C’est pour lundi 18 janvier, 20h. Encore un grand soir dans le cadre du Cycle Grands Interprètes. La formation de Gidon Kremer entoure notre pianiste argentine si appréciée à Toulouse. Un fervent admirateur a écrit : «Derrière ce piano de vertiges et d’envoûtements, le jeu est unique, mélange d’érotisme et de mysticisme. » ou encore : « Qui l’a vu jouer sait à quel point le corps participe, s’implique, se donne. Concentration extrême qui s’efface dès qu’elle attaque. Ne reste alors qu’une jouissance proprement physique, course réglée du félin dont on ne peut entendre ni le pas ni la griffe.»
Le programme, obligatoirement original, vous mettra en condition pour le bouquet final, à savoir le Concerto pour piano n°2 de Beethoven, son préféré.
Le détail du programme qui vous attend :
Felix Mendelssohn [1809-1847]
Symphonie pour orchestre à cordes n°7, en ré mineur
Piotr Ilitch Tchaïkovski / Alexander Raskatov [1840-1893] / [1953]
Les Saisons : arrangement orchestral d’Alexander Raskatov
Entr’acte ~ 20 mn
Robert Schumann / Friedrich Hermann [1810-1856] / [1827-1907]
Images d’Orient, opus 66
Transcription de Friedrich Hermann pour orchestre à cordes
Ludwig van Beethoven [1770-1827]
Concerto pour piano n°2, en si bémol majeur, opus 19
C’est, paraît-il, son concerto préféré de Beethoven. Gageons qu’il sera, à n’en pas douter l’illustration parfaite de ces quelques propos d’un admirateur sans failles : « Mais, avant la technique et la musique, c’est la sonorité qui saisit l’oreille. Ce tango tragique et désinvolte que dansent ensemble la note courte et son halo – Argerich passe pour une pianiste “rapide“ -,la lumière et son ombre. Ce dosage exact quoique sans calcul de la matière, son aspect fuligineux, faussement éthéré (le son Argerich a toujours du “poids“), des traits virtuoses où n’affleure aucune crispation. Ce timbre projeté mais sans point d’impact, ouvert, rayonnant. »
Quand on demande à Ivry Giltis, légende vivante du violon, un des partenaires préférés de Martha, ce qu’elle est pour lui, il répond : « Un des derniers piliers du monde. Jascha Heifetz disait : « I am a survival. », c’est-à-dire pas un survivant, mais une survivance. Quelqu’un d’unique et dont la trace demeure. Comme ces flaques de pluie après l’orage qui sont le seul témoin de ce qui vient de se passer. Elle est elle, et les autres ne le sont pas. Il y a eu Heifetz et les autres, Horowitz et les autres. Aujourd’hui, il y a Martha et les autres. »
Née à Buenos Aires, Martha Argerich étudie le piano dès l’âge de cinq ans avec Vincenzo Scaramuzza. Considérée comme une enfant prodige, elle se produit très tôt sur scène. Premier concert à tout juste 5 ans.
En 1955, elle se rend en Europe avec ses parents diplomates et étudie à Londres, Vienne et en Suisse avec Bruno Seidlhofer, Friedrich Gulda, Nikita Magaloff, Madame Lipatti et Stefan Askenase.
En 1957, Martha Argerich remporte les Premiers Prix des concours de Bolzano et de Genève, puis en 1965 le concours Chopin à Varsovie (premier prix, prix du public, prix de la meilleure interprétation des Mazurkas). Dès lors, sa carrière n’est qu’une succession de triomphes.
Si son tempérament la porte vers les œuvres de virtuosité des 19ème et 20ème siècles, elle refuse de se considérer comme spécialiste. Son répertoire est très étendu et comprend aussi bien Bach que Bartók, Beethoven, Schumann, Chopin, Liszt, Debussy, Ravel, Franck, Prokofiev, Stravinski, Chostakovitch, Tchaïkovski, Messiaen.
Invitée permanente des plus prestigieux orchestres et festivals d’Europe, du Japon et d’Amérique, elle privilégie aussi la musique de chambre. Elle maîtrise une impressionnante quantité d’œuvres chambristes, beaucoup plus que la plupart de ses confrères. Elle joue et enregistre régulièrement avec Nelson Freire, Alexandre Rabinovitch, Mischa Maisky, Gidon Kremer, Daniel Barenboim.
En 1998 elle devient directeur artistique du Beppu Festival au Japon, elle crée en 1999 le Concours International de Piano ainsi que le Festival Martha Argerich à Buenos Aires et en 2002 le « Progetto Martha Argerich » à Lugano. Un grand nombre de ses concerts ont été retransmis par les télévisions du monde entier. Martha Argerich a enregistré chez EMI, Sony, Philips, Teldec et DGG. Dernière parution : les Concertos de Mozart K.466 et K.503 avec l’Orchestra Mozart et Claudio Abbado (Deutsche Grammophon).
Dans une conversation à brûle-pourpoint, elle a dit de l’orchestre qui l’a précédé, ici à la Halle, il y a quelques jours : « Ces choses des banlieues en France démontrent l’importance du projet d’orchestre de jeunes monté au Venezuela pour lutter contre la délinquance par José Antonio Abreu, et dirigé depuis par Gustavo Dudamel. C’est important d’être quelqu’un… Mettre le feu à une voiture, c’est pour vouloir être quelqu’un, non ? J’ai joué à Caracas avec cet orchestre. Il y a un jeune clarinettiste avec une cicatrice qui était très violent avant d’entrer dans l’orchestre. Il m’a dit « Je n’ai plus besoin d’arme, j’ai ma clarinette. »
Kremerata Baltica et son Directeur artistique – Gidon Kremer
En 1997, le légendaire festival autrichien de musique de chambre Lockenhaus est le témoin privilégié d’une petite révolution lorsque le violoniste Gidon Kremer y présente sa nouvelle formation d’orchestre, Kremerata Baltica. Conquérant un public averti, cet ensemble insuffle au festival un vent de renouveau grâce à l’exubérance, à l’énergie et au plaisir des 23 jeunes musiciens talentueux qui le composent.
Kremerata Baltica, un projet éducatif avec une vision à long terme, tel est le cadeau que Gidon Kremer s’est offert pour son 50ème anniversaire : une façon de transmettre sa sagesse et son expérience à de jeunes musiciens des Pays Baltes.
Ce groupe prend une importance considérable en quelques années seulement, devenant l’un des meilleurs orchestres de chambre au monde, et affirmant sa réputation dans les plus grandes salles de concert internationales.
Kremerata Baltica a joué ces 15 dernières années dans plus de 50 pays, se produisant dans 600 villes et donnant plus de 1000 concerts à travers le monde, accompagnant les plus grands solistes, et dirigés par les plus grands chefs. Kremerata Baltica a fondé son propre festival à Sigulda en Lettonie en 2003, soutenu par les gouvernements des trois pays baltes, d’où ses musiciens sont originaires – la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie.
L’essentiel de la personnalité artistique de Kremerata Baltica réside dans son approche créative de la programmation qui va bien au-delà du courant dominant et qui a donné lieu à de nombreuses premières mondiales d’œuvres de compositeurs tels que Arvo Pärt, Giya Kancheli, Peteris Vasks, Leonid Desyatnikov et Alexander Raskatov.
Leur large répertoire, choisi avec soin, est présenté dans de nombreux enregistrements CD tels que Huit Saisons, quelques concertos de Vivaldi avec les Suites Argentines de Piazzolla ou encore des compositions contemporaines de Arvo Pärt, Philip Glass et Vladimir Martynov. Après Mozart – une étude du 21ème siècle sur le compositeur – a remporté un très convoité Grammy Award, tandis que les Cinq Concertos pour Violon étaient enregistrés en live au Festival de Salzbourg en 2006, pour les 200 ans du compositeur. Un autre enregistrement de Mozart (Concertos n°20 et 27) par Evgeny Kissin est également disponible. Plus récemment sont sortis chez le label Nonesuch De Profundis et Hymnes et Prières avec Gidon Kremer, ou encore L’Art de l’Instrumentation : Hommage à Glenn Gould (sorti en septembre 2012 pour les 80 ans de Glenn Gould).
Leur enregistrement “Mieczyslaw Weinberg”, sortit en janvier 2014 a été nominé au Grammy Awards et a été salué par les professionnels de la musique. Enregistré avec Gidon Kremer, à Neuhardenberg et Lockenhaus en 2012 et 2013, cet album confirme les dires de Shostakovich que Weinberg était l’un des plus grands compositeurs de son époque.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Martha Argerich (piano)
Kremerata Baltica
lundi 18 janvier 2016 à 20h00
Halle aux Grains
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