First Aid Kit : cet été, Culture 31 dresse la liste des albums qui peuvent sauver une vie, à placer dans une trousse de voyage entre l’écran total, le sérum anti-venin et l’Alka-Seltzer.
Bill Evans appartient à cette famille de pianistes dont on reconnaît immédiatement le toucher. Quelque soit le répertoire, la période ou le nombre de pupitres qui l’entourent : on sait.
C’est une question de justesse, de sensibilité, de phrasé, et à cet égard, Conversations With Myself est sans conteste la huitième merveille du Monde.
Enregistré en 1963, c’est un projet qu’il a conçu pour le studio. Il s’y démultiplie lui-même par trois et la magie de l’overdubbing : jouant la piste principale, puis surimposant des improvisations pour chaque piste de gauche et de droite. Voici ce qui explique le titre.
L’album se compose de huit thèmes classiques sauf un. Pourtant, classique n’est pas un terme qui sied à Bill Evans, si ce n’est pour rappeler sa formation. Ainsi, quand Round Midnight ou Theme From Spartacus pourraient être une prolongation de l’œuvre de Debussy, N.Y C’s No Lark résonne des échos d’une Pavane Pour une Infante Défunte de Ravel.
C’est le jazz dans ce qu’il a de plus subtil et lettré, sans ostentation, et même, sans intellectualisation : en simple reflet de son interprète.
Mais si l’album est solo, Evans n’y est pas seul face à lui-même. Il est accompagné d’un piano dont il ne joue pas : il l’anime.
On pense alors à Carlo Collodi et à son conte Pinocchio : l’objet qui prend vie, ici réalisé.
Eva Kristina Mindszenti
Round Midnight
https://youtu.be/l9H83u1ZauE
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Spartacus Theme
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N.Y C’s No Lark
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