Macumba de Jean-Pierre Mader : vers l’Infini et au-delà
Conversations ouatées et lumières tamisées, tintement des pièces de monnaie en rez-de-chaussée. C’est ici que Jean-Pierre Mader donne ses rendez-vous : au bar du Sands Hotel, Las Vegas, Nevada. En ce premier jour d’avril, Culture 31 étudie la topographie de sa carrière en suivant l’itinéraire de son plus gros tube, Macumba.
En 1984, après la réussite de son titre Disparue, Jean-Pierre Mader ne se pose qu’une seule question : quelle suite lui donner ?
Ce premier 45 tours a été un gros succès de clubs, et le jeune toulousain passe en revue ses autres compositions dans l’idée que le bon tempo décidera de la bonne chanson.
C’est à ce moment que Richard Seff, son co-auteur, lui rappelle l’existence d’un titre écrit initialement pour Philippe Lavil : l’histoire d’une fille dansant au Macumba (et pas Oh ! Macumba), un bar pour marins de passages. Tous deux décident de le retravailler dans l’esprit de Disparue.
Une première version est enregistrée avec un arrangement pour cuivres. Ils la soumettent à Alain Puglia, PDG du label Flarenasch, qui a produit des artistes tels que Françoise Hardy ou Stevie Wonder.
Alain Puglia est déçu. Il trouve au titre une couleur trop latine. Cruellement, il préfère la démo. Les deux auteurs ne s’avouent pas vaincus. Au lieu de le retoucher à Londres, comme la plupart des artistes à l’époque, ils s’envolent pour Rimini et les bords de mer adriatiques. Arrivés au soir, ils entament dès le lendemain le remodelage de la chanson avec Roland Guillotel, Mario Flores et une équipe italienne.
Armé d’un titre renouvelé par l’utilisation des synthétiseurs, Mader tente de rejoindre à Paris dans une Europe paralysée par un épisode de froid sans précédent. Le retour tient de l’odyssée arctique, et c’est par une Venise étouffée de neige qu’il parvient à rejoindre les bureaux de Flarenasch.
Il présente à Alain Puglia un 45 tours ainsi qu’un maxi, intitulés Macumba. Le maxi est soumis au verdict des clubs où il obtient un succès immédiat. Mader se retrouve sur le plateau du Collaro Show où, déguisé en Bambi, il interprète la chanson pour la première fois. Quelques jours plus tard, le titre passe en rotation lourde sur toutes les radios.
Tube incontournable de 1985, Macumba se hissera à la troisième place du top 50 et restera vingt-trois semaines dans le classement. Vendu à 446000 exemplaires, elle connaîtra une quarantaine de versions. Ses réinterprétations se classeront au sommet des charts en Espagne et au Portugal.
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Symptôme de l’émergence d’une nouvelle scène toulousaine dans les années 80, Macumba et son interprète ont retrouvé la route lors de la tournée Stars 80, reprenant leur périple là où ils l’avaient laissé: vers l’Infini et au-delà.
Eva Kristina Mindszenti
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Rectificatifs : Quelques menues erreurs s’étant glissées dans cet article, nous nous empressons de les corriger :
Erratum n°1 : ce n’est pas au bar du Sands Hotel, Las Vegas, Nevada, que Jean-Pierre Mader donne ses rendez-vous, mais au Café Concorde, Toulouse, Haute-Garonne -élégance française oblige.
Erratum n°2 : Alain Puglia n’a pas pu produire Stevie Wonder, qui avait déjà signé chez Motown.
Erratum n°3 : sur le plateau du Collaro Show, Jean-Pierre Mader n’était pas déguisé en Bambi mais en zombie.
Erratum n°4 : Macumba n’a pas été vendu à 446000 exemplaires mais à 447000.
Parce que rien n’éclaire mieux nos vies que leurs bandes-sons, Culture 31 s’intéresse aux chansons qui ont marqué l’Histoire, la grande comme la petite.
Chapitre I : Gloomy Sunday (Szomorú Vasárnap) le chef-d’œuvre tragique de Rezső Seress
Chapitre II : My Way de Frank Sinatra
Chapitre III : Good Vibrations – The Beach Boys
Chapitre IV : I wanna be your man – The Rolling Stones / The Beatles
Chapitre V : Mission : Impossible par Lalo Schifrin
Chapitre VI : I Feel Love par Donna Summer
Chapitre VII : Let’s Dance de David Bowie