L’exposition « Son paysage » à la Médiathèque de Fonsorbes en janvier et février dernier rassemblait une dizaine d’estampes et de photographies provenant de la collection du Musée des Abattoirs. C’était l’occasion de découvrir des pièces méconnues autour d’une réflexion féconde sur le paysage.
Le paysage est donné pour tous et pourtant, personne ne voit la même chose et n’y trouve la même chose. L’image-paysage traduit ce regard personnel, intime sur le monde. D’où l’emploi du possessif dans le titre de l’exposition.
Paysage naturel, construit ou mis en scène, paysage réaliste ou ébauché, paysage abstrait, imaginaire voire mental, les œuvres présentent une grande variété mais aussi, une grande homogénéité. Car, pour ces artistes du XXe siècle, l’enjeu n’est pas la reproduction du réel mais la correspondance intérieur/extérieur, visible/invisible.
Jean ATLAN, peintre (1913 – 1960) écrivait en 1945 dans le Numéro 2 de Continuity : «On s’apercevra peu à peu que la tâche essentielle de la jeune peinture consistera à substituer à la vision de la réalité, l’authenticité et la réalité de la vision.»
Quand on n’est pas dans la représentation analytique du réel, on est dans la perception.
Comment voit-on le paysage? Qu’est-ce qui est saillant? Qu’est-ce que j’en extrais? Et finalement, comment je l’imagine (Danilo SARTONI, CHAHAB, André MASSON, François BEALU). Le regard est interprétation du monde.
Mais le paysage est aussi une confrontation entre notre corps et le milieu naturel, véritable rencontre de matières. Les œuvres vont traduire des sentiments de dissolution corporelle, d’inexistence heureuse, d’interconnexion sensible (Linda FERRER-ROCA, Martine MICHARD, Edouard PIGNON). Le paysage est une expérience.
Par moments, on regarde ce qui nous entoure avec l’âme. Les œuvres se chargent alors d’une force symbolique (Jean-David SABAN, Bernard LOUEDIN).
La finesse des traits des branchages entremêlés rappelle l’enchevêtrement inextricable de nos pensées. L’îlot au milieu du marais semble être le compagnon idéal d’un sentiment de solitude lancinant. Le paysage paisible est un baume pour l’âme.
Les artistes jouent au ping-pong avec nos émotions .
Et puisque le paysage est si connecté à nos états d’âme pourquoi ne pas en faire le miroir ? Les éléments naturels décrivent le tumulte des sentiments ou la noirceur de l’esprit. Le paysage métaphorique (cf. titre de ce blog) sert à tracer l’espace de notre conscience ou de notre inconscient (Yves DOARE, Georges RUBEL, Jean-Pierre VELLY, Francis MOCKEL).
Si vous souhaitez découvrir les oeuvres non forcément exposées de la collection des Abattoirs, je vous invite à naviguer dans leur catalogue Visite en ligne des collections.
Un article à retrouver sur le blog Jardins Mentaux