Du 5 novembre au 28 novembre
Le retour de l’oie sauvage
Li Jinyuan, notre ami peintre chinois au cœur pur et à l’âme vivante, est revenu dans ses terres de l’esprit, presque vingt ans plus tard après l’immense exposition aux Jacobins, nous montrer ses derniers travaux, et surtout saluer ses amis.
Inspirés de ses souvenirs de séjours aussi bien dans le Lauragais, dans le Lot, les Pyrénées, qu’en Allemagne, Li Jinyuan réalise une exposition à l’Espace culturel Bonnefoy de Toulouse, complétée par quelques œuvres d’inspiration taoïste de son fils Li Juntao.
On retrouve dans les 25 tableaux exposés sa vision fraternelle de nos régions, transfiguré par l’art de la tradition picturale chinoise, ou les notions de vide et de plein, de la place de l’homme dans la nature, sont essentielles.
Son regard de peintre n’est pas exotique, il nous restitue toute la beauté neuve et chaleureuse de paysages que nous avions désappris à regarder. Là des bords de Garonne, ici des visions du Lauragais, des Pyrénées, nous réenchantent.
La partition de couleurs que l’on découvre sur les portées des toiles de Li Jinyuan est toute entière vibrations fraternelles envers la nature, l’amitié, la vie qui chemine, ses débordements aussi, et la place de l’homme au sein de la nature.
Ainsi Li Jinyuan se livre-t-il en écrivant ces mots:
« Vivant, vivant au tréfonds du cœur, si admirablement vivant qu’à chaque instant le cœur vibre à tout ce qui l’entoure, s’y reflète, s’y relie, s’en rapproche et s’y unit : quel ravissement !
Merci à celle qui m’a donné le jour, merci au Ciel de m’avoir ouvert les yeux de l’âme !
Amis si chers, venez partager l’émotion d’un moment ici recueillie, et qu’à jamais nos esprits jouissent de la plénitude de cette rencontre ! »
Et Li Jinyuan est profondément vivant dans sa peinture, bâtie sur le socle de la peinture traditionnelle chinoise, mais aussi de ses chocs émotionnels reçus en découvrant Van Gogh et les fauvistes. Il aura été un des premiers peintres chinois à utiliser intensément la couleur pour traduire ses émotions.
Émotions ressenties devant la beauté de la nature, mais aussi devant ses débordements, ses tremblements de terre dans sa région du Sichuan, ses incendies dévastateurs, des visages presque déjà morts des lépreux qu’il a visités.
Un autre aspect de son œuvre, non exposé à Toulouse, peut être vu sur les galeries qui lui sont consacrées sur le site Esprits Nomades.
Certes femmes yi, bergers, hommes marchant dans leur solitude, oiseaux, chevaux, yacks, villages oubliés sont toujours présents, mais une face violente et noire est là aussi.
Li Jinyuan est un artiste très fécond, et l’exposition de l’Espace Culturel Bonnefoy fait connaître toute la complexité du peintre, sa générosité, son élan vital, et aussi ses tourments dans ses portraits de lépreux..
Mais le chant reste pur, même dans les sombres intervalles, même dans le cri.
Et sa fraîcheur de regards d’enfant nimbe de poésie ses toiles.
Docilement tout vient prendre place dans ce cri :
le paysage tout entier semble y contenir sans bruit,
le grand vent semble s’y lover,
et la minute, qui veut s’en aller,
est blême et muette, comme si elle savait les choses,
qui nous obligeraient à mourir,
montant de lui. (Rilke)
Ainsi nous est revenu notre très cher ami et frère, après tant d’absence, et ce « retour de l’oie sauvage » est printemps en nos cœurs.
Là-bas, dans le Sichuan, il y a un être qui se souvient et tremble encore du bout de son pinceau aux souvenirs communs.
Le cri amical de cet oiseau de passage nous enjoint de regarder la beauté de ses tableaux.
Gil Pressnitzer
Exposition Li Jinyuan
Espace Culturel Bonnefoy
Du 5 novembre au 28 novembre 2013
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