La diva assoluta nous revient, et le moins qu’on puisse dire, c’est en très grande forme. Ceux qui connaissent déjà le contenu du récital qui fait référence en partie au dernier CD sorti vous diront que c’est même de la très grande forme, avec toujours, pureté dans la ligne et absence de dureté dans l’extrême aigu, ce qui a pu inquiéter un moment. Captivante de bout en bout, le timbre est toujours aussi accrocheur, le sens des nuances aussi exceptionnel – beaucoup imitée, jamais égalée -, les vocalises émises un peu moins dans le style Kalachnikov AK-12, et, cerise sur le gâteau, un attachement permanent, quasi viscéral à ce que l’on peut appeler le bien dire, une denrée rare, et même absente chez certains chanteur(e)s pourtant réputés. Par rapport aux deux derniers CD Mission ou Sacrificium, quelques exagérations dans effets et maniérismes sont fort judicieusement bien atténuées.
En un mot, choc assuré avec ce qui vous attend car, Cecilia Bartoli sera là, devant vous, un atout supplémentaire, on le sait. De plus, non pas avec un orchestre simplement accompagnateur, mais avec un orchestre, I Barocchisti et un chef, Diego Fasolis, véritables partenaires se hissant au niveau de la diva dans toutes leurs interventions, solistes ou non.
Nombreux seront les airs, illustrations typiques de son génie, car par sa seule voix, elle peut créer une atmosphère, un décor, et un drame en disant un texte en vrai comédienne avec une évidence et une immédiateté rares. Mais, il est manifeste que Cecilia Bartoli fait partie de ces artistes dont le support audio se révèle insuffisant car en plus des multiples qualités reconnues de la voix, c’est aussi toute sa personne qui exprime, donne couleurs et consistance aux mots. Réelle, humaine, grande, simple, d’une plénitude totale, l’artiste incontestée fascine et impose le respect. De par son authenticité, elle tisse avec le public des liens privilégiés, rendant la nécessité du concert incontournable. La symbiose artiste-public est imparable. La très grande exigence vis-à-vis d’abord d’elle-même, le désir manifeste de toujours donner le meilleur, cette curiosité insatiable, tout cela transpire et vous galvanise.
Une technique invraisemblable sur tous les registres lui permet de vous asséner des coloratures les plus ébouriffantes avec le sourire le plus désarmant, la diva semblant vous chuchoter à l’oreille : « Voyez comme c’est facile ! », toute heureuse de pouvoir monter et descendre les gammes sans aucun effort apparent. Car, on est bien d’accord, nous ne sommes pas là pour juger des paroles de telle ou telle aria. On sait très bien que c’est rarement de la grande littérature. Ce qui nous fait vibrer, c’est l’art du chant, et ce soir, c’est l’art du chant baroque dont Cecilia Bartoli est bien l’une de ses plus grandes ambassadrices. Sans oublier pour autant qu’il n’y a pas que des vocalises, et qu’elle est tout aussi captivante dans la beauté élégiaque d’une cantilène, d’un lamento, beauté magnifiée par une voix chaude au souffle infini.
On résiste difficilement à ne pas vous citer ces quelques lignes suite à sa prestation sur scène, récemment, dans un opéra rossinien : « …la Bartoli hypnotise dans le rôle, bouleverse à la moindre de ses interventions, articule chaque vocalise avec aisance, panache et justesse dramatique, chante le moindre mot avec une musicalité unique, engagée corps et âme, prouvant là qu’elle n’est pas uniquement une déesse à récitals mais une tragédienne accomplie.… »
Comme à l’accoutumée puisque reposant sur le même principe, à savoir, un nouveau CD et une grande tournée promotionnelle, le support en partie de ce récital, ce sont des premières mondiales jetant un éclairage passionnant sur l’activité lyrique dans l’Empire des tsars entre 1736 et 1788. Encore un programme dont personne, à ce qu’il me semble, n’a eu l’idée. “Bosseuse“ acharnée, avide de nouveautés, la cantatrice ressuscite les noms d’Araia, Raupach, restés jusqu’à présent dans l’ombre. Un vrai travail encore de musicologue, un de plus. Mais, ce n’est pas tout. Vous aurez aussi un véritable panorama puisque la première partie du concert s’appuie essentiellement sur des airs de Vivaldi qui, ne l’oublions pas, fut le compositeur qui lui value le plus grand succès discographique de tous les temps pour de la musique dite classique. C’était l’album Viva Vivaldi !! D’où, l’intitulé du concert, De Venise à Saint-Pétersbourg.
Bio de Bartoli si vous souhaitez en savoir un peu plus
Les critiques cherchent de nouvelles métaphores car leur lexique habituel ne suffit plus. On dit qu’un « nid de rossignols » est logé dans sa gorge ou encore qu’on ne peut lui faire que des «déclarations d’amour»… Le phénomène Bartoli ne peut se réduire ni à des mots ni à des faits ou des chiffres même si ces derniers témoignent, de leur côté, du nombre – sans cesse grandissant – de personnes touchées par son chant. Cecilia Bartoli a vendu, à l’échelle mondiale, plus de 10 millions de d’enregistrements audio et vidéo. Elle est, l’artiste classique vivante qui a le plus de succès. Ses enregistrements sont régulièrement récompensés par des disques d’or ou de platine. Cecilia Bartoli est ainsi l’une des artistes les plus populaires de notre temps. Ce succès ne s’accompagne d’aucune volonté de popularisation outrancière. Pour Cecilia Bartoli, la notion de « crossover » est toute autre ; elle invite le public à venir à elle, à la rejoindre pour partager sa passion et sa curiosité. Elle ne cesse de défricher de nouveaux territoires, transformant ses projets musicaux aux thématiques bien structurées, en succès planétaires. La cantatrice a entre autres été récompensée pour ses enregistrements par cinq Grammys aux Etats-Unis, douze Echo Klassik en Allemagne, deux Classical Brit Awards en Angleterre, une Victoire de la Musique en France, le Prix Caecilia en Belgique et le Edison Award aux Pays-Bas. Lors de ses concerts, Cecilia Bartoli présente toujours des programmes spécifiquement élaborés qui visent à faire redécouvrir un répertoire oublié. Au cours de ces dernières années, elle a su s’entourer dans ses recherches des meilleurs ensembles de musique ancienne : l’Akademie für Alte Musik de Berlin, Les Arts Florissants, I Barocchisti, le Concentus Musicus de Vienne, le Freiburger Barockorchester, Il Giardino Armonico, le Kammerorchester de Bâle, l’Ensemble Matheus, Les Musiciens du Louvre, l’Orchestra of the Age of Enlightenment et l’Orchester La Scintilla de Zürich. Cecilia Bartoli se produit également avec les meilleurs orchestres symphoniques du monde tout en maintenant l’accent sur les projets artistiques qu’elle développe. On peut citer comme exemple significatif les programmes qu’elle a élaborés et réalisés avec le Philharmonique de Vienne. En 2012 Cecilia Bartoli a été nommée Directrice Artistique du Festival de la Pentecôte à Salzbourg. Sa capacité d’unir son art à un concept fort, et d’envisager la créativité à partir d’un contexte clairement identifié a trouvé dans la programmation du Festival un terrain idéal d’expression. Cecilia Bartoli est la première femme qui occupe un poste aussi important pour la vie culturelle internationale. Son contrat à Salzbourg a été prolongé jusqu’en 2021. Le Festival de Salzbourg est par ailleurs devenu crucial dans ses activités d’artiste lyrique. En 2013 elle fait une prise de rôle sensationnelle dans Norma de Bellini marquant un jalon important de sa carrière. En 2014 elle chante La Cenerentola de Rossini, un rôle dans lequel elle a triomphé dans le monde entier depuis de nombreuses années. En 2015 elle interprète pour la première fois le rôle titre d’Iphigénie en Tauride de Gluck. Elle s’est également produite au cours de sa carrière dans des opéras aussi prestigieux que le Metropolitan Opera de New York, le Royal Opera House de Londres, la Scala de Milan, le Bayerische Staatsoper de Munich, l’ Opernhaus de Zürich et le Théâtre des Champs-Elysées. Cecilia Bartoli a fait ses débuts à 19 ans dans le Barbiere di Siviglia dans sa ville natale de Rome mais dix ans auparavant, alors âgée de neuf ans, elle chantait déjà sur la scène romaine le pastorello dans Tosca de Puccini.
Son enfance a été baignée de musique. Ses deux parents étaient chanteurs d’opéra. Sa mère, Silvana Bazzoni, lui enseigne le chant et la technique vocale et elle est restée son seul professeur, même lorsqu’à 17 ans, Cecilia Bartoli débute ses études à l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome. Il n’y avait pas pour elle de « plan de carrière », comme elle l’indique lorsqu’elle parle de ses débuts, elle faisait simplement et toujours de la musique… Pour la RAI elle chante dans une émission de talents devant les caméras de télévision, et en 1988 elle est engagée par l’opéra de Paris pour un concert d’hommage à Maria Callas. C’est grâce encore à la télévision que Daniel Barenboim la rencontre et l’invite à travailler avec lui, il en ira de même pour Riccardo Muti et Herbert von Karajan. Nikolaus Harnoncourt a tout de suite cherché à collaborer avec Cecilia Bartoli, initiant une relation artistique qui perdure encore et qui est demeurée essentielle. Il s’agit là de la rencontre de deux personnalités artistiques désireuses de faire de la « musique ancienne» un art profondément actuel et totalement fascinant. Elle a travaillé avec Giovanni Antonini, Marc Minkowski et Diego Fasolis, devenus par la suite d’importants partenaires. Mozart et Rossini sont et demeurent au cœur de son répertoire.
Sa passion pour les redécouvertes d’œuvres inconnues l’a conduite à se pencher sur des compositeurs tels que: Salieri et Gluck, mais aussi Vivaldi, dont elle a redécouvert l’œuvre lyrique, ou encore le compositeur baroque Agostino Steffani. Son projet Mission a connu un succès fulgurant, tout comme ses programmes thématiques sur les opéras interdits à Rome au 17e siècle (Opera proibita), sur l’art des castrats (Sacrificium), ou sur la musique de cour de la tsarine Catherine (St. Petersbourg). Maria, son hommage à Maria Malibran, l’une des cantatrices les plus importantes du début du 19e siècle, a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives sur l’art du chant du romantisme naissant.
C’est grâce à cette exploration qu’une porte s’est ouverte pour Cecilia Bartoli sur Norma de Bellini. Tous ces projets conjuguent méticulosité et fantaisie, exactitude philologique de détail et désir de promouvoir des idées peu conventionnelles. Pour Maria, un camion a été transformé en musée mobile, Sacrificium s’est vu adjoint d’un dictionnaire de 100 pages autour de l’art des castrats, et Mission était accompagné d’un nouveau roman de Donna Leon, inspiré des recherches de Cecilia Bartoli.
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I Barocchisti
L’Ensemble I Barocchisti a acquis une réputation internationale dans le répertoire baroque, sur des instruments anciens. Sous la direction de Diego Fasolis, l’Ensemble a repris l’héritage de la Società Cameristica de Lugano créée par Edwin Loehrer ; celui-ci joua à partir des années 50 un rôle majeur dans la redécouverte des œuvres musicales et instrumentales du baroque. Organisé en formations variant de 4 à 40 éléments, l’Ensemble se compose de musiciens suisses et européens, chaque membre exerce également une activité de soliste très reconnue à l’échelle internationale. Ces dernières années, l’ensemble a réalisé avec le Coro della Radiotelevisione Svizzera sous la direction de Diego Fasolis nombre de concerts et d’enregistrements consacrés à Bach, Cavalli, Galuppi, Gossec, Haendel, Mozart, Scarlatti, Paisiello, Pergolèse, Piccinni, Purcell, Vivaldi. Parus sous le label Arts, les enregistrements instrumentaux consacrés à Bach (Ouvertures, Concertos brandebourgeois et Concertos pour clavecin) s’avèrent une réelle référence au plan international. D’éminents solistes internationaux, tels que Philippe Jaroussky, Maurice Steger, Max Emanuel Cencic et Duilio Galfetti collaborent de façon continue aux projets musicaux de l’Ensemble. Ces dernières années, une extraordinaire collaboration artistique lie l Barocchisti, leur directeur Diego Fasolis et la célèbre mezzo-soprano Cecilia Bartoli. Cette collaboration a donné le jour au projet multimédia Mission (2012), consacré à la redécouverte des musiques d’Agostino Steffani. Avec la participation de Philippe Jaroussky et du Coro della Radiotelevisione Svizzera, ce projet a été présenté au grand public lors d’une longue tournée en Europe. L’Ensemble I Barocchisti s’est produit dans les plus grands Festivals d’Autriche, Belgique, Croatie, France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Suisse et Etats-Unis. En 2014-15, un nouvel album d’œuvres de Vivaldi avec Maurice Steger ainsi que des concerts, notamment au Concertgebouw d’Amsterdam, avec des programmations thématiques consacrées à Haendel, Steffani, Corelli ont vu le jour. Après sa première apparition au Festival de la Pentecôte de Salzbourg en 2013 et son retour en 2014, l’Ensemble reviendra sur scène lors du Festival de la Pentecôte et du Festival de Salzbourg en 2015, pour y présenter deux importantes productions lyriques, Iphigénie en Tauride de Gluck et Semele de Haendel.
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Diego Fasolis
L’Ensemble I Barocchisti a acquis une réputation internationale dans le répertoire baroque, sur des instruments anciens. Sous la direction de Diego Fasolis, l’Ensemble a repris l’héritage de la Società Cameristica de Lugano créée par Edwin Loehrer ; celui-ci joua à partir des années 50 un rôle majeur dans la redécouverte des œuvres musicales et instrumentales du baroque. Organisé en formations variant de 4 à 40 éléments, l’Ensemble se compose de musiciens suisses et européens, chaque membre exerce également une activité de soliste très reconnue à l’échelle internationale.
Ces dernières années, l’ensemble a réalisé avec le Coro della Radiotelevisione Svizzera sous la direction de Diego Fasolis nombre de concerts et d’enregistrements consacrés à Bach, Cavalli, Galuppi, Gossec, Haendel, Mozart, Scarlatti, Paisiello, Pergolèse, Piccinni, Purcell, Vivaldi. Parus sous le label Arts, les enregistrements instrumentaux consacrés à Bach (Ouvertures, Concertos brandebourgeois et Concertos pour clavecin) s’avèrent une réelle référence au plan international.
D’éminents solistes internationaux, tels que Philippe Jaroussky, Maurice Steger, Max Emanuel Cencic et Duilio Galfetti collaborent de façon continue aux projets musicaux de l’Ensemble. Ces dernières années, une extraordinaire collaboration artistique lie l Barocchisti, leur directeur Diego Fasolis et la célèbre mezzo-soprano Cecilia Bartoli. Cette collaboration a donné le jour au projet multimédia Mission (2012), consacré à la redécouverte des musiques d’Agostino Steffani. Avec la participation de Philippe Jaroussky et du Coro della Radiotelevisione Svizzera, ce projet a été présenté au grand public lors d’une longue tournée en Europe.
L’Ensemble I Barocchisti s’est produit dans les plus grands Festivals d’Autriche, Belgique, Croatie, France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Suisse et Etats-Unis.
En 2014-15, un nouvel album d’œuvres de Vivaldi avec Maurice Steger ainsi que des concerts, notamment au Concertgebouw d’Amsterdam, avec des programmations thématiques consacrées à Haendel, Steffani, Corelli ont vu le jour.
Après sa première apparition au Festival de la Pentecôte de Salzbourg en 2013 et son retour en 2014, l’Ensemble reviendra sur scène lors du Festival de la Pentecôte et du Festival de Salzbourg en 2015, pour y présenter deux importantes productions lyriques, Iphigénie en Tauride de Gluck et Semele de Haendel.
Michel Grialou
Cecilia Bartoli
I Barocchisti – Diego Fasolis (direction)
samedi 14 novembre à 20h00 – Halle aux Grains
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Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
mail : ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
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