Au Théâtre du Capitole, le chorégraphe Christian Rizzo signe une nouvelle production de « Tannhäuser », de Richard Wagner, dirigée par le chef allemand Hartmut Haenchen.
Cinquième opéra de Richard Wagner, « Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg » est l’expression du déchirement d’un chevalier chrétien soumis à la tentation charnelle de la figure de Vénus, mais tendant vers la pureté rédemptrice de l’amour d’une simple mortelle. L’amour sacré opposé à l’amour profane, la rédemption par l’amour sont des thèmes omniprésents dans l’œuvre du compositeur qui est l’auteur des livrets de ses ouvrages. L’argument de celui-ci lui a été inspiré par deux légendes germaniques : le tournoi de chant au château de la Wartburg dont les troubadours Wolfram von Eschenbach et Heinrich von Ofterdingen sont les héros, et « la Ballade de Tannhäuser ». Il a été créé à Dresde en 1845, sous la direction du compositeur. Ce dernier s’est par la suite plié à la mode parisienne en insérant un intermède de ballet pour séduire le public de l’Opéra de Paris. En 1875, dans une version dite de Vienne, Wagner assemble les parties tronquées à Paris et la danse sublimant la sensualité de Vénus. Fruit de remaniements successifs, cette ultime version présentée au Théâtre du Capitole est la transition entre un genre traditionnel d’opéra d’inspiration médiévale et un souci de modernité artistique construite par le compositeur au fil des œuvres.
Déjà entendu à Toulouse en 2010, lors d’une reprise de la production de Nicolas Joel d’ »Elektra » à la Halle aux Grains, le chef allemand Hartmut Haenchen sera à la tête de l’Orchestre national du Capitole. Selon lui, «aucune œuvre ne peut rendre compte avec plus de clarté de l’évolution du compositeur que « Tannhäuser ». En effet, certains éléments sont devenus typiques de Wagner : c’est ici qu’à émergé l’idée que le monde ne peut être amélioré que par des femmes fortes ; on peut voir aussi dans la figure de Tannhäuser celle d’un artiste engagé, mis sur la scène pour rompre avec les traditions étriquées.».
Après le triptyque « la Voix humaine » de Francis Poulenc, « Erwartung » et « Pierrot lunaire » d’Arnold Schönberg qui a divisé le public toulousain en 2010, le chorégraphe Christian Rizzo (photo) est très attendu pour cette deuxième mise en scène lyrique. Au sujet de cette production, celui-ci annonce : «Je n’ai pas voulu surenchérir sur la musique, dont la puissance est manifeste. L’oreille est très sollicitée et pour moi, il ne faut pas saturer le visuel au risque d’atteindre la nausée. J’ai voulu un espace classique et sobre, avec du marbre gris qui évoque une grande pierre tombale, et très peu d’accessoires. Si j’ai voulu des décors épurés, les costumes ont une ampleur que je n’avais jusqu’ici voulu dans aucune de mes créations. L’esthétique de ce spectacle est d’un certain classicisme, je dirais un «classicisme nettoyé». Mon souhait a été de n’utiliser la danse que pour le personnage de Vénus, ce personnage qui évoque la chair, le corps, la sensualité. Il m’a semblé préférable de ne pas réduire le personnage de Tannhäuser à un artiste. Il est avant tout un homme, un homme qui veut faire quelque chose de lui-même, pas seulement quelqu’un qui crée», termine Christian Rizzo.
Dans le rôle-titre, les ténors Peter Seiffert et Torsten Kerl feront leurs débuts sur la scène du Capitole, tout comme Christof Fischesser sous les traits d’Hermann, les sopranos Jeanne-Michèle Charbonnet dans le rôle de Vénus et Petra Maria Schnitzer dans celui d’Elisabeth, et le baryton Lucas Meachem sous les traits de Wolfram. Après avoir été remarqué dans « la Clémence de Titus » cette saison, on retrouvera la basse Andreas Bauer en Biterolf.
Jérôme Gac
C. Rizzo © David Herrero
Du 17 au 29 juin, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse. Tél. 0561631313.
Introduction au spectacle, avant la représentation, 18h00.