Avec Donnie Yen, Kelly Chen, Leon Lai. Disponible en DVD chez Wild Side.
Chine, IIème siècle avant JC. Plusieurs royaumes se font la guerre depuis des temps reculés. Yen Feier vient d’accéder au trône après la mort de son père. Encadrée par son ami d’enfance Muyong Xuehu, qui lui apprend l’art du combat, au grand dam de son cousin obsédé par le pouvoir, la jeune femme va suivre une voie encore inexplorée : victime de plusieurs tentatives de meurtre et d’enlèvements, elle tente pourtant de rompre avec la tradition belliqueuse.
Les fans des films d’arts martiaux hong kongais des années 80 connaissent déjà le nom du réalisateur Ching Siu-Tung : il a chorégraphié et mis en scène la trilogie « Histoires de fantômes chinois » qui a contribué à exporter le wu xia pian (film de sabre chinois) en Occident. Sous l’oeil omniprésent d’un Tsui Hark très dirigiste, il a mis en place son style pouvant être décrit comme « belles étoffes et courants d’air », où des princesses et guerriers vertueux traversent des forêts sombres suspendus à des câbles, enrobés de tuniques amples plus belles les unes que les autres. Il a également réalisé l’excellente trilogie « Swordsman », et chorégraphié un nombre impressionnant de mastodontes de l’ex-colonie britannique : « Le syndicat du crime 2 », « The Killer », « Heroic Trio », « Shaolin Soccer », « Hero »…
Dans les premier rôles de ce film en costumes, le réalisateur a souhaité faire appel à un casting véhiculant une image de modernité. Kelly Chen, a auparavant été aperçue dans les thrillers « Infernal Affairs » et « Breaking News », donc deux métrages aux univers éloignés du wu xia pian. Leon Lai, quant à lui, apparaissait dans la comédie de Wong Jing « City Hunter » avec Jackie Chan dans le rôle de Nicky Larson, et le polar urbain expérimental « Les anges déchus » (de Wong Kar Wai), mais tâtait déjà du sabre dans le « Seven Swords » de Tsui Hark. La caution martiale est assurée par Donnie Yen, l’acteur martial majeur du moment, qui offre sa silhouette massive au guerrier quasi infaillible Xuehu.
Encore un film de sabre ? Oui, mais « Kingdom of war » offre cette fois-ci un point de vue résolument féminin. Le personnage principal est Yen Feier, la fille d’un roi qui a vu trop de morts et n’a jamais connu la paix, et qui surtout ne connaît rien à l’art du combat. Alors plutôt que s’entraîner inlassablement sur fond de soleil couchant, et soliciter ses aides de camp pour élaborer des stratégies, la belle va explorer la nature et s’acoquiner avec un ermite. Et même si les scènes de baston sont bien présentes et réussies (une embuscade dans un lac, un commando se battant sur des points de bois suspendus, et même quelques références au film « 300 » sur la fin), on passe finalement beaucoup de temps devant une histoire d’amour dans des décors de villages d’ewoks.
« Kingdom of war », en jouant la carte d’une direction plus féminine (en version originale, le titre « An empress and the warriors » est plus approprié), propose une originalité bienvenue à un genre plus que codifié qui a récemment plus que tourné en rond. Mais que les fans d’affrontements à l’arme blanche en suspension se rassurent : Yen Feier reste le seul personnage féminin du film (faut pas pousser non plus), et entre deux douzaines de complots et trahisons fomentées par des ordures bien fourbes, le champ de bataille finit bien aspergé.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com