Le Théâtre du Capitole l’a vu s’épanouir et devenir l’héritier de la grande tradition du grand baryton dit héroïque français. Il nous revient pour un récital le lundi 28 octobre à 20h en ces murs glorieux. Il est accompagné par la pianiste Thuy Anh Vuong.
Voici le programme qui vous attend pour ce récital avec un entracte, dans lequel le chanteur va pouvoir déployer toutes ses qualités reconnues, faisant unanimité telles que son « timbre charnu et lumineux, sa ligne de chant châtiée, son intensité vocale et expressive », qualités qui ne sont pas nées en un jour, même si les fondations étaient présentes. Il dit avoir su attendre pour ne pas se brûler, comme les quelques lignes qui suivent vous le résument. Pour l’anecdote, il confie qu’adolescent, il fut plutôt secoué par un Parsifal à l’Opéra de Marseille, accompagnant son cher père, féru d’opéra. « Je n’ai rien compris, mais je suis resté en lévitation. » Trop tard pour chanter Amfortas au Capitole en Février prochain ! mais il y a Wotan encore, un Wotan qui ferait fort bien l’affaire dans une saison à venir !! Ce serait le CHOC, assurément, au Capitole. Après tout, il n’y a pas que Bayreuth !!!
Franz Schubert (1797-1828)
An die Musik
Gute Nacht (extrait du Winterreise)
Ständchen (extrait du Schwanengesang)
Robert Schumann (1810-1856)
Dichterliebe, extraits :
– Hör ich das Liedchen klingen
– Ich hab’ im Traum geweinet
Franz Liszt (1811-1886)
S’il est un charmant gazon
Oh ! Quand je dors
Comment, disaient-ils
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Abendempfindung an Laura
Komm, liebe Zither, komm
Das Lied der Trennung
Don Giovanni : sérénade de Don Giovanni « Deh vieni alla finestra »
Jacques Ibert (1890-1962)
Quatre Chansons de Don Quichotte
– Chanson du départ
– Chanson à Dulcinée
– Chanson du Duc
– Chanson de la mort de Don Quichotte
Gabriel Fauré (1845-1924)
L’Horizon Chimérique
– La mer est infinie…
– Je me suis embarqué …
– Diane, Séléné…
– Vaisseaux, nous vous aurons aimés…
Les Berceaux
Hector Berlioz (1803-1869)
L’Île inconnue (extrait des Nuits d’Été)
Il a commencé choriste et préféré ce statut à celui de mini-soliste. « Je viens des chœurs et j’en suis fier. » Cela évite de se prendre trop vite pour une future vedette de la scène. C’était à Marseille. Une école d’humilité. Il faut apprendre à chanter moins fort, à adopter les phrasés que le chef vous demande et pas celui qui vous est le plus naturel. Ce sont les premiers principes.
Le destin fera qu’il croise Christa Ludwig, grâce à Michel Sénéchal. Et ce sont les portes de la troupe de l’Opéra de Lucerne qui s’ouvrent et où il reste deux saisons. Il ne peut que tarir d’éloges sur ces deux ans passés là. De deux ans à Lucerne et 80 représentations, il passe à 40 sur 3 ans à l’Opéra de Lyon avec de grands rôles à la clé, sans stress outrageusement. C’est après ce vécu qu’il peut se permettre d’affirmer que pour les opéras français, la disparition de la troupe dans les maisons fut autant de catastrophes.
Puis, ce sera même le concours Opéralia de Domingo, histoire de serrer la main du célébrissime ténor, où il gagne le deuxième prix !
Nicola Joël, arrivé au Théâtre du Capitole, le produira dans Schaunard de La Bohème et dans la foulée, Zurga des Pêcheurs de perles, rôle qu’il estime avoir été déterminant pour lui, la preuve qu’il pouvait tenir un rôle sur la distance.
Puis, ce sera Wolfram du Tannhaüser de Toulouse en 2000 en deuxième distribution puis en première. Plus tard, viendront Posa du Don Carlo en 2005 et Don Giovanni, même année.
La confiance en soi est gagnée !! Elle est bien sûr essentielle, et permet même de refuser certains rôles, comme Mandryka d’Arabella par exemple qu’il ne “sentait“ pas du tout, ni vocalement, ni le personnage et donc scéniquement. Fiasco annoncé qui n’aura pas lieu.
Puis deux rôles qu’il va accepter et surmonter, pourtant en russe, Yeletski de la Dame de Pique et Griaznoï dans La Fiancée du tsar. Un travail acharné mais beaucoup de satisfaction à l’arrivée.
Pas fréquent, donc, à signaler, il est un des rares barytons à avoir chanté Lucia di Lammermoor et Don Carlos dans leurs versions française et italienne. Toutes ces dernières lignes nous amènent à penser que Ludovic Tézier est un chanteur qui en veut !!!!!
Quand on lui fait, ou plutôt faisait, la remarque d’une certaine réserve dans son jeu sur scène, il vous répond que ses personnages, il les compose, les étudie et en fait ce qu’il ressent. Chanter Escamillo en tapant du pied sur une table de taverne ne l’a jamais passionné et il préfère livrer une autre image des toréadors, qu’il estime plus appropriée. Là, il prêche un convaincu sur les délires à éviter dans certaines mises en scène. « Je n’entre pas en scène pour me vendre, mais pour me mettre au service d’une œuvre qui me touche, et faire partager mon émotion. Je défends ainsi mon rôle d’interprète, de passeur même. » Vous devinez qu’il n’est pas prêt d’accepter n’importe quoi question mise en scène, décors et costumes.
Par contre, il reconnaît pouvoir plus facilement se livrer en récital, ce dont nous nous réjouissons.
Et puis, petite parenthèse, non Ludovic n’est pas un triste dans la vie et certains, ici, pourraient en témoigner, mais, comme il dit, les rôles à l’opéra pour un baryton ne sont pas particulièrement rigolos !! C’est sûr, à moins de tout tourner en dérision et de faire du Monthy Python permanent. Ce n’est pas lui faire offense, non plus, que de reprendre ses quelques mots : « En réalité, j’aime tout ce qui est châtié, et c’est peut-être ce que l’on me reproche : de châtier ma diction, mon attitude en scène, de veiller en permanence à ma ligne de chant, » .Par exemple, Renato dans Le Bal masqué a été abordé en 2007 à Bastille avec toute la recherche voulue ce qui ne donna pas pour autant, un mari jaloux vociférant, la bave aux lèvres.
Mais comme on ne peut parler de tout dans cette carrière déjà fort brillante, on vous laisse le soin de retrouver la suite et surtout, de déterminer quels sont les rôles qu’il reste à aborder à notre cher baryton Ludovic Tézier, et que l’on aimerait fort entendre, et voir !
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole