« Ces Toulousains qui ont fait l’histoire », une galerie de cinquante toulousains et toulousaines. Le premier livre du journaliste Mathieu Arnal met en avant des personnalités, connues ou moins connues, qui ont chacun à leur manière, apporté un bout d’histoire à la ville rose. Il nous partage son aventure.
Parlez-nous un peu de vous ? Vous êtes un féru d’histoire ?
L’histoire m’a toujours porté oui. J’ai d’ailleurs dédié mon livre à mes parents et mes grands-parents, mais aussi et surtout à ma professeure d’histoire-géographie de terminale, car elle avait une façon assez singulière de raconter l’histoire.
Après mon bac, j’ai fait un deug ainsi qu’une licence d’histoire à l’Institut Catholique de Toulouse, puis un Master 1 d’histoire immédiate à Toulouse Jean Jaurès, avant de faire l’Ecole de Journalisme de Toulouse.
Donc effectivement, je peux dire que l’histoire me berce depuis longtemps, voire même depuis toujours.
Pourquoi cette initiative ? Comment ça a commencé ?
Ça a commencé de manière vraiment surprenante, je ne m’y attendais pas du tout. Tout débute en juin 2018, lors du dernier jour de la Comédie du livre à Montpellier, le salon du livre le plus important d’Occitanie. J’étais avec Santiago Mendieta, directeur de la publication de Gibraltar, un des journaux pour lequel je pige. Il connaissait bien Hubert Delobette, le directeur du Papillon Rouge Editeur, une petite maison d’édition basée dans le pays de Thau à trente kilomètres de Montpellier. Santiago nous a présenté, et il m’a parlé de ce projet d’écrire un ouvrage sur des toulousains célèbres. Trois jours après, il m’a recontacté, et c’est parti !
Un mot sur le livre en lui même, que contient-il ?
« Ces toulousains qui ont fait l’histoire » c’est donc cinquante portraits de toulousains et toulousaines. Cinquante personnalités parmi d’autres évidemment, car c’est un choix foncièrement subjectif et éditorial. J’ai donc essayé de brosser un panorama le plus éclectique possible. On y retrouve des sportifs, des artistes, des figures politiques, des gloires de l’aéronautique, etc… L’objectif est que les futurs lecteurs butinent les personnages qui les intéressent sans forcément lire tout le livre. C’est un ouvrage assez grand public finalement. L’intérêt est que tout le monde s’y retrouve selon ce que chacun aime. En plus, pour moi, l’histoire ce n’est pas que des têtes couronnées, des grands noms, c’est aussi des gens qui par leurs convictions, leurs parcours, ont fait l’histoire à leur manière.
Concernant les personnalités en elles même, il y a à la fois des figures incontournables comme Pierre Paul Riquet, Jean Jaurès, Dominique Baudis, Pierre de Fermat. Mais aussi d’autres assez méconnues, ou que nous connaissons uniquement par le biais d’institutions, de musées, de bibliothèques, d’artères qui portent leur nom. Je vais citer José Cabanis évidemment, qui a son nom à la grande Médiathèque. Je pense aussi à Armand Duportal, qui a un boulevard en son nom, et qui était un journaliste polémiste du XIXème siècle. Il s’est d’ailleurs longuement battu pour la liberté de la presse. Je pense aussi à Charles de Fitte, qui a ses allées dans le quartier Saint Cyprien et qui était lui, typographe à La Dépêche.
Comment avez-vous choisi ces cinquante personnes ? Qu’est-ce qui a fait penché la balance ?
Par leur parcours, par leur vie, par leur caractère, c’est surtout ce qui a fait penché la balance je pense. J’ai aussi fait par rapport aux sources que j’avais, car sur ces cinquante, il faut savoir qu’il y a malheureusement, une trop grande distorsion à mon goût entre les hommes et les femmes. Il y a trente-neuf hommes pour seulement onze femmes. J’aurais voulu évidemment évoquer davantage de personnalités féminines, comme par exemple Federica Montseny, première femme ministre d’Europe en Espagne, ministre de la santé et des affaires sociales mais aussi l’une des grandes figures de l’exil républicain espagnol, mais je n’avais pas assez pour faire un portrait digne de ce nom. Je n’ai donc malheureusement pas pu. Là aussi, c’est le reflet de l’histoire qui veut ça, car on sait très bien que l’histoire est avant tout un récit patriarcal dominé par les hommes.
Comment l’avez-vous réalisé ? Quelles ont été les différentes démarches ?
Beaucoup de recherche d’abord. Comme je l’ai écrit en neuf mois, j’avoue que j’ai pas mal fréquenté la Bibliothèque d’Etudes et du Patrimoine de Toulouse, qui est la grande bibliothèque municipale par excellence. En plus, en terme de documents, c’est l’endroit où il y a le plus de sources.
J’ai aussi rencontré des témoins ou descendants des personnalités du livre. Par exemple, j’ai parlé avec Christine Nengres, la fille de Lucien Vanel, le premier double étoilé de Toulouse, avant Michel Sarran. Je me suis aussi longuement entretenu avec Jean-Paul Gorce, et Guy-Claude de Rochemont qui ont bien connu Raymond Borde, le fondateur de la Cinémathèque de Toulouse.
Après, disons que sur les cinquante personnalités, j’avais déjà les grands traits de certains car j’ai écrit quelques portraits pour les pages histoire et patrimoine de Côté Toulouse.
Ensuite, j’ai croisé toutes mes sources, comme un bon journaliste qui se respecte. J’en croisais au moins quatre ou cinq avant d’écrire. Et pour la forme, je pars toujours d’un fait, d’une anecdote, pour que ce soit le plus honnête et factuel possible. Puis, j’ai voulu les rendre les plus attrayants possible, donc je les ai construit comme des nouvelles.
Si vous deviez choisir un top 3 ?
Armand Duportal en premier. C’est sûrement ma fibre journalistique qui parle. Dans le livre je l’appelle « Le Montecristo toulousain » parce qu’à chaque fois il réussit à sortir de situations abracadabrantesques. C’est un sacré bonhomme !
En second, je mettrais Jacqueline Auriol, j’aime beaucoup cette femme. Elle avait un caractère et une persévérance assez exceptionnelle. Au début des années 50, elle a un grave accident lors d’une démonstration aérienne, et pendant un an elle vit en vase clos, et subit d’importantes opérations. Elle réussit malgré tout à revenir à l’aviation, qui devient une véritable raison de vivre pour elle. Je l’aime beaucoup car après des années de souffrance, car elle a été complètement défigurée, elle est revenu du feu de Dieu. Elle a enchainé record du monde sur record du monde. Donc grande dame, très élégante, et sacré personnalité !
Et pour finir, François Verdier. Le Jean Moulin toulousain, le père de la Résistance à Toulouse. Je l’aime beaucoup car c’est un homme qui a tout donné pour ses idéaux, des idéaux de justice, de liberté, de démocratie. Il a été torturé, et au delà du fait que ce soit un héros de la Résistance, c’était aussi un humaniste. Il faisait partie de la Ligue des Droits de l’Homme. Il a aussi aidé les républicains espagnols. Et en prime, c’était aussi un patron qui faisait attention à ces salariés, c’était donc quelqu’un de très humain. Un jouisseur de la vie !
Qu’est-ce que ça fait de devenir auteur en plus de journaliste ?
C’est une nouvelle aventure, je découvre petit à petit ce monde de l’édition qui m’était totalement inconnu. Ça fait aussi une nouvelle expérience, que j’espère renouveler.
Je suis content car je ne m’attendais pas du tout à tous ces retours positifs, c’est que du bonheur ! Je pense aussi que ça tient au sujet du livre, c’est vrai que c’est quand même grand public, ça peut intéresser beaucoup de monde.
Y aura t-il une suite ?
Je vais continuer, ça oui. Une suite à ce livre, je ne sais pas… En revanche, j’ai un autre projet éditorial. Mais vous en saurez davantage en temps voulu ! Chaque chose en son temps.
© Arnaud Terrasson, Charles Shaettel, DR