Les Eblouis, un film de Sarah Suco
Connue pour ses nombreuses apparitions sur grand écran, l’actrice Sarah Suco se lance dans la réalisation et nous envoie dans la tête un premier long parfaitement…maîtrisé !
Le scénario est largement autobiographique. Où il est question d’une famille de province, papa, maman et 4 enfants, pieuse bien sûr, se laissant dominer par une communauté catholique dite charismatique dissimulant en fait une véritable secte. Tout irait, si l’on peut dire, pour le mieux sauf que l’aînée de la fratrie, Camille (Céleste Brunnquell), élève circassienne dans ses temps libres, se voit obligée d’abandonner sa passion afin de ne pas contrevenir aux règles de la communauté. Des règles qui, petit à petit se font de plus en plus prégnantes : pas de soins, simplement des prières et du jeûne, enfermements, isolement… Jusqu’au drame inévitable qui va faire basculer Camille dans la révolte.
Sarah Suco connaît par cœur les codes d’embrigadement de ces communautés pour les avoir vécus adolescente. Même si ce film ne se veut pas militant, il met clairement en lumière la pression que des âmes en pertes de repères peuvent subir jusqu’au point de non-retour. Pour échapper à cet enfer, il faut une vraie force de caractère ou bien sentir l’inéluctable tragédie arriver. Camille va vouloir sauver ses frères d’un horizon épouvantable. Camille Cottin (la mère, totalement à l’ouest), Eric Caravaca (le père, d’une rare lâcheté) et Jean-Pierre Darroussin (le Berger aussi onctueux que venimeux) complètent la distribution d’un film nécessaire par essence.