Les secondes fois peuvent s’avérer périlleuses. Après la formidable surprise que fut Monsieur et Madame Adelman, Nicolas Bedos se savait attendu au tournant pour son second film en tant que réalisateur. Beau, touchant, émouvant et original, les superlatifs ne manquent pas pour qualifier La Belle Epoque et son casting XXL.
Dans quoi va t-on s’embarquer ? C’est la question que l’on peut se poser lors des dix premières minutes du film : loin d’écumer les clichés habituels et de pondre aussi vite que possible une intrigue déjà vu cent fois, Nicolas Bedos nous prend à revers le temps de poser le, ou plutôt les décors, dont il est énormément question dans ce film. En faire un résumé serait sommaire et réducteur, puisque l’essence même du travail de Nicolas n’a pas changé : présenter l’amour sous toutes ses formes. Oui, il y a ici un casting incroyable, de Guillaume Canet à Fanny Ardant en passant par Pierre Arditi et Daniel Auteuil. Et que dire, que dire de Doria Tillier ? Son sourire éclatait à la face du monde lorsqu’elle interprétait Sarah Adelman mais son interprétation laisse en ce 6 novembre 2019 une prestance et un confort que beaucoup peuvent lui envier. Réduire sa performance à son charme serait réducteur tant les sentiments et les émotions nous traversent de par son jeu.
Une fois qu’on a dit cela, on est loin d’avoir tout dit. Vous raconter l’histoire et ses rebondissements serait vain : chacun trouvera dans ce film une bonne raison d’aimer encore ou davantage. L’amour est y abordé sous plusieurs angles, plusieurs prismes et plusieurs formes : celui qu’on a manqué, celui dont on ne profite pas assez, celui qu’on regrette et celui qu’on aimerait vivre. Vivre, c’est précisément ce qu’on a envie de faire en sortant de ce film, Nicolas Bedos possède par son cinéma et ses personnages le don de nous rappeler que la vie est courte et qu’il est temps d’en faire quelque chose non pas d’utile mais d’agréable, avec qui vous semble et quand bon vous semble. Il va sans dire que les dialogues, punchlines et récits sont écrits merveilleusement bien et ne tombent pas dans l’erreur d’être servis en bloc.
Au delà de l’amour, c’est une réflexion et une vision sur de nombreux sujets de société qui sont abordés en filigrane : les relations familiales, l’engagement, la liberté dans son contexte amoureux et sociétal mais aussi et toujours : l’amour. Au milieu d’un cinéma français qui a parfois (trop) souvent tendance à créer des films pour regarder le nombril de ses acteurs, subsiste un éternel dialoguiste romantique qui en plus d’avoir de l’humour possède une vision qui s’adapte à chacun : comme l’aurait dit l’éternel Pierre Desproges: vivons heureux en attendant la mort.