Texte mis en avant de la partition, sorte de préface relatant une vieille histoire californienne : «À cette curieuse époque, des gens venus de Dieu sait où groupèrent leurs forces dans ces lointaines terres de l’Ouest et, selon la rude loi du camp, oublièrent vite leur véritable nom, combattirent, rirent, jurèrent, aimèrent et accomplirent leur étonnante destinée d’une façon qui paraîtrait aujourd’hui incroyable. Nous sommes sûrs d’une seule chose, ils vécurent.»
Venu tout spécialement aux Etats-Unis pour la première new-yorkaise de son opéra Madame Butterfly, on demande à Giacomo Puccini, de façon fort originale, de composer, pourquoi pas, un opéra pour le public américain d’abord, et pour les autres publics, après. L’auteur américain David Belasco a déjà fourni le livret de Madame Butterfly – n’oubliez pas, Mr Pinkerton au Japon – . Auteur d’une pièce à succès, The Girl of the Golden West, créée en 1905, voilà donc la trame idéale pour fabriquer le premier western spaghetti américain à la sauce non pas bolognese mais “puccinienne“.
L’opéra retrace en gros et une fois de plus l’histoire des amours de Minnie, soprano, et d’un ténor Dick, amours contrariées par un baryton, Jack. Minnie, c’est la patronne du Polka-Bar dans un camp de mineurs au temps de la ruée vers l’or. Minnie, c’est la mère, la sœur, la confidente, l’amante virtuelle, la femme fantasmée, idéalisée, que tous ces hommes esseulés aiment donc à des titres divers. Elle est courtisée par le shérif Jack Rance, follement amoureux. Quant à Minnie, elle-même est tombée amoureuse d’un bandit des grands chemins, Ramerrez. Elle jouera le sort de son brigand au poker avec le shérif qui l’a fait prisonnier, gagnera en trichant !! Et le sauvera encore de la potence pour partir avec lui et mener une autre vie avec son brigand en pleine rédemption par l’amour, après avoir tout “plaqué“. Ne pas oublier que la commande par le Met de l’époque exigeait une fin heureuse et que la création dirigée par Toscanini le 10 décembre 1910 eut un succès immense.
Dick Johnson, alias le bandit Ramerrez, c’est Marco Berti, ténor qui a du coffre mais un peu, brut de décoffrage ! puissant mais sans trop de style. Dommage. Il a été Manrico du Trouvère dans la dernière production au Théâtre du Capitole.
Le rôle écrasant de Minnie, c’est la “wagnérienne“ Nina Stemme, qui adore ce rôle, phénoménale vocalement, bas médium, grave et aigu, une Calamity Jane capable de tendresse, plus proche de Mae West que de Jane Mansfield.
Jack Rance, c’est Claudio Sgura, baryton prometteur au physique de méchant, peut-être pas assez !
La mise en scène transposée de Nikolaus Lehnoff , à la fois candide et ironique, visuellement éblouissant, va à coup sûr dresser les pour et les contre pendant que la musique richement “puccinienne“, raffinements à l’appui, si possible, est sous la conduite de Carlo Rizzi, un vrai chef de théâtre. La première a déchaîné hourras et insultes, une raison supplémentaire évidente d’aller se rendre compte !!! Une transposition, tout de même à la scénographie superbe, classée parmi les réussites. En opposition parfaite ou presque avec la mise en scène de La favorite au Capitole que vous ne pouvez absolument pas rater. Profitez-en !!
Michel Grialou
En direct dans les cinémas UGC
lundi 10 février 2014 à 19h30
Viva l’Opéra
La fanciulla del West par operadeparis
Direction musicale : Carlo Rizzi
Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff
Distribution
Minnie : Nina Stemme
Jack Rance : Claudio Sgura
Dick Johnson : Marco Berti
Nick : Roman Sadnik
Ashby : Andrea Mastroni
Sonora : André Heyboer
Trin : Emanuele Giannino
Sid : Roberto Accurso
Bello : Igor Gnidii
Harry : Eric Huchet
Joe : Rodolphe Briand
Happy : Enrico Marabelli
Larkens : Wenwei Zhang
Billy Jackrabbit : Ugo Rabec
Wowkle : Anna Pennisi
Jake Wallace : Alexandre Duhamel
José Castro : Matteo Peirone
Costumes : Andrea Schmidt-Futterer
Décors : Raimund Bauer
Lumières : Duane Schuler
Choeur : Patrick Marie Aubert
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Chorégraphie : Denni Sayers
.
.