Après le portrait de Sébastien Gravouil, Culture 31, en partenariat avec Toner d’Encre, poursuit sa série de portraits sur les affichistes avec aujourd’hui anto.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je dois avouer que c’est la première fois que je me livre à ce genre d’exercice… Alors moi, c’est anto, et graphiste est le mot qui colle le mieux je pense à mon activité : il y a du dessin, de la photo, des textures, des bouts de chiffons, des mots… Et ça fait 18 ans que ça dure. Mais maintenant, j’écris, je photographie, je dessine, je navigue.
Je travaille pour des collectifs, associations, des compagnies. En étant passé par Mix’Art Myrys, j’ai eu l’occasion pendant 5 ans de baigner dans une culture mixée de tellement d’ingrédients, de rencontres, de projets, que j’ai rapidement participé à pleins d’images et j’ai pu me constituer un réseau sérieux dans le monde de la culture. J’ai même fait ma première intervention à Toulouse les Orgues, en mapping, avant de réellement travailler pour l’association.
Quel est votre parcours ?
Du dessin, depuis très tôt, enfin des crayons dans les mains. J’ai, il me semble, fait ma première affiche à 17 ans et mon premier montage pour une jaquette de cassette audio à 16 ans avec toutes mes maladresses d’époque et le mauvais goût que j’avais à cet âge-là, mais je descendais très souvent le soir à l’internat pour bricoler dessus. Puis les Beaux-arts à Pau, Fac d’arts plastiques à Toulouse jusqu’en licence. Puis un ami qui avait fait une école de communication me lance un peu le défi de monter un studio. Ça a marché un temps avec une vraie structure et des salariés, puis les choses avançant, les associés sont partis, et j’ai préféré aussi me mettre à mon compte. J’ai un peu glissé sur mon ancien réseau, puis les rencontres, quelques appels à projets m’ont ouvert d’autres portes. Je vais entamer ma sixième et dernière année avec Toulouse les Orgues et ça a été réellement très chouette pour moi de travailler avec l’équipe et d’avoir un peu de visibilité.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Un bout de mur défoncé, une affiche déchirée, une ruine, une usine abandonnée, un arbre cassé, une porte graphée… Tellement de petits riens où je m’attarde sur une texture, un rythme. Puis là, cela fait cinq ans que j’ai découvert la voile, donc la mer offre un nouvel Eldorado d’abandon total.
D’un point de vue des images, grand fan de bande dessinée, de Stefan Zsaitsits à Manu Larcenet, que ce soit Journal d’un corps ou Blast : j’aime les livres graphiques et les parcours de vie. Puis le cinéma n’est pas en reste même si je fréquente un peu moins les salles mais Jim Jarmuch, Michel Gondry, Ken Loach, Quentin Dupieux et bien d’autres nourrissent un peu mon univers à différents degrés.
Puis je n’oublie pas les artistes qui peignent des bouts de villes, comme MUTO.
Une anecdote sur une de vos créations ?
Oui j’en ai une, ma première affiche puisque j’en parlais un peu plus haut. Non seulement elle était un peu bancale au niveau composition, mais en plus j’étais un non-connaisseur en typographie. La fille que j’aimais bien, avait son père calligraphe, même réputé : c’était l’occasion de l’aborder, de bosser avec un pro. Le pauvre, j’ai dû bien l’enquiquiner avec du recul. Mais cette fille est devenue ma compagne pendant quelques années, et nous avons même eu une fille qui a 18 ans aujourd’hui. C’était une affiche pour pour la Semaine des Arts dans notre internat.
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Et la suite ?
Tout récemment, une amie s’est mise à la broderie dans un style particulier, puis on s’est dit qu’on pouvait écrire, dessiner aussi, sur des thèmes pas facile à aborder comme le sexisme ordinaire, le consentement, le viol, l’avortement, la contraception masculine et d’autres pistes. Ça commence à gribouiller et j’aime bien la direction que ça prend. À suivre, mais remettre la main sur des anciens dessins, des vieux petits mots, et de fouiller un peu, c’est déjà être un peu être en création.
À plus long terme, un voilier, le Corto Maltese, va sortir enfin de son chantier après un an de travaux où un projet militant et artistique se dessine depuis quelques temps.
Un grand merci à anto de s’être prêté à cet exercice !
Pour en savoir plus sur son travail, je vous invite à vous perdre sur son site : https://tonitons.wixsite.com/anto, dont sont extraites les différentes illustrations de ce portrait.
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