Compte rendu opéra ; Toulouse. ; Théâtre du Capitole, les 2 et 4 Juillet 2021 ; Richard Strauss (1864-1949) : Elektra ; Tragédie en un acte ; Livret de Hugo von Hofmannsthal ; Création le 25 janvier 1909 au Semperoper de Dresde ; Michel Fau, mise en scène ; Hernán Peñuela, scénographie ; Phil Meyer, sculpture et peinture ; Christian Lacroix, costumes ; Joel Fabing, lumières ; Ricarda Merbeth : Elektra ; Johanna Rusanen : Chrysothémis ; Violeta Urmana : Clytemnestre ; Matthias Goerne : Oreste ; Frank van Aken : Égisthe ; Sarah Kuffner : La Confidente, la Surveillante ; Svetlana Lifar, Première Servante ; Grace Durham, Deuxième Servante ; Yael Raanan-Vandor : Troisième Servante, La Porteuse de Traîne ; Axelle Fanyo : Quatrième Servante ; Marie-Laure Garnier : Cinquième Servante ; Valentin Thill : Un Jeune Serviteur ; Barnaby Rea, Le précepteur d’Oreste ; Thierry Vincent : Un vieux Serviteur ; Zena Baker, Mireille Bertrand, Catherine Alcoverro, Judith Paimblanc, Biljana Kova, Stéphanie Barreau : Six servantes ; Orchestre National du Capitole ; Chœur du Capitole, Alfonso Caiani direction; Frank Beermann, direction musicale
Cette réouverture à un spectacle lyrique complet était tant attendue que les chances de nous satisfaire étaient mises à rude épreuve. Mais le Capitole est une grande maison et avec toutes ses forces sous la direction avisée de Christophe Gristi elle a produit un chef d’œuvre, un spectacle total comme il arrive peu de fois dans une vie lyrique de la vivre. J’ai du voir deux fois ce spectacle pour en approcher la richesse et la complexité. Extraordinaire travail d’équipe. Mise en scène très aboutie de Michel Fau, entouré d’artistes merveilleux, distribution parfaite, orchestre somptueux et chef survolté.
Toute l' »affaire » Elektra est soumise à son père Agamemnon. Son lien morbide hystérique à son père est fatal on le sait. Jamais il n’a été si fortement maladif, car Elektra dans cette production porte une robe de mariée…
Toutes le photos sauf celle de la Statue dans l’escalier sont de Mirco Magliocca.
On voit sur cette photo le jeu extraordinaire de Riccarda Merbeth très expressive avec ses regards hallucinés . On voit également le grand corps malade et abattu après avoir été mutilé du Roi Agamemnon. Riccarda Merbeth EST ELEKTRA. Voix colossale, jeux expressifs, endurance , elle a tout.
Cette extraordinaire présence est due à l’art de Phil Meyer qui signe également le rideau de fond de scène. Une statue plus petite mais érigée accueillait, si l’on peut dire, les spectateurs au haut du grand escalier du Capitole.
L’ idée de cet Agamemnon qui prend toute la place physiquement permet de comprendre combien le monde intérieur d’Elektra est envahi.
Tous les autres personnages sont gênés par cette statue abattue mais si envahissante. Egisthe ira jusqu’à y trébucher dangereusement.
Les autres rôles sont distribués à la perfection.
La Chrisothémis de Johanna Rusanen est » HENORME » . Véritable sœur d’Elektra elle pourra en assumer le rôle bientôt. Voix puissante et charge expressive impressionnante.
La rivalité entre les sœurs en devient mortelle.
La terrible mère qui ne sait comment vivre après son crime est Violetta Urmana, dans une somptueuse robe rouge, elle vocifère, écarlate de colère et de honte.
L’affrontement Mère-fille est épouvantable à souhait
Le seul moment de tendresse en devient bouleversant par la présence si digne d’Oreste. C’est l’immense Matthias Goerne qui fait une prise de rôle magistrale.
Les costumes de Lacroix sont tous, comme espérés, absolument somptueux.
L’orchestre placé en fond de scène est d’une présence terrible mais la direction magistrale de Frank Beermann évite toute mise en danger des voix.
Aux saluts le dispositif complet :
Un spectacle magistral je vous dis.
Critique détaillée sur Classiquenews.com
Il sera possible d’écouter cette version historique sur France Musique.