Le film retrace, via des interviews et des reconstitutions, les 50 ans de carrière du célèbre couple de tango argentin, Juan Carlos Copes et Maria Nieves, et parle de l’incommunicabilité et de l’inégalité des rapports amoureux.
Maupassant disait : « Voyez-vous quelque soit l’amour qui les soude l’un à l’autre, l’homme et la femme sont toujours étrangers d’âme, d’intelligence ; ils restent deux belligérants ; ils sont d’une race différente. »*
Les relations amoureuses tumultueuses de ce couple hors norme ne trouvent pas d’issue prenant même un tour tragique. Juan Carlos Copes, macho convaincu, dit de Maria Nieves : « C’est elle qui m’appartenait, pas moi ! « Pour lui, elle est un instrument, son « stradivarius », « l’Unique », oubliant de reconnaître dans la résonance particulière de la danseuse, la part de sensibilité de la femme amoureuse. Au point aveugle du machisme, incapable de se voir à l’origine de la souffrance de l’autre, Juan Carlos Copes ne comprend pas les sacrifices de Maria Nieves. Pris au piège de leur relation, il manque de se tuer en se poignardant.
Mais le tango permet de sublimer toutes les passions. Les émotions deviennent des pas de danse. Malgré leurs disputes, leur ressentiment, leur séparation, ils restent un couple de danse. De la même manière qu’ils sont capables de danser sur une table, leur tango devient cet espace défini où leur couple magnifique tient encore.
Ultimo Tango est un documentaire, une histoire vraie et pourtant cela pourrait être une fiction, l’histoire mythique d’amour/haine du tango éternel.Combat au point de rencontre des contraires, cette danse est une discussion infinie sur le dialogue de sourds des rapports amoureux. Le tout via une communication fine, une proximité véritable.
Maria et Juan Carlos tous les deux âgés de plus de 80 ans n’envisagent par leur vie sans tango, cette danse, à l’origine distraction des pauvres, qui donne une dignité au présent.
*La Bûche, 1882.