Chaque mercredi, nous évoquons à travers une vidéo une chanson connue ou méconnue, revisitée ou immortalisée.
Johnny Cash (1932-2003) est de ces artistes dont la vie comme les chansons furent un perpétuel dialogue avec Dieu, le Christ, le péché et la rédemption. Il apprit la musique dans le livre de cantiques de sa mère en rêvant de devenir chanteur de gospel. Dès le milieu des années cinquante, le succès est au rendez-vous et Johnny Cash réalise son rêve d’enfant, mais en trempant les chants religieux du Sud de country et de rock. Il embrasse dans la foulée les excès de la «rock’n’roll attitude» : dépendance aux amphétamines et aux drogues, arrestations, tentative de suicide… 1968 est pour lui l’année de la renaissance, ponctuée par son divorce et son remariage avec June Carter – chanteuse avec laquelle il se produisait depuis des années tout en partageant une relation amoureuse. C’est aussi l’époque où il commence à chanter dans des prisons (Folsom, San Quentin) pour des concerts qui donneront lieu à des disques mémorables. À un représentant de la maison de disques s’inquiétant des éventuelles réactions négatives de son public chrétien devant ses prestations devant les pires criminels, Cash répondit «Alors, ce ne sont pas des chrétiens.» Imparable. L’artiste n’oublia jamais le pécheur qu’il avait été sans dissimuler la permanente tentation du Mal. Il mit en musique les mots de l’Apocalypse et de la première épître aux Corinthiens ou encore consacra une chanson au sang rédempteur du Christ.
.Au milieu des années 90, le grand producteur Rick Rubin procède à la résurrection artistique de celui que l’on surnommait «The Man In Black» et qui chantait : «Je porte le noir pour les pauvres et les humiliés, ceux qui vivent dans la ville affamée et sans espoir». Les deux hommes vont enregistrer une série d’albums (American Recordings : quatre volumes suivis de deux autres posthumes) d’une beauté et d’une force rares. Cash y interprète notamment des reprises de Sting, U2, Depeche Mode (Personal Jesus, bien sûr…), Simon & Garfunkel ou Sheryl Crow qu’il se réapproprie magistralement. Sur American IV : The Man Comes Around, sorti en 2002 peu avant sa mort, il donne sa version du Hurt de Nine Inch Nails. On ne se lasse pas de voir et de revoir la sublime vidéo réalisée par Mark Romanek (meilleur clip de tous les temps selon le New Musical Express). Un Johnny Cash, rongé par la maladie et au bout du rouleau, revisite sa vie. Des images d’archives retracent les tourments, les joies et les espérances d’une existence. June Carter et le Christ sur la croix veillent. Cette œuvre testamentaire et minimaliste (piano, guitare, voix) serre le cœur. Que l’on croit au ciel ou que l’on n’y croit pas, il est difficile de ne pas être touché par la grâce que distillent chaque parole, chaque note, chaque image.
Bonus : toujours dans les clips d’anthologie, celui de God’s Gonna Cut You Down, extrait de American V : A Hundred Highways, vaut le détour pour ses participants : Rick Rubin, Iggy Pop, Kanye West, Chris Martin, Kris Kristofferson, Patti Smith, Terrence Howard, Flea, Q-Tip, Adam Levine, Chris Rock, Justin Timberlake, Kate Moss, Sir Peter Blake, Sheryl Crow, Dennis Hopper, Woody Harrelson, Amy Lee, Tommy Lee, les Dixie Chicks, Mick Jones, Sharon Stone, Bono, Shelby Lynne, Anthony Kiedis, Travis Barker, Lisa Marie Presley, Kid Rock, Jay-Z, Keith Richards, Billy Gibbons, Corinne Bailey Rae, Johnny Depp, Graham Nash, Brian Wilson, Owen Wilson et Jerry Lee Lewis. Qui dit mieux ?
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