Viva MOZART ! Viva Pichon !
Raphaël Pichon poursuit son exploration des coulisses des grands compositeurs comme il aime à le raconter. Après Bach et Rameau le voici habité par la fougue mozartienne. Nous avions beaucoup admiré son extraordinaire interprétation du Requiem de Mozart au sein d’un spectacle complet associant d’autres partitions vocales ou instrumentales en un spectacle porteur d’une immense émotion. Lire notre chronique.
Ce soir l’intelligence de la construction du programme subjugue. L’énergie musicale partagée est rare, l’allégresse qui gagne le public, un diamant. Débutant le concert sans cérémonie mais en faisant passer les artistes du statut pose lors d’une répétition à celui du cérémonial du concert petit à petit. Le canon débuté par une soprano, puis l’autre puis par la mezzo prépare l’oreille à la plus grande beauté. Car ce qui est frappant est la qualité musicale, instrumentale comme vocale de chaque pièce du programme. Raphaël Pichon donne une impulsion dramatique d’une terrible efficacité. L’orchestre est le personnage principal du théâtre mozartien et quel orchestre ! L’ensemble Pygmalion sur instruments anciens a des couleurs d’une grande beauté, il est capable de nuances très délicates et surtout sous la direction très inspirée de Raphaël Pichon, il a des phrasés toujours d’une absolue élégance. Les chanteurs ont tous des voix saines, jeunes bien projetées et un style élégant qui convient bien à Mozart. Car le divin Mozart adorait les voix, nous le savons et dans cette période qui précède la trilogie Da Ponte il écrit pour les voix qu’il admire et qu’il aime des airs d’une beauté totale. Peut être bien ses plus beaux airs de concerts. Les extraits d’opéras peu connus sont merveilleux, les Canons enrichis par les bassons et les clarinettes sont des moments de grâce totale. Le public est saisi par le charme total de cette organisation musicale. Quelques récitatifs des œuvres tardives font lien dans une dramaturgie qu’il est tout à fait facile de suivre. D’abord il est question des Noces de Figaro, puis de Cosi et enfin de Don Juan. Il est ainsi flagrant de constater combien Mozart portait en lui sa propre idée des émotions humaines mises en musique depuis longtemps avant de trouver dans les trois livrets de Da Ponte le miracle qu’il attendait avec des personnages de chair et de sang qu’il a habillés de la plus belle musique. Il serait ingrat de détailler les chanteurs tous admirables, capables de nuances d’une infinie douceur et acteurs très engagés. L’émotion est bien souvent présente, la joie, la peine, la nostalgie ou la reconnaissance. Tous beaux, doués et heureux, les chanteurs diffusent un sentiment de plénitude, de délicatesse et d’efficacité dramatique tout à fait rare même sur une scène d’opéra. Nous sommes très intéressés par le projet de Raphaël Pichon qui entend interpréter les opéras de la trilogie Da Ponte. Il peaufine ses distributions, dans un vivier de voix jeunes qui ne peut que faire merveille le temps venu.
Ce programme LIBERTA a été enregistré en deux CD et la distribution est presque à l’identique. Le programme a un peu bougé mais reste très proche. Raphaël Pichon est un immense musicien qui sait s’entourer de grands talents. Il me fait penser à un certain John Elliot Gardiner qui dès ses débuts a fait une carrière magnifique et qui n’a jamais démérité dans quelque répertoire que ce soit. Ce concert a été un grand moment de musique tout à fait digne des Grands Interprètes. La valeur n’attend point le nombre des années, nous le savons depuis longtemps…. Le public fait fête à une telle équipe soudée, le succès a été retentissant.
Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 16 décembre 2019. Wofgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Extraits d’opéra, airs de concerts, Canons. Mari Eriksmoen, Siobhan Stagg :Sopranos ; Adèle Charte : mezzo-soprano ; Linard Vrielink : ténor ; John Chest : baryton ; Nahuel Di Pierro : Basse ; Pygmalion, choeur et orchestre ; Raphaël Pichon: direction.