À Toulouse, l’opéra « Pénélope » est donné au Théâtre du Capitole en version de concert, en ouverture d’un week-end dédié à Gabriel Fauré.
Donné en version de concert et pour piano, « Pénélope » ouvrira la programmation d’un week-end que le Théâtre du Capitole consacre à Gabriel Fauré. Fruit de quatre années de travail, ce poème lyrique méconnu a été créé en 1913, à l’Opéra de Monte Carlo, sur un livret de René Fauchois, inspiré d’Homère, qui relate comment la fidélité de l’héroïne est mise à l’épreuve dans l’attente du retour d’Ulysse à Ithaque. Ode à la fidélité conjugale, « Pénélope » décline les sentiments des deux protagonistes dans une grande sobriété orchestrale. Malgré les faiblesses du livret, cet ouvrage complexe et insaisissable donne à entendre le Fauré de la maturité, au sommet de son art. La partie raffinée de soprano montre ainsi à quel point le compositeur s’est plongé dans le drame intime du personnage. Déjà appréciée à Toulouse, notamment dans le rôle-titre d’ »Ariane à Naxos », la soprano Catherine Hunold (photo) retrouvera la scène du Théâtre du Capitole pour interpréter Pénélope, aux côtés du ténor Airam Hernández dans le rôle d’Ulysse.
Catherine Hunold © Cyril Cosson
La direction musicale sera assurée par la pianiste Anne Le Bozec. Selon cette dernière, « »Pénélope » est une sorte d’aboutissement de l’écriture musicale de Fauré. Il y creuse une manière qui n’est qu’à lui, toute de charme, de pudeur, d’émotion contenue… Tout son travail sur le texte est d’une finesse et d’une subtilité incroyables. Il a réellement ouvert une nouvelle voie mais étrangement, lui qui avait tellement de poids et d’influence sur ses contemporains et ses élèves, il fut le seul à creuser ce sillon esthétique. Mais il est vrai qu’il est lui-même allé tellement loin dans cette voie qu’il eût été difficile d’imaginer pouvoir la faire évoluer davantage… « Pénélope » est vraiment un aboutissement, à tous les sens du terme: aboutissement esthétique et musical, aboutissement dans la manière de traiter l’imbrication entre texte et musique, aboutissement d’un projet esthétique avec ce retour à l’antique, aboutissement de ce travail sur l’émotion qui cherche à se faire d’autant plus poignante qu’elle se dit avec une économie de moyens… C’est d’ailleurs ce dernier point qui justifie tout à fait qu’on joue « Pénélope » au piano. Certes, Fauré était un merveilleux orchestrateur : il a su trouver des coloris uniques, créant des atmosphères absolument nouvelles. Mais les couleurs de l’orchestre n’étaient jamais une fin en soi chez lui ! L’essentiel était dans l’harmonie, dans la subtilité d’un contre-chant, dans la conduite inattendue d’une mélodie… Et tout cela, le piano sait parfaitement le rendre. Et je suis persuadée que le côté intimiste du piano correspond autant au projet de Fauré que le grand orchestre symphonique…», prévient la pianiste.
Cette représentation unique de « Pénélope » sera suivie, toujours au Théâtre du Capitole, de trois concerts dédiés à la musique de Fauré. Un récital pour piano seul et deux programmes de mélodies seront «l’occasion d’approfondir notre connaissance de cet univers musical si particulier, et de mieux appréhender l’évolution de son art. Car la mélodie, de par sa brièveté même, permet de sentir comment, d’une mélodie à la suivante, d’un cycle à l’autre, Fauré évolue, se métamorphose. Toujours dans la douceur, sans rupture, sans cassure. C’est prodigieux de sentir cette évolution si ténue, si subtile, prendre corps dans le temps d’un récital», assure Anne Le Bozec.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros
Billetterie en ligne du Théâtre du Capitole
Théâtre du Capitole
Week-end Gabriel Fauré :
« Pénélope », vendredi 23 octobre, 18h00 ;
Nicolas Stavy (piano), samedi 24 octobre, 15h00 ;
Victoire Bunel (mezzo-soprano), Mathias Vidal (ténor) et Sarah Ristorcelli (piano),
samedi 24 octobre, 18h00 ;
Marc Mauillon (baryton) et Anne Le Bozec (piano), dimanche 25 octobre, 16h00.