England is mine, un film de Mark Gill
Etrange mais fascinant biopic de celui qui va devenir le chanteur et parolier du groupe The Smiths aux côtés de Johnny Marr. Etrange car ce biopic s’arrête justement au moment où le chanteur rencontre le guitariste avec lequel il va former un duo culte dans les années 80.
Fascinant car il tente de pénétrer la psyché de ce jeune homme quasiment autiste, je dis bien quasiment, sûr et conscient de l’étendue de son talent au point de ne pas le proposer, l’offrir au monde qui l’entoure. Il attend son alter ego, ce sera Johnny Marr. A partir de là, nous connaissons la suite littéralement entrée dans la légende du rock. Pour l’heure, Mark Gill nous amène sur ses pas dans le Manchester des années 70/80, autrement dit dans les douloureux soubresauts économiques de l’ère thatchérienne.
Le réalisateur n’est pas ici, dans la crudité de son propos social, sans faire écho à Ken Loach. Ce qui n’est pas rien, écho que nous retrouvons dans le dépouillement apparent de ses plans, plus évocateurs que spectaculaires, somptueusement éclairés.
Le film est porté, coté comédien, par le jeune Jack Lowden (Steven Morrissey). Il possède étrangement cette allure un rien lunaire qui intrigue et attire tout autant. Celui qui va devenir Moz pour des millions de fans de par le monde est en train de naître, sous nos yeux, dans la douleur ? non pas vraiment, plutôt dans la certitude d’une destinée. Aujourd’hui proche de la soixantaine, Steven Morrissey continue une carrière en solo dans le monde entier. Rencontre avec une personnalité hors du commun assurément.
Robert Pénavayre
photo : Jack Lowden (Steven Morrissey)