Christophe Ghristi est né en 1968. Normalien, il a été dramaturge au Théâtre du Capitole de 1994 à 2009. A l’Opéra de Paris, il a été ensuite directeur de la dramaturgie, de la communication, de l’édition et des services pédagogiques… Là, il a également été le Directeur de l’Amphithéâtre Bastille et de la série Convergences, où les plus grands artistes se sont produits. En outre, il a collaboré à de nombreux ouvrages sur la musique, à des enregistrements, des revues spécialisées etc… Il est Chevalier des Arts et Lettres et Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques
Christophe Ghristi, vous quittez le Théâtre du Capitole, dramaturge en 2009, et vous voilà de retour comme Directeur artistique de ce même Théâtre. L’aviez-vous rêvé en vous rasant un certain matin ?
Qui ne rêverait de diriger un tel théâtre ? Evidemment, j’y ai de nombreux souvenirs… Mais c’est avant tout pour ses possibilités fabuleuses que je me réjouis de diriger le Capitole. Son public le sait bien : c’est potentiellement un des meilleurs opéras d’Europe ! Je suis conscient de la responsabilité que la métropole de Toulouse me confie et je ferai tout pour en être digne.
Vous avez dû vous dire à un moment donné de votre travail, si je suis un jour Directeur d’une Maison d’opéra, c’est cet opéra, cet ouvrage que je dois programmer : lequel ?
Comment voulez-vous que je cite un seul opéra ? Il y a beaucoup d’œuvres géniales qui n’ont jamais été données au Capitole, ou qui n’y ont pas été données depuis longtemps, de Lohengrin à Norma, de Roussalka à la Ville morte… Un projet fou mais nécessaire, ce serait le Saint-François d’Assise de Messiaen… C’est assurément un chef-d’œuvre de l’opéra français, créé il y a plus de 30 ans, et qui n’a jamais été donné ici… En tous cas, vive l’éclectisme et n’ayons pas peur des découvertes ! Le tout, pour un directeur d’opéra, est de bien les accompagner.
J’ai été personnellement très virulent contre certaines mises en scène de Turandot ou de l’Italienne à Alger, données récemment, considérant que les responsables n’avaient finalement, au bilan, que mépris pour cette forme d’art. Accordez-vous une priorité sur scène, soit aux chanteurs, soit au chef, soit à la mise en scène ? ou bien cela dépend de l’ouvrage ?
Je suis très sensible à cette question et, comme tout amateur d’opéra, j’ai été affligé par certains spectacles que j’ai pu voir… Le rôle du directeur est justement de veiller au grain, et de ne pas avoir peur d’intervenir auprès d’un metteur en scène si l’intelligibilité ou l’intégrité de la pièce sont en jeu. Nous le devons aux auteurs comme au public. Et un metteur en scène n’a pas besoin d’aller contre l’œuvre pour trouver sa liberté et exercer sa fantaisie… Mais, entre nous, je ne pense pas avoir ce genre de souci avec les metteurs en scène que j’aime et que je souhaite inviter au Capitole.
Les maisons d’opéra ont à lutter contre l’offre à foison des retransmissions en salles de cinéma. Voyez-vous un ou des moyens pour lutter contre cette concurrence, ou est-ce simplement un complément à considérer ?
La concurrence est réelle, il ne faut pas se leurrer… Question de simplicité, question de prix… A nous de relever de défi et de parier sur l’humain et l’émotion directe ! Le Capitole peut s’enorgueillir de forces vives de très haut niveau, son Chœur, son Ballet, l’Orchestre… Il a aussi la chance inestimable d’avoir une salle à taille humaine, où vous pouvez voir chaque geste et chaque regard (sans être collé non plus au chanteur, ce qui me gêne souvent), où les voix et l’orchestre peuvent vous submerger… Et ça, aucune retransmission ne vous le donnera !
Michel Grialou
Biographie
En 2016, Christophe Ghristi est nommé dramaturge du Festival international de Colmar et conseiller artistique du Festival de Pâques de Colmar.
De 2009 à 2014, Christophe Ghristi est directeur de la dramaturgie (édition, communication, publicité et multimédia, 3 services pédagogiques, expositions) à l’Opéra national de Paris. Sa direction regroupe 30 personnes et des budgets importants. Il est le rédacteur en chef de la revue En scène et publie un grand nombre de programmes d’opéra. Sous sa direction, le site internet de l’Opéra de Paris devient le deuxième site d’opéra au monde, après celui du Metropolitan Opera de New York. Là, il est en contact avec les artistes importants de notre temps (metteurs en scène, chorégraphes, compositeurs, chefs d’orchestre et chanteurs) et les autres grandes maisons internationales d’opéra.
A son arrivée à l’Opéra, le directeur lui confie la direction artistique de l’Amphithéâtre, une salle de 500 places. Il conçoit pour elle une programmation spécifique, complémentaire des deux grandes salles, et parvient rapidement à lui donner une identité ainsi qu’un public régulier et enthousiaste. Il y créée notamment la série Convergences (2009–2015), consacrée à la musique vocale, la musique de chambre et l’opéra de chambre. Il y fait jouer des œuvres rares (La Chute de la maison Usher de Debussy, première version des Gurre-Lieder de Schönberg et Canticles de Britten en 2014-2015) et des compositeurs négligés : Lili Boulanger, Erich Wolfgang Korngold, Paul Hindemith, André Caplet, Darius Milhaud, Hugo Wolf, Gabriel Dupont, Alexandre Scriabine, Ottorino Respighi, Heitor Villa-Lobos…
Il y accueille les plus grands chanteurs d’aujourd’hui, tous séduits par le projet : Soile Isokoski, Christoph Prégardien, Michael Volle, Christian Gerhaher, Torsten Kerl, Annick Massis, Stéphane Degout, Sophie Koch, Karine Deshayes, Janina Baechle, Franz Josef Selig, Krassimira Stoyanova, Marie-Nicole Lemieux, Ricarda Merbeth, Angela Denoke, Bo Skovhus, Anna Caterina Antonacci…
Ainsi que les instrumentistes Elisabeth Leonskaja, Jean-Efflam Bavouzet, Nelson Goerner, François-Frédéric Guy, Bruno Canino, Nicolas Stavy, Bertrand Chamayou, Anne Le Bozec, David Grimal, Jérôme Pernoo, Marc Coppey, Antoine Tamestit, Jörg Widmann, les quatuors Danel, Aron, Diotima…
Et les comédiens Olivier Py, Marthe Keller, Françoise Fabian, Jacques Bonnaffé, Eric Génovèse… Rapidement, Convergences remporte un très grand succès public et la presse se fait l’écho de la renaissance de cette salle.
Dans le cadre des activités pédagogiques de l’Amphithéâtre, il est notamment à l’initiative de deux projets à la diffusion nationale : Siegfried et l’Anneau maudit, une version abrégée du Ring de Wagner donnée en 2013 et 2015 et en tournée dans de nombreux opéras français ; 14+18, spectacle réunissant quatre classes de quatre départements différents et coproduit avec l’Opéra national de Lorraine et l’Opéra de Reims. Pour ces projets notamment, il est en contact avec de nombreux mécènes (entreprises, particuliers).
Il se voit également confier la direction du Studio de l’Opéra de Paris, où il organise des cycles de conférences, colloques, projections. Ce lieu recueille également les manifestations de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris.
Il fait également partie du conseil d’administration de l’orchestre Les Dissonances (dir. David Grimal).
Auparavant, de 1995 à 2009, il est le dramaturge du Théâtre du Capitole de Toulouse. Là, il est notamment responsable des éditions (programmes, journal) et crée le premier site internet du Théâtre du Capitole. Il collabore avec les autres grandes institutions culturelles de la ville (musées, théâtres, cinémathèque, festivals) ainsi que les universités et grandes écoles.
Christophe Ghristi est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud (lettres modernes).
Il est chevalier dans l’ordre des palmes académiques et chevalier dans l’ordre des arts et des lettres.
Il parle anglais, allemand et italien.
Publications
Christophe Ghristi a écrit pour l’Opéra de Paris, le Théâtre du Capitole, le Théâtre du Châtelet, le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, le Festival d’Aix-en-Provence, l’Opéra du Rhin, le Théâtre des Champs-Elysées, le Festival de Pâques de Deauville, Harmonia Mundi, Alpha Classics etc.
Il a notamment dirigé les ouvrages suivants :
Le Ballet de l’Opéra de Paris, Albin Michel, 2013.
Verdi et Wagner à l’Opéra de Paris, Bibliothèque nationale de France, 2013.
La Belle Epoque de Massenet, Gourcuff, 2012.
Tragédiennes de l’Opéra, Albin Michel, 2011.
L’ère Liebermann, Gourcuff, 2010.
Régine Crespin, Actes Sud, 2010.
Il a conçu l’édition des lieder de Schubert par Matthias Goerne pour Harmonia Mundi.
Il a également écrit le livret de Akhmatova, un opéra en 3 actes de Bruno Mantovani, créé à l’Opéra de Paris en 2011.