rideaux de scène, et nombre de décors et costumes de théâtre.
Des articles détaillés sont à venir mais sachez que, dans la veine ténorisante, vous aurez droit à du haute-contre ou presque avec Mathias Vidal dans le rôle insensé de Platée, cet opéra de Rameau plutôt étourdissant (article à paraître). Contre-ténor à la direction, c’est Dominique Visse et Les Sacqueboutiers dans des pièces vocales et instrumentales du XVIIè. En récital, à l’autre extrémité de la tessiture, un ténor barytonant Michel Spyres. Le chanteur américain déploiera tous ses talents dans une ode à la prise de risque, comme on dit, le monsieur a toutes les audaces et a digéré, intelligemment, toutes les influences prodiguées par les “musicals“. Un mois plus tard, le clou est enfoncé un peu plus avec, non pas un mais deux ténors !! dont l’un a déjà, sur la scène du Théâtre, marqué les esprits, j’ai nommé Lawrence Brownlee. C’était dans le Turc en Italie. Ceux qui ont pu entendre l’été dernier le Carmina Burana, connaissent le second, Levy Sekgapane. Accompagnés au piano par Giulio Zappa, que vont-ils nous faire à tous les deux ?
Il n’y a pas que des ténors sur les scènes !! Victor Sicard, déjà entendu en récital, a pu assurer toutes les représentations de Moralès dans Carmen après avoir déjoué tous les pièges de l’ennemi invisible, un Moralès de fort bonne facture d’ailleurs. Et nous aurons un récital à ne pas manquer, celui de Marie Perbost qui nous a enchantés dans son rôle de Pamina et qu’ils nous tardent d’entendre à nouveau dans celui de la Folie dans ce Platée attendu avec grande impatience.
Il y aura un mois de mars recouvert de neige, si l’on peut dire, et qui méritera un article conséquent car nous serons russe, russe, russe jusqu’à la moelle des os. Avec le concert de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse mené par Tugan Sokhiev ou Dimitris Botinis. On trouvera quand même un peu de place encore sur l’agenda pour caser un concert Happy Hour dirigé par la cheffe chinoise Tianyi Lu et dédié au compositeur Otto Respighi, et un concert événement consacré à des musiques de films avec un orchestre dirigé par Bastien Stil. OUF !!!!!!
Ouf, qui ne veut pas dire, liste close car le Cycle Grands Interprètes nous la rallonge encore. On se doit de rajouter un récital musique de chambre à deux pianos avec le tandem Martha Argerich et Sergei Babayan dans un programme à tendance prorusse (Prokofiev) qui sera suivi d’un concert tout Beethoven. Andrés Orozco-Estrada dirigera le Wiener Symphoniker et la jeune violoniste norvégienne Vilde Frang. Et, toujours en mars, décidément, un plus qu’habitué du lieu, Chung viendra diriger le Philharmonique de Radio-France dans la N°3 de Beethoven et Nicholas Angelich dans le Concerto n°1 pour piano de Brahms. On vous le dit bien, mars va être très difficile à gérer. Et hélas, quelques doublons vont nous contrarier : abondance de biens……
LES CONCERTS A VENIR / FÉVRIER – MARS 2022