Je ne suis pas tellement émotive ni réceptive quant au genre des comédies dramatiques contemporaines. Je saisis les ressorts désopilants, je peux rire, sourire, capter les tensions et le climax, avoir le coeur serré mais je ne me laisse pas souvent emporter à moins d’être face à un vrai drame. Un drame historique. Quelque chose de plus grand et de plus universel que les sentiments humains. On va dire que le film s’y prêtait, le moment aussi sans doute, les actrices évidemment ! « J’irai où tu iras » m’a emmenée là où il devait m’emmener et je suis sortie de la projection en totale et intense identification, prête à réparer mes torts et à aller crier des je t’aime à tout va …
« J’irai où tu iras » de Géraldine Nakache avec Géraldine Nakache, Leila Bekhti, Patrick Timsit et Pascale Arbillot
Vali et Mina, deux sœurs que tout oppose, éloignées par les épreuves de la vie. L’une est chanteuse, fan absolue de Céline Dion, rêveuse et émotive. L’autre est thérapeute, distante et rationnelle. Leur père finit par trouver l’occasion de les rassembler le temps d’un week-end : Vali a décroché une audition à Paris et c’est Mina qui va devoir l’y emmener malgré son mépris pour la passion de sa sœur. Une histoire de retrouvailles, une histoire d’amour entre deux sœurs, l’histoire d’une famille qui s’aime mais qui ne sait plus se le dire.
Une histoire de famille et de sororité donc, un film choral où les voix et les souvenirs des soeurs se confrontent et s’entrechoquent. Deux visions d’un même microcosme, celui de la famille, de ses failles et de ses mensonges. Une interrogation en creux sur les liens du sang. Doit-on forcément aimer sa soeur, son frère, ses parents juste parce que l’on partage une génétique ou quelques jolis souvenirs ?
Si les scènes sont parfois inégales, si la joie faussement candide – surjouée ? – et les scènes chantées prennent parfois le pas sur l’intensité dramatique du vrai sujet, on se laisse emballer, on se laisse aller jusqu’aux larmes et au plexus bloqué face à ces deux actrices au jeu plus vrai que nature.
Un film de filles ? Oui, peut-être … On a envie de se jurer amitié éternelle sur la tête de Céline Dion. C’est tentant !
Un film de famille ? A cent pour cent. On éprouve l’amitié authentique qui unit les deux actrices qui se retrouvent 9 ans après « Tout ce qui brille » et les émotions sur le fil. On sent l’ancrage des personnages secondaires qui pourraient ressembler à un père, un oncle – Patrick Timsit – ou à notre voisine folle – Pascale Arbillot.
Ce n’est pas un grand film en ce sens que l’intrigue peut s’oublier facilement, mais l’identification fonctionne à merveille et se poursuit en nous après la fin de la séance. On est là, on y est oui, on se reconnaît. On est Mina. On est Vali. On est la figure maternelle absente ou celle imaginée. On est ces filles qui grandissent sans mère. On est ce père que la tendresse guide.
Le spectateur fusionne avec les personnages, l’écran devient miroir …
Sortie en salle le 2 Octobre 2019