Faisant partie du triptyque de jeunesse avec Les Fées et La défense d’aimer, Richard Wagner s’est inspiré pour Rienzi d’un roman de Bülwer-Lytton, l’auteur des Derniers jours de Pompei.
Située à Rome, l’action dépeint « les luttes entre familles aristocratiques rivales ». Dans sa fougue, Wagner y met en œuvre ses nouvelles idées dramaturgiques : « Je compris que les grandes représentations dramatiques pouvaient se hausser à un niveau incomparable grâce à un rythme précis. » De proportions gigantesques, plus de cinq heures ( avec un ballet de 40 minutes ! supprimé), ramené ici à quatre, entractes comprises, Rienzi ou Le Dernier des tribuns, « cet opéra où l’on trouve le feu, l’éclat que cherche la jeunesse », est un phénoménal coup d’essai pour le jeune compositeur. L’orchestration de ce Grand opéra tragique en cinq actes est un chef-d’œuvre d’efficacité. Habitué de la fosse “capitolesque“, Pinchas Steinberg dirige ce péplum musical qui nécessite pas moins de deux chœurs complets, le Chœur du Capitole et le Chœur de l’Accademia Teatro alla Scala de Milan.
L’histoire raconte l’ascension et la chute du tribun romain Cola di Rienzo lequel, profitant de la présence de la papauté à Avignon au XIVème siècle, réveille les plébeiens de Rome au nom de l’antique gloire de la ville éternelle et les entraîne à la victoire, puis à la guerre et à la misère. A cette trame assez linéaire du type « Grandeur et décadence » ou « résistible ascension.. » s’ajoutent des amours problématiques: sa soeur Irène est amoureuse du fils du chef de la famille aristocratique ennemie des Colonna (Adriano) à quoi s’ajoute une relation trouble entre le frère et la soeur (Wagner aime décidément els amours incestueuses, voir Walküre…). En fait c’est une trame qui n’est pas sans rappeler par certains aspects Simon Boccanegra, mais d’un Boccanegra moins politique, moins stratégique, et plus fragile et livré aux affects.
Vocalement, les exigences sont fortes, avec des basses profondes, un rôle de ténor redoutable, un travesti mezzo soprano (Adriano) qui exige puissance et engagement, et un soprano dit lirico spinto (Irène) de haute volée avec puissance, mais aussi dynamique et couleur et style italiens.
Côté mise en scène, cette nouvelle production est confiée à Jorge Lavelli, apprécié il y a peu pour le Simon Boccanegra. Il semblerait que Rienzi n’a jamais été donné sur la scène du Théâtre. D’ailleurs, où, aujourd’hui monte-t-on ce monument du Grand Opéra dont Hans von Bülow disait qu’il était « l’opéra le plus réussi de Meyerbeer » ?
Théâtre du Capitole du 30 septembre au 14 octobre. 5 représentations. Attention aux horaires.
Michel Grialou