Fête de la Fraternité / Utopiales maçonniques • samedi 17 mars 2018
Pour sa 5ème édition le 17 mars, Les Utopiales maçonniques organisées par le Grand Orient de France se délocalisent dans plusieurs régions et villes françaises. Ce millésime 2018, sous-titré Fête de la Fraternité, a lieu à Toulouse rue de l’Orient dans les locaux du GODF toulousain.
Une journée de réflexion et d’échanges pour célébrer cette valeur cardinale de la franc-maçonnerie, déclinée autour de thèmes d’actualité mis à l’ordre du jour par les organisateurs de la manifestation.
Entretien avec Gérard Soulier, membre du comité d’organisation des Utopiales maçonniques à Toulouse.
Temple maçonnique de la rue de l’Orient à Toulouse
Vous organisez à Toulouse la Fête de la Fraternité samedi 17 mars dans le cadre des Utopiales maçonniques 2018 du Grand Orient de France (GODF). Depuis quand existe cette manifestation et quels sont ses objectifs ?
Les Utopiales maçonniques ont été créées en 2014 par le Grand Orient de France à Paris. Elles ont lieu chaque année à la même période, soit donc fin mars ou début avril. Cet événement a d’abord été exclusivement organisé au siège du GODF, rue Cadet à Paris. Pour l’édition 2018, le conseil de l’ordre de l’obédience a décidé de le décentraliser dans les régions. Il a pour objet premier de rencontrer le grand public. Le GODF est une obédience maçonnique qui a une forte implication sociétale et dans la vie de la cité. Il s’agit donc de réfléchir tous ensemble de manière prospective et ouverte sur un certain nombre de questions qui peuvent interpeler l’opinion publique et la société.
Pourquoi fêter la Fraternité cette année ?
Avant tout parce que cette valeur est essentielle, fondamentale pour la franc-maçonnerie en général, le Grand Orient en particulier. Elle nous paraît menacée aujourd’hui alors que nous vivons une période complexe et difficile, très troublée. Le collectif de loges de la région qui s’est saisi du projet et dont je suis l’un des animateurs a donc axé cette journée sur une réflexion autour de ce thème.
Comment abordez-vous ce thème tout au long de la journée ?
Nous commençons par un rappel historique du concept de fraternité puis nous le déclinons selon deux angles qu’il nous paraît important d’interroger, même s’ils ne sont pas les seuls que nous aurions pu retenir. Le premier concerne la façon de réagir face aux migrations de masse liées à la fois aux guerres civiles, aux crises, à la famine, et aux conséquences de l’évolution du climat. Nous savons très bien que dans les cinquante années à venir, les bouleversements climatiques vont entraîner de formidables mouvements de populations dus à l’augmentation de la température à la surface du globe mais aussi des guerres civiles. Ce qui se passe en Syrie, en Irak et sur le continent africain nous le montre tous les jours ou presque. Le second sous-thème, c’est l’influence de plus en plus grande des technosciences dans nos existences, plus particulièrement à travers les questions du transhumanisme et de l’intelligence artificielle.
À qui s’adresse la Fête de la Fraternité ? Est-ce que tout un chacun peut y participer, maçon ou non-maçon ?
C’est une manifestation dont l’entrée est libre et gratuite, que l’on soit franc-maçon ou pas, mais sous réserve tout de même d’une inscription préalable et cela en raison de l’espace dont nous disposons pour accueillir le public. Nous organisons cette journée dans nos locaux de la rue de l’Orient et ceux-ci ne sont pas extensibles. Nous pouvons donc recevoir un certain nombre de participants dans la mesure des contraintes de sécurité auxquelles nous sommes astreints. Au-delà d’un certain seuil d’inscriptions, nous serons donc amenés à dire aux personnes intéressées que c’est complet ou qu’il y a une liste d’attente. Je précise qu’il y a possibilité de déjeuner sur place puisque nous proposons un service de restauration, là aussi sur inscription préalable et achat de leur repas par les participants.
Comment se déroule cette journée et sous quelle forme ? Conférences ? Ateliers ? Échanges avec le public ?
La journée s’articule autour de trois ateliers qui durent chacun 1h30. Le premier, de 9h30 à 11h, le deuxième de 11h30 à 13h et le troisième de 14h30 à 16h. Un atelier, c’est d’abord un petit rapport introductif fait par des francs-maçons membres des loges qui organisent cette manifestation. Il est suivi de l’intervention de deux grands témoins qui vont apporter un éclairage sur le thème abordé en fonction de leurs spécialités, de leurs domaines de compétences, de leur point de vue et de leur parcours personnel. Il y a ensuite une séquence de questions-réponses avec le public sans aucune retenue suivie elle-même d’une conclusion. Un animateur-modérateur va mener échanges et débats et les trois ateliers sont structurés selon ce même schéma. À l’issue du dernier atelier à 16h, le comité organisateur clôture la journée par une courte conclusion générale.
Quels sont les thèmes de ces trois ateliers ?
Le premier est consacré au thème «La fraternité, histoire d’une utopie, utopie d’une histoire » pour lequel nous avons invité deux grands témoins : Gérard Boned, consultant-formateur, et Rémi Pech, professeur honoraire d’histoire, ancien président de l’université Toulouse Jean-Jaurès.
Le deuxième atelier a pour thème « Migrations et traite humaine, où est la fraternité ? » avec Catherine Withol de Wenden, professeur d’université, chercheur au CNRS, qui donne des cours à Science-Po Paris. C’est une grande spécialiste de cette question à laquelle elle a consacré plusieurs ouvrages. Comme nous souhaitions aussi avoir un éclairage local, nous avons fait appel à Flora Bastiani, professeur de philosophie à l’université Toulouse Jean-Jaurès, spécialiste d’Emmanuel Levinas.
Le troisième atelier est dédié à la question : « De Montaigne et Montesquieu au transhumanisme et à l’intelligence artificielle, où va la fraternité ? ». Il a pour grands témoins Christophe Habas, professeur de médecine spécialisé dans les neurosciences à l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris, et Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie au lycée Saint-Sernin de Toulouse.
Je précise que ces grands témoins peuvent être francs-maçons eux-mêmes comme ne pas l’être. Nous les avons invités et choisis parce qu’ils ont travaillé et réfléchi sur les questions abordées lors de ces ateliers. Ils peuvent apporter une expertise et une vision extérieure différente de celle que nous exprimons en tant que francs-maçons. Nous présentons la nôtre dans le petit rapport introductif dont j’ai parlé. Celui-ci relève plus d’un questionnement que d’une déclaration de principe et d’une position définitive sur ces sujets.
Le GODF a créé la manifestation des Utopiales maçonniques en l’ouvrant aux non-maçons. Cette année, vous l’organisez même dans vos locaux à Toulouse. Doit-on la voir comme le signe d’une ouverture et d’une volonté de transparence à l’heure où les thèses complotistes fleurissent un peu partout, sur les réseaux sociaux en particulier, la franc-maçonnerie étant souvent au centre de beaucoup d’entre elles ?
Votre question est légitime et elle implique deux niveaux de réponse. Premièrement, il n’est pas nouveau que le GODF s’ouvre vers l’extérieur puisque les Utopiales maçonniques existent depuis 2014 et qu’antérieurement des conférences organisées par nos soins et ouvertes au public ont eu lieu de façon régulière. Deuxièmement, cette image déformée, inexacte de la franc-maçonnerie, fruit parfois de mauvaises intentions et qui perdure dans certains milieux nous amène en effet à montrer qu’elle n’a pas de fondements réels.
Pour illustrer cela, je prends l’exemple du Salon du Livre maçonnique dont je suis commissaire et qui se tient à Toulouse au mois de novembre tous les deux ans. C’est un événement destiné au grand public et nous y recevons 2 200 personnes en deux jours, ce qui est considérable. Nous avons donc depuis de nombreuses années ouvert nos portes. Nous restons « discrets » mais pas « secrets », même si certains de nos membres ne souhaitent pas que leurs engagements soient connus, ce qui relève de la liberté individuelle de chacun.
Le fait que Les Utopiales maçonniques se passent dans nos locaux le 17 mars est donc une volonté délibérée de notre part. J’invite chaleureusement chaque citoyen intéressé par les questions que nous y abordons à venir partager une réflexion ouverte, avec nous, à l’occasion de la Fête de la Fraternité.
Entretien réalisé par Éric Duprix
Fête de la Fraternité
Samedi 17 mars 2018 de 8h30 à 17h30
Adresse : 5 Rue de l’Orient, 31000 Toulouse
Les liens
➡️ Inscriptions
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