Laetitia Colombani publie son second roman, Les Victorieuses, aux éditions Grasset. Très attendue après le succès de La tresse, l’auteur ne déçoit pas.
Avec plus d’un million d’exemplaires vendus en France et traduite dans de nombreux pays, on comprendrait aisément si Laetitia Colombani avait eu le tournis pour se replonger dans l’écriture. On le sait, le challenge du second roman est souvent vertigineux. Surtout après un tel succès. Mais qu’à cela ne tienne, l’auteur s’est retroussée les manches et a relevé le défi. Après deux ans d’absence, on découvre enfin son second opus. La couverture colorée n’est pas sans rappeler celle du précédent. Quant au titre, il nous oriente vers la thématique, Les victorieuses. Laetitia Colombani aurait-elle à nouveau choisi de raconter le destin de femmes courageuses ? Ne reste plus qu’à succomber à la curiosité et découvrir cette nouvelle intrigue.
D’emblée, on ne se sent pas dépaysé. Tout est là, le phrasé, le style haletant, les personnages charismatiques, les questions existentielles. On retrouve ce qui avait déjà tant séduit dans La tresse. Mais cessons là toute comparaison pour apprécier le roman pour ce qu’il est.
Le Palais de la femme
Solène est avocate. 40 ans et une vie bien réglée. Sauf que tout n’est pas idéal et lorsque la goutte d’eau fait déborder le vase, Solène tombe à la renverse. C’est le burn-out. Plus rien de va, plus rien de l’intéresse. Sa vie n’est que déception. Sur les conseils de son médecin, elle se tourne vers le bénévolat. D’abord à contrecœur, elle finit par trouver une association qui cherche un écrivain public. Il s’agit du Palais de la femme. Cela l’intrigue.
Recueillir la parole
Solène débarque dans un milieu qu’elle méconnait, pire, qui la terrorise. Elle, qui a l’habitude de tout contrôler, perd soudain ses repères. Que peut-elle apporter à ces femmes ? se demande-t-elle. Solène découvre la vie du foyer, fait de petits riens et de grandes détresses. De méfiance aussi, car les femmes l’observent sans l’aborder. De part et autre, on se regarde en chiens de faïence. Solène veut fuir, se terrer dans son désespoir, mais elle reste. Alors les résidentes du Palais finissent par s’habituer à cette drôle de présence. Elles l’approchent, la toisent, et lui font des demandes saugrenues. A chaque nouvelle rencontre, on découvre un peu plus l’histoire de ces anonymes mais aussi le passé méconnu de la fondatrice du Palais : Blanche Peyron
Le combat de Blanche
Aujourd’hui totalement oubliée, la vie de Blanche Peyron est celle d’un combat admirable. Cheffe à l’armée du salut, la jeune Blanche ne possède pas grand-chose, mais est guidée par un déterminisme et une passion qui ne la détourneront jamais de sa mission première : porter secours aux exclues de la société. Blanche rencontre une femme avec un enfant en bas âge, seuls, affamés et sans toit. Elle se sent impuissante, elle ne peut pas le tolérer. Alors elle remuera ciel et terre pour offrir un toit à ces femmes-là qui errent dans Paris. Avec l’aide de son mari, elle cherchera un lieu, puis des financements, rien ne pourra la détourner de son projet. Celui de construire un Palais où les femmes seront à l’abri du danger.
Le nouveau roman de Laetitia Colombani possède une grande force littéraire et cinématographique. On imagine les décors, on ressent les émotions et on suit les multiples destins avec admiration et compassion. L’auteur puisse dans la force de ses personnages qui n’ont pas succombé, même face au pire. Il y a du courage, de la témérité, de l’espoir qui en font des éternelles victorieuses.
Laetitia Colombani, Les victorieuses, Grasset, 224 p.
Photo : Laeticia Colombani © Céline Nieszawer