Le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse est sur le point d’entamer la treizième édition de son Festival international de danse contemporaine, à partir du 23 janvier jusqu’au 4 février. Le propos de l’édition 2017 tient au mouvement, et plus largement au déplacement humain et à l’exil. La danse contemporaine est un remarquable moyen d’aborder ces questionnements, dans le même temps vastes et brûlants, qui interrogent notre société. Elle est une discipline ouverte sur le monde et souvent le mouvement y explose.
Le contexte tragique de l’exil aujourd’hui, repensé par la danse contemporaine
Le déplacement, l’exil, l’exode, l’immigration, la guerre, sont autant de thèmes évoqués fréquemment dans les médias, aujourd’hui. Les images qui les illustrent sont toutes aussi nombreuses, souvent malheureuses, parfois insoutenables. Pourtant en saisit-on vraiment le sens et la portée ? Dans ce contexte, le CDC a décidé cette année lors de la nouvelle édition de son Festival international de danse contemporaine d’emprunter cette thématique du mouvement : décrire à la fois l’exil forcé par la guerre ou la détresse et le déplacement qui peut aussi être libre et naturel. Finalement, le thème du déplacement est inhérent à la danse : « Avec la danse contemporaine, on revient à l’essentiel, les corps. Il y a quelque chose d’assez direct avec les corps. On ne se raccroche pas à une histoire, on lâche prise, pour se sentir ému, autrement », selon l’équipe du CDC. Le message est identique, prendre conscience de ces flux humains ; la manière de faire passer ce message est différente.
Le Festival est une manifestation cosmopolite ; et de toutes les façons, la danse contemporaine est une économie organisée à l’échelle internationale. Les scènes africaines, européennes, asiatiques, pour ne citer qu’elles, sont des places fortes et riches de cet art. Par ailleurs, « La danse est un langage international, accessible à tous ». L’idée de ce festival est donc tout simplement d’apporter des regards divers, par des danseurs et chorégraphes internationaux : du Burkina Faso, du Congo, de Syrie, du Nigéria, de Grèce, d’Iran, de Belgique et d’Argentine, entre autres.
Le festival international du CDC offre en outre, des propositions variées et autant « de portes d’entrées » notamment pour les spectateurs qui ne sont pas coutumiers de la danse contemporaine. « Les gens qui ne sont pas habitués aux corps en mouvement, ils vont rentrer par une autre porte : la musique, la scénographie, la mise en scène, le sujet, … ». Le CDC souhaite donc à la fois garder cette exigence artistique forte avec des propositions bien pensées et travaillées mais aussi toucher plus largement, avec une diversité de spectacles.
Pour ce qui est de la programmation, elle est riche avec « nicht schlafen » d’Alain Platel, multiple, plutôt positive à l’image de « more more more… future » de Faustin Linyekula, festive comme « Africaman Original » de Qudus Onikeku, surprenante, documentée avec une conférence sur le thèmes des corps et des conflits, inspirée par les réalités médiatiques comme pour « Du Désir d’horizons » de Salia Sanou, ou encore imaginée,… De belles promesses !
Jérôme Gac nous en parle dans une de ses chroniques notamment.
Le programme à découvrir intégralement.
Noé Soulier, l’artiste associé, passionné par le mouvement
Le Centre de Développement Chorégraphique accueille aussi pour une durée de trois ans l’artiste associé, Noé Soulier. L’idée est alors de donner les moyens de production et de développement à ce jeune artiste prometteur, repéré par la précédente directrice Annie Bozzini. Pour le collectif du CDC, c’est une sorte de coup de cœur artistique : il a « déjà une réflexion sur la danse et l’art, qui est assez incroyable » et est à l’origine d’une œuvre protéiforme considérable, à l’âge de 30 ans à peine. Noé Soulier vient donc donner une certaine coloration aux activités du CDC et participe lui aussi au Festival avec « Removing ».
Le mouvement est son principal objet d’étude. Dans « Removing », il explore les gestes du quotidien pour en ôter la finalité utilitaire : évoquer la différence entre l’intention et l’action. Cette représentation fait également écho à l’essai qu’il a écrit, « Actions, Mouvements et gestes », qui expose la difficulté à laquelle il a été confronté, quant à la pluralité d’interprétations du geste et la perception personnelle du mouvement.
Le CDC, empli de nouveaux projets
Le CDC est un vrai laboratoire de la danse contemporaine : il apporte un véritable soutien à la création. Sa fondatrice Annie Bozzini en a quitté la direction cette année pour céder sa place à Corinne Gaillard. C’est donc un renouveau pour la structure qui souhaite résolument s’implanter à Toulouse et dans le quartier Saint-Cyprien. L’un des projets portés par la nouvelle direction est d’ailleurs de proposer en septembre prochain, un jour de la danse contemporaine dans les rues et places de Toulouse. Le CDC va également changer de nom prochainement pour adopter : Le CDC, la place de la danse.
Mais alors, quelle place occupe la danse contemporaine aujourd’hui à Toulouse ?
Le CDC œuvre depuis 20 ans maintenant pour le développement de cet art assez peu représenté à Toulouse. La médiation culturelle au sein de la structure s’intensifie dans les écoles, les collèges et les lycées, notamment. Le CDC propose également une formation professionnelle originale pour les interprètes, avec l’intervention de nombreux chorégraphes, un centre de documentation doté d’un millier d’ouvrages et ouvert à tous, ainsi qu’une dizaine de conférences programmées toute l’année. Reste que la danse contemporaine mérite une place notable au sein de la métropole toulousaine, dont le développement tient en grande partie au travail soutenu, du CDC.
Marjorie Lafon
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Festival international de danse contemporaine
Du 23 janvier au 4 février 2017
Centre de Développement Chorégraphique
5 avenue Etienne Billières 31 300 TOULOUSE
05 61 59 98 78