Réflexions futiles, choses vues et souvenirs inspirés par la ville et ceux que l’on y croise.
Mercredi 11 juillet, 8 heures, dans La Compagnie française, où les employés procèdent à la mise en place de l’établissement, résonne Main dans la main d’Elli & Jacno. Bigre, je croyais être l’un des derniers à écouter cela dans l’Hexagone.
La veille, défilés de voitures klaxonnant dans la ville investie par une foule célébrant la qualification de l’équipe de France de football pour la finale de la Coupe du Monde. Combien de supporters de la vingt-cinquième ou de la trentième heure parmi eux ? Je songe à la phrase lue dans le beau livre de Grégory Protche Je suis né la même année que PSG : « On devient supporter dans la défaite. » Pas mécontent d’avoir assisté à la victoire des Bleus en Espagne, ce qui m’a permis d’échapper au défilé des Footix dans Toulouse.
Vingt ans avant, presque jour pour jour, le 12 juillet 1998, j’avais vu la finale France / Brésil chez Jérôme qui habitait alors rue des Lois. Mon ami préférait voir le match sur Canal tandis que je regrettais les commentaires de Jean-Michel Larqué et de Thierry Roland sur TF1. A la fin de la rencontre, je ne traînais pas afin de ne pas être pris dans les foules festives. Avant cela, le Stadium de Toulouse avait accueilli plusieurs matchs de la Coupe du Monde. Je me souviens de supporters japonais et argentins arpentant la place du Capitole avec des pancartes annonçant qu’ils cherchaient des places pour la rencontre opposant leurs nations respectives. Les tarifs au marché noir pouvaient s’élever à plusieurs milliers de francs. Les Japonais, m’avait-on dit, n’étaient pas les moins dispendieux et, de fait, les plus convoités par les revendeurs de billets. De leur côté, les fans anglais croisés dans des bars étaient impressionnants par leur bonne humeur et la vigueur de leurs chants même après la défaite face à la Roumanie. J’étais au Why Not Café deux ou trois heures après le match Yougoslavie / Pays-Bas qui vit, grâce aux prolongations, la victoire des Bataves. À un moment, Nicolas fit irruption avec un polo ou un tee-shirt signé au feutre par une partie de la sélection yougoslave au sein de laquelle s’illustraient Siniša Mihajlović, Dejan Savićević, la star du Real Predrag Mijatović, le vétéran Dragan Stojković ou le jeune Dejan Stanković. Les Yougoslaves oubliaient la défaite au Bar Basque voisin. J’étais déjà supporter de l’équipe de la République fédérale de Yougoslavie (déjà amputée de la Slovénie, la Macédoine, la Croatie et la Bosnie) qui deviendrait plus tard l’équipe de Serbie-et-Monténégro puis l’équipe de Serbie. Côté défaites, ils ont mis à l’épreuve ma ferveur supportrice avec une constance qui force l’admiration.
Ce que l’on craignait est arrivé. « Pourvu que les nouveaux propriétaires ne touchent pas au zinc ni au parquet en bois. Pitié : pas de déco post-néo-industrielle, de néons, de musique lounge… Architectes d’intérieur et apprentis décorateurs s’abstenir », écrivions-nous dans la précédente chronique à propos du restaurant La Belle équipe. Récemment, un communiqué de presse nous informait que la décoration du nouvel établissement, baptisé Le Confessionnal, avait été confiée à un architecte…
Mardi 31 juillet, dîner dans un restaurant qui a récemment ouvert. Pas mauvais, mais sans intérêt. Exactement d’ailleurs comme le restaurant installé précédemment à cette même adresse. En revanche, excellente musique. Du moins pour les amateurs de soul et de funk des années soixante-dix et quatre-vingt. Marvin Gaye, Patrice Rushen, Diana Ross, Chic, des connus et des moins connus : rien ne manquait. En même temps, on ne va pas au restaurant pour écouter de la musique. Sinon, on irait déjeuner ou dîner à La Compagnie française voir si les chansons d’Elli & Jacno passent aussi pendant le service…
Toutes les chroniques : Toulouse, d’hier à aujourd’hui