La Vie scolaire, un film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Cette plongée sans concession dans un collège de Saint-Denis est l’occasion pour les coréalisateurs de confirmer l’éblouissant talent qu’ils avaient démontré en 2017 avec leur premier long : Patients.
Enseigner dans un collège situé en zone difficile, en l’occurrence Saint-Denis, est un vrai sacerdoce demandant un engagement quotidien au-delà de ce que l’on peut imaginer. Les deux réalisateurs quittent ici l’hôpital qui leur servait de décor unique pour leur précédent film et nous immergent dans un collège à quelques encablures du Stade de France. Nous mettant dans les pas de Samia, une toute nouvelle CPE (Conseillère Principale d’Education) fraîchement débarquée de son Ardèche natale, ils nous font toucher du doigt les multiples, doux euphémisme, problèmes qu’elle doit régler parfois dans la minute de leur survenance.
Il faut dire que la population collégienne est plutôt turbulente et loin des règles disciplinaires du 19ème siècle. Pour les enseignants, une seule solution : s’adapter. Dans le cas contraire, c’est la maison de repos… S’adapter c’est aussi chercher habilement chez ces jeunes de cités parfois dangereuses, la braise ardente cachée sous les cendres d’une vie fracturée susceptible de les sortir d’un avenir tracé à l’encre rouge. Samia va souffler sur celle de Yanis (Liam Pierron, époustouflant), boule de rage et de refus contre cette école qui ne lui apprend rien. Insolent, indiscipliné, Samia le convoque à plusieurs reprises pour l’avertir des sanctions inéluctables et potentiellement fatales qui l’attendent. C’est au cours de ces entrevues qu’elle comprend le désarroi du jeune garçon. Contre vents et marées elle décide de l’aider. Ceci n’est que le fil rouge d’une suite de saynètes mettant en scène les profils les plus divers chez ces jeunes gens, du mytho au vrai musicien qui s’ignore, du dealer au surveillant Grand frère dans sa cité. Tout un panorama à la fois burlesque, authentique, généreux, plein d’une vitalité exubérante, que les réalisateurs croquent avec un plaisir que l’on devine sans mélange, soulignant au passage les difficultés de ce métier. Zita Hanrot porte le rôle de Samia à incandescence dans son engagement, sa volonté, son regard à la fois naïf et déterminé. Son talent n’est pas ici une révélation, mais plutôt une confirmation. Elle est formidablement entourée, notamment par Soufiane Guerrab, incroyable d’authenticité dans son rôle de prof aux répliques sans appel, Antoine Reinartz qui récupère l’emploi du futur déprimé, bien d’autres comédiens professionnels encore mais aussi et surtout une pléiade de jeunes néophytes qui assument avec une fraîcheur de ton inimitable les élèves de ce collège. Un pur bonheur !
La Vie scolaire – Réalisation : Grand Corps Malade et Mehdi Idir – Avec : Zita Hanrot, Liam Pierron, Soufiane Guerrab…
Zita Hanrot – Pourquoi pas un nouveau César ?
Née d’une mère jamaïcaine et d’un père rémois, Zita vois le jour à Shanghai en même temps que l’année 1990. C’est à Paris qu’elle va apprendre son futur métier : comédienne. Non sans avoir été entre temps choisie pour des rôles secondaires, Zita sort diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique en 2014. L’année suivant sa carrière prend une autre tournure. Les premiers emplois se succèdent, les récompense aussi (César du Meilleur Espoir féminin en 2016). Aujourd’hui, à l’orée de sa trentaine, Zita Hanrot continue à creuser un sillon profond dans le paysage hexagonal du 7è art.