First Aid Kit : cet été, Culture 31 dresse la liste des albums qui peuvent sauver une vie, à placer dans une trousse de voyage entre l’écran total, le sérum anti-venin et l’Alka-Seltzer.
Françoise Hardy a dix-sept ans quand, en 1961, elle répond à une petite annonce publiée dans France-Soir : le label Pathé-Marconi recherche des artistes débutants. Un an plus tard, c’est pourtant chez Vogue qu’elle sort son premier album éponyme, rebaptisé par la suite Tous les Garçons et les Filles d’après son titre d’ouverture.
Par douze chansons de sa composition, elle invente un genre à elle toute seule : la légèreté profonde, ou peut-être l’inverse : la gravité gracieuse.
Tout étonne dans ce premier opus. Françoise Hardy interprète ses textes avec une douceur sans fragilité, d’une voix flûtée mais horizontale, à l’inverse des minauderies typiques des idoles yéyé de l’époque.
On ne sait ce qui impressionne le plus : cette pureté d’interprétation, ou la maturité d’écriture mélodique et littéraire, toutes trois au service d’histoires sentimentales matinées d’un humour flegmatique qui surprend, tant il réclame de lucidité.
Ici, tout est vrai, tout est vif, tout est juste. Ainsi, des chansons telles que « La fille avec toi », « J’ai jeté mon cœur » ou « Le temps de l’amour » semblent avoir été écrites précisément pour chaque auditeur, si habiles sont elles à cerner l’essence humaine commune à chaque expérience individuelle.
Mais il ne faut pas se leurrer, car c’est bien le don de l’adolescence que la jeune fille délivre: quand l’amour est ce qui compte le plus, l’absolu une exigence et que les mots « toujours » et « jamais » n’impressionnent pas encore.
Cinquante-cinq ans après sa sortie, le premier album de Françoise Hardy reste pour toujours, à jamais, un absolu éblouissement.
Eva Kristina Mindszenti
La fille avec toi
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Tous les garçons et les filles
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Le temps de l’amour
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