Durant plusieurs semaines, nous allons vous faire découvrir certains amateurs de photos, faisant partager leur expérience dans une communauté très active numériquement : les Instagramers, mis si souvent en lumière par @igerstoulouse. Utilisant l’application mobile Instagram (d’où leur nom), le but est de redécouvrir Toulouse par leurs yeux de photographes, mais aussi de découvrir plus en avant qui ils sont, et quels rapports ils entretiennent avec l’art, avec Toulouse et avec la vie même.
Pour établir un préambule à cet interview, nous remercions chaleureusement @igerstoulouse qui a accepté qu’un pont soit fait avec une de leurs chroniques hebdomadaires : la découverte du Dimanche. Le titre parle de lui-même, il a pour but de faire découvrir un compte par semaine grâce à quatre questions récurrentes. De fait, au travers de ce partenariat, certaines des introductions seront basées sur les réponses données à leur interview, à l’instar de celles données par @j.solal.
• Depuis combien de temps fais-tu de la photo ?
Mes premières sensations de photographie… c’était à l’âge de 5 ans avec mon premier polaroid 🙂 Puis je me suis acheté mon argentique à 15 ans. Depuis, je m’investis encore plus depuis 3 ans.
• Avec quoi prends tu tes photos ?
Un canon 600D en attendant mieux! Et parfois avec mon iPhone 4S.
• Avec quoi traites-tu tes photos ?
Avec Instagram seulement mais le plus subtilement possible.
• A Toulouse, quel est l’endroit que tu préfères ou qui t’inspires ?
Le carré Sainte-Ursule, la Bourse, rue de Metz, la Daurade et les Carmes côté Ozenne.
D.V: Beaucoup de tes photos sont des scènes de vie, mettant en avant les êtres vivants (Hommes ou animaux). Est-ce là ta source d’inspiration principale?
j.solal (J): Oui, j’aime photographier les gens comme on aime tous assister à une jolie scène de vie et ressentir une atmosphère particulière. Je n’ai pas trop de difficulté à voir ce que j’aime voir, la douceur des gens, leur élégance, la spontanéité des enfants, les gueules de cinéma, les esthétiques etc… il y a de la poésie partout ! Tout ça enveloppé par une belle lumière et un beau cadre ; c’est ce que je cherche ! J’aimerais pouvoir photographier tout ce que je perçois en clignant des yeux; du coup je fais souvent des photos volées de gens que je ne connais pas (pudiquement pour ne pas déranger) parce que j’imagine qu’ils apprécieraient avoir cette image d’eux ou savoir que quelqu’un, un jour, les a vus de cette manière.
D.V: On peut apercevoir notamment des photos de mariés dans ta collection. As-tu des ambitions particulières vis à vis de la photographie?
J: Oui, peut- être, mais à choisir pas du tout dans les mariages. J’ambitionne que mon œil plaise aux gens car ça m’encourage à progresser et c’est très agréable de rencontrer des gens qui apprécient mes photos ou qui s’y reconnaissent un peu. Si un jour je peux le faire professionnellement, j’aimerais que ce soit dans les univers que j’affectionne, qui me passionnent ou m’intéressent ; photographier des danseuses et danseurs de flamenco (autre expression artistique très intense pour moi), faire des couvertures de livres ou des affiches, travailler dans la mode ou la publicité et beaucoup d’autres choses… je suis loin d’y être et pouvoir y prétendre, mais j’avoue qu’en secret, j’aimerais beaucoup en vivre !
D.V: « Les temps sont durs pour les rêveurs » est ta phrase de description. Est-ce que tu penses que la photo permet de renouer avec le rêve?
J: Cette phrase est extraite du film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulin ». Prise seule, cette phrase veut dire que rêver est un acte de résistance qui, depuis toujours, et à plus forte raison aujourd’hui, est devenu indispensable pour que le monde change et s’améliore. Et puis aussi, plus philosophiquement, je pense que la photographie montre la vie telle qu’elle peut être et a le droit d’être ! En faisant un focus sur une lumière, un cadre ou un détail, on perçoit une réalité alternative, mais qui ne comptait pas avant que la photo ne la révèle. La photographie propose une réalité tout aussi subjective que les interprétations conscientes de la vie mais bien moins limitée. C’est Oscar Wilde qui a dit « La vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la vie ». La photographie permet de renouer avec le rêve en aidant nos yeux et nos esprits à croire en une plus belle réalité.
D.V: Tu voyages visiblement beaucoup. Est-ce que la différence de culture et de patrimoine (notamment entre les quatre villes citées dans ta description) t’inspire particulièrement? Par ailleurs, voyages-tu pour faire de la photo ou fais-tu des photos car tu voyages beaucoup?
J: Je ne voyage pas beaucoup ! Les quatre villes citées sur ma page sont les quatre villes dans lesquelles je vais le plus fréquemment depuis toujours et où, forcement, j’y prends le plus de photos ! Toulouse, où je suis né et où je vis, c’est la Florence du Sud-Ouest dit-on avec ses petites ruelles, ses briquettes orangées au soleil, les lumières folles des fins d’après-midi et l’art de vivre qui remplit les terrasses toute la journée, les berges de la Garonne, les petites places triangulaires du centre ville, les marchés et les hôtels particuliers … c’est une grande ville où la vie de quartier est très agréable à vivre et à photographier. Sète, c’est la ville de ma famille maternelle , île singulière, c’est une presque île avec un caractère unique, un mélange entre un village de pêcheur italien et Alger ; les joutes nautiques à la Saint Louis sont très impressionnantes à vivre et à photographier, le canal qui traverse le centre-ville, ainsi que le cimetière marin, le théâtre de la mer à ciel ouvert où le public est entièrement tourné vers la mer, le mont Saint Clair plein de ses villas et pins parasols et la corniche de Brassens bien sûr. A Platja d’Aro, j’aime photographier la mer qui scintille, le littoral entre Platja d’Aro et Palamos qui est un long, étroit et sinueux chemin pratiqué par de véritables pirates il y a longtemps et qui sert aujourd’hui quelques criques paradisiaques. Il y a aussi là-bas les maisons blanches agrémentées de lauriers roses, de pins parasols immenses et biscornus, de bougainvilliers etc…en somme, la Méditerranée. J’y photographie plus la nature que les scènes de vie vous l’aurez compris. Et puis enfin, Paris où j’adore marcher toute la journée et capter ce que j’aime de cette ville, pleine de gens du monde entier tous convertis à l’esprit parisien pour le meilleur et pour le pire ! Je fuis les endroits touristiques et j’explore toutes les rues possibles, pousse toutes les portes ouvertes, pour accéder a des lieux cachés et insolites. A Paris, je photographie tout en sachant que je rate forcement des choses incroyables derrière moi pendant que je photographie devant. J’y adore les passages, les squares, les parisiennes, les terrasses, les bistrots, le métro Lamarck, les scènes de vie y sont infinies et je languis d’y retourner bientôt ! Je prends des photos là où je vais, contrairement à Paris où je vais presque pour faire des photos.
D.V: Tu connais sans doute les communautés igers (à l’instar de @igerstoulouse). Que penses-tu qu’ils puissent apporter au sein de la communautés de photographes amateurs sur Instagram?
J: Oui, et pour ne parler que de celle que je connais, à savoir @igerstoulouse, je trouve leurs initiatives et leur investissement personnel essentiels. Les sorties photos en groupe, les défis photos sur des thèmes variés, les concours contre les autres villes, la mise en valeur de leurs coups de cœur, les encouragements que procurent leurs commentaires et leur assiduité dynamisent dans le bon sens ce que j’aime sur Instagram. De ce que je perçois, ils participent aussi grandement à la mise en valeur de notre région et mériteraient d’être sérieusement considérés par l’office du tourisme, conseils général et régional ! A titre personnel, pour les photographes amateurs d’Instagram, c’est leur bienveillance et l’esprit de « bande de copains » qui me séduit et me donne envie d’en être et de participer à leurs projets.
D.V: Enfin, pourquoi la photographie?
J: La photographie parce qu’elle fixe le temps, les souvenirs, la beauté, elle révèle les sentiments, les ressentis, parce qu’elle exprime ce qu’on ne peut pas dire ou écrire parfois… En arrêtant le temps, on prend le temps et on comprend mieux ! Puis c’est plus facile de prendre une photo que de peindre un tableau J ( Edward hooper, Jeremy Mann)
Merci beaucoup à j.solal pour toutes ses réponses, qui montrent parfaitement l’aspect philosophique intrinsèque à l’art photographique. Philosophie que l’on retrouve dans ses clichés, que vous pouvez retrouver en intégralité sur son compte, en cliquant sur l’image ci-dessous:
On se retrouve d’ici quelques jours pour un nouveau portrait, le temps pour vous de visiter tous ces comptes originaux, et bien mis en valeur par @igerstoulouse. D’ici là, restez curieux!
David Vacher
Portraits d’Instagramers #1 : @Coralietlse