Elle est là, tranquille, sans nom, juste de grandes baies vitrées pour faire comprendre au chaland qu’il faut entrer pour savoir où il met les pieds. Un piano, un mur à « craie » pour les enfants, un bar et une magnifique cuisine ouverte toute en longueur, commis ou plongeur à l’honneur.
Jean Ferrat aurait pu nous la conter celle-là: « ohhhh que la pente des Miss est douce… ».
J’aurais du mal à vous décrire les lieux tant ils semblent aboutis et cohérents, on ressent d’emblée la véritable osmose qui a eu lieu entre les architectes, Hamid (le chef) et Typhaine (sa femme).
La tendance actuelle est évidemment présente, il y a du bois, du blanc et d’autres codes d’aujourd’hui. Mais contrairement à bien d’autres endroits, ici se dégage une véritable envie de passer du temps, de profiter du douillet des coussins en regardant le ballet des cuisines, de siroter un cocktail en suppliant les « kids » de ne pas trop s’ébrouer en repeignant le poteau leur étant dédié, bref comme une envie de bonheur communicatif.
Le lieu est aussi bien senti (bien sûr c’est mon quartier…) et porte les couleurs d’un petit Brooklyn Toulousain avec son vieux café de la Concorde, sa coiffeuse en mode PinUp US et maintenant sa jolie table « mode ».
De l’eau a coulé sous les ponts depuis mon déjeuner époque table d’hôte, plus de chat dans l’escalier ou d’enfant courant au dessus et donc une maîtresse de maison moins stressée. La coupure entre boulot et dodo est véritable et cela s’en ressent. Typhaine est tout sourire, heureuse de nous accueillir, bienveillante, un véritable plaisir !
Comme dirait l’autre, mais je le préfère dans ce cadre, « Le changement, c’est maintenant! » car évidemment, passer d’un petit resto familial dans sa propre maison à une véritable table avec brigade en cuisine et personnel de salle, ce n’est pas simple.
Mais c’est joli! Un barman passionné qui tape du vrai cocktail, un commis ancien poissonnier, Toshi, le sommelier qui arrive direct du Japon pour nous caler une véritable bible de plus de 100 ref de quilles majoritairement natures, une jolie serveuse tout sourire et une belle équipe en cuisine, what else Georges??? On t’y verra pas, le café vient de l’arbre à café…et c’est tant mieux!
Niveau cuisine, j’y suis allé le premier jour, et après une mise en bouche toute en légèreté et douceur, mon champignon farci tenait assez bien la route, de jolis goûts et un petit oeuf de caille sur le dessus. Par contre le bouillon avec la raviole manquait de corsé, de goût, sentait l’ouverture en somme! Un manque de temps pourrait très bien l’expliquer… mais c’était un peu loupé.
Couscous manquant lui aussi d’un peu de jus, semoule très bien cuite, poulet fermier sans histoire, mais justement, celle racontée là manquait d’un peu de mordant. Puis les desserts se posent, un sablé poire vanille, une crêpe au miel ou un riz au lait, simple me direz-vous? C’est aussi ce que je me suis d’abord dit.
Et mon couteau découpe moelleusement la dodue; Un coussin en bouche, juste sucrée d’un miel magnifique en provenance directe du Maroc, les papilles flottent de joie.
Mon voisin me tend alors une fourchette de tarte aux poires, la belle tient un peu résistance mais est confite à point, la vanille taquine, la pâte supporte bien le bonheur environnant, une certaine idée de simplicité magnifiée !
Quand Hamid réussira à faire parfaitement l’addition entre un service classique et sa virtuosité de l’instant, on sera face à un grand. Car encore une fois, depuis l’ancienne pente douce, de l’eau a coulé et le ruisseau est devenu une rivière.
Voilà Hamid, dans une réserve de cave à vin avec juste « la bite et le couteau », « la poêle et la quille »!
l’Homme rôti des petits filets de colvert, un ragoût bien ragoûtant fait avec les restes du bestiaux plumé fini ses heures de cuisson pas loin du poitrail qui ne sera dégusté qu’à la débusqué! Une pointe de sel suffisant au bonheur saignant ! Le voilà encore hier soir, balançant diverses keftas sur une tombée d’épinard, juste rehaussée d’une pointe de harissa familiale à tomber.
C’est lui encore qui arrive après le service dans le resto du copain… qui ouvre son sac à dos… « c’est presque Sarcelle là-dedans » pourraient s’ébahir les potos alentours… (comprenne qui pourra) avant de laper avec gourmandise le gras des volatilles sur leurs doigts.
Si la rôtisserie était un art, il serait pour sûr celui de l’artiste Hamid.
J’attends bavant le premier brunch du dimanche où le demi agneau rôti fera face fièrement au porcelet avant de venir nous taquiner les naseaux… ça tombe bien c’est dans 4 jours…
Petit résumé car je m’éternise et plusieurs points sont à notifier clairement pour bien comprendre que la Pente Douce new génération est un lieu pas commun, pas loin de celui dont on pourrait rêver.
Le restaurant comme son nom l’indique, est un restaurant. Pas con ça? Ouvert pour le dej du mardi au samedi (17 ou 20€) et pour le dîner du jeudi au samedi (30€ me semble t’il). Comme je l’avais précisé avec le mur à craie, le resto est « kids friendly », sympa pour un gars comme moi qui aimerait bien que ses 2 artistes Baz et Tac puissent exprimer leur art librement sur un mur…
Bientôt, on pourra taper un petit déj, ou profiter de la limonaderie l’après-midi, se faire un vrai brunch du dimanche pour carnassiers avinés et non juste en croquant quelques oeufs, fruits et bagels avec un cappuccino.
Un vrai barman est présent, l’occasion pour tous de savoir qu’un cocktail n’est pas juste l’addition de 3 feuilles de menthe, sucre, rhum et eau pétillante. Si vous jouez du piano ça tombe bien, j’ai toujours rêver de siroter un cosmo en écoutant du ragtime.
Et enfin, les tapas! Je ne parle évidemment pas de mozzarella sticks ou onions rings décongelés mais de petits plats envoyés sur le vif par un chef excellant dans ce domaine. Accompagnés par de bonnes quilles sélectionnées par Toshi telles qu’un petit champagne Lassaigne vignes de Montgueux pour commencer, suivi d’un St Romain blanc Combe Bazin 2011 du domaine de Chassorney (Cossard) et d’un petit Cornas Chaillot 2006 de Thierry Allemand (Une partie des vins est fournie par Vinnouveau, une référence dans le domaine du Nature), ce sera parfait!!!
Un hiver en pente douce nous fera patienter plus heureux jusqu’aux premières hirondelles, so long mister & miss Miss
Une Chronique de Rod’n Roll
La Pente Douce – 6 rue de la Concorde à Toulouse . 05 61 46 16 91.