Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés « d’hyper complexes ». Avec Hors Normes, Éric Toledano et Olivier Nakache, les réalisateurs, relèvent une double gageure : la première est d’immerger les spectateurs dans le quotidien des familles, de soignants hospitaliers et bien sûr des enfants autistes dont les troubles sont si graves qu’aucune institution ne les accueille et la deuxième est de mettre en scène deux bandits du cinéma dans des rôles de bienfaiteurs humanistes qui semblent pourtant taillés sur mesure pour eux. Un pari réussi.
Un film sur le handicap tourné comme un polar avec une musique lancinante qui vous saisit aux tripes et bat à vos deux tempes et des acteurs criant, hurlant de vérité. Certains ne sont d’ailleurs pas des professionnels. D’autres sont en situation de handicap réel. Hors normes.
Dès l’ouverture de la première scène qui débute sur la fuite d’une jeune fille affolée dans les rues de Paris, on est happé par l’intensité des émotions, par le rythme des journées de Malik et Bruno – Reda Kateb et Vincent Cassel – par leurs personnalités attachantes et rares. Ces hommes existent. Leur dévotion aussi.
Bien sûr, on n’ oublie pas qu’il s’agit d’un film social, un film qui milite, un film qui engage et donne envie de célébrer le courage de ceux qui se dévouent à une cause difficile et vouent leur vie à améliorer celles de ces enfants murés en eux-mêmes. Dans ce monde où la communication ne se fait que par le prisme d’un smartphone, « Hors normes » donne envie de de créer du lien, de resserrer les liens, de donner … sans contrepartie !
Les réalisateurs qui se sont beaucoup documentés et connaissent bien le sujet de l’autisme et des « cas lourds » ont donné à voir un film fort, un film douloureux avec autant de touches de tendresse que de louches de désespoir. On rit, un peu, le coeur serré, parce que parfois il frôle l’implosion, on se terre, on se questionne, on s’implique. Le film invite à l’engagement. Le film pousse du coude les spectateurs et requiert d’eux un oeil neuf pour appréhender le handicap. Ouvrir les yeux d’autrui est déjà un immense challenge non ?
En salle au Gaumont Wilson, « Hors normes »avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent …