Nouveau directeur, nouvelle saison : un programme de découverte.
Cette nouvelle saison s’ouvre avec un nouveau directeur à la tête du Ballet du Capitole. Kader Belarbi, ex-étoile de l’Opéra de Paris reprend les rênes de la Compagnie, après Nanette Gkushak qui l’a dirigée pendant 17 ans.
Lors de la présentation, Kader Belarbi a rappelé quels étaient ses grandes lignes de travail : partage, accueil, diffusion des œuvres chorégraphiques, développer et transmettre une culture chorégraphique. Conjointement à son travail d’artiste il souhaite assurer un travail d’animateur, et faire un pont entre la tradition et la modernité.
Il a conçu sa saison « comme une palette de peintre pour donner un spectre nuancé de couleurs pour ce qui est pour lui l’essentiel de la danse c’est-à-dire la langage et l’écriture ». Ceci se développera à travers six programmations avec 29 représentations à Toulouse en proposant un retour aux sources de la Belle Danse française du XVIIIe siècle jusqu’aux jeunes chorégraphes d’aujourd’hui.
Tout d’abord c’est à Stravinski que sera consacré le premier programme qui réunit trois modes d’expression qui identifient vraiment les trois facettes du Théâtre du Capitole : l’Orchestre, le Chœur et le Ballet autour de trois œuvres des Ballets Russes. Il s’agira en fait d’une relecture de ces ballets avec Pulcinella, chorégraphié par de Nils Christe, La Symphonie de Psaumes, de Jirí Kylián et Les Noces, sur une chorégraphie du jeune chorégraphe belge Stin Celis.
C’est Tugan Sokhiev qui sera à la tête de l’Orchestre du Capitole. En parallèle se tiendra, du 24 septembre au 2 janvier une exposition « Les Ballets Russes et la modernité » en partenariat avec la Bibliothèque Nationale de France et le Centre National du Costume.
Viendra ensuite un programme intitulé Frictions, l’idée étant de travailler sur la relation qu’il peut y avoir entre le son et le geste. Trois ballets seront à l’affiche : une création de Kader Belarbi, Etranges Voisins, des corps qui se côtoient sur des musiques de Vivaldi et Philippe Hersant qui se confronteront avec la musique électro-acoustique d’Anthony Rougier ; La Stravaganza d’Angelin Preljocaj, œuvre néo-classique, et Walking Mad de Johan Inger, jeune chorégraphe issu du Netherlands Dance Theatre. Ces deux dernières œuvres feront leur entrée au répertoire.
Rythmes de danse, le troisième programme, nous présentera un ballet de Kader Belarbi : Entrelacs, créé pour le Ballet National de Chine en 2007. Nous retrouverons ensuite The Vertiginous Thrill of Exactitude de William Forsythe, entré au répertoire de la Compagnie en 2009 ; puis A.U.R.A. Anarchist Unit Related to Art de Jacopo Godani dont nous avons pu apprécier le Spazio/Tempo cette saison.
Le mois de mars verra le retour du ballet classique du XVIIIe siècle avec deux ballets emblématiques : Napoli sur une chorégraphie d’Auguste Bournonville, et La Fille mal gardée dont Ivo Cramér signe la chorégraphie d’après celle originale de Jean Dauberval.
Le cinquième programme prend la forme d’un défi. En effet, Kader Belarbi a souhaité réaliser une réécriture et une réadaptation du Corsaire, dont la première version sur une chorégraphie de Joseph Mazilier fut donnée pour la première fois par le Ballet impérial de l’Opéra de Paris en janvier 1856. Ce ballet dont on connaît surtout le fameux Pas de Deux, si présent dans bien des concours est relativement peu donné dans son intégralité. L’orientation choisie par le chorégraphe est d’en faire un grand ballet classique dans le style orientaliste.
La fin de la saison nous présentera une revue dansée, totalement inclassable, Oyster, dont l’argument est tiré d’un conte de Tim Burton, la triste fin d’un petit enfant huître. Mélange des univers de Tim Burton, Charlie Chaplin ou Fellini ce spectacle mêle la danse classique, la danse contemporaine, les arts du cirque, le mime et le théâtre et exige une grande virtuosité de la part des danseurs.
Saison éclectique, faisant la part belle aux jeunes artistes, c’est avec une certaine curiosité que nous attendons les premiers pas de Kader Belarbi à la tête du Ballet du Capitole.
Annie Rodriguez
Une chronique de Classic Toulouse
Kader Belarbi / Valerio Mangianti © David Herrero