Après les deux premiers (très) beaux soirs de cette nouvelle édition 2019 de Pause Guitare, on attendait énormément de cette troisième soirée. En effet, pour avoir déjà vu Shaka Ponk et IAM en concert ces dernières années, nous savons qu’il faut s’attendre de leur part à un très gros show scénique. Et pourtant, contre toute attente et malgré une superbe prestation de ces deux groupes, c’est peut-être le tout premier qui aura marqué ce samedi. Retour sur le troisième jour de Pause Guitare à Albi.
C’est donc bel et bien le premier groupe qui aura fait sensation aujourd’hui auprès du public, au vu de ce que nous pourrons entendre toute la soirée ca et là en se faufillant au milieu de public. Hyphen Hyphen a en effet offert un show complet, à l’image de sa chanteuse et leader Santa qui a tout donné durant plus d’une heure de show. Au delà de la puissance vocale qu’elle dégage, elle promettra au public tout plein de choses : raffraichissement à coup de tuyau d’arrosage, course au milieu de la foule, slam, prestation depuis le haut de la tour régie.. Ils feront même monter sur scène certaines personnes de la sphère LGBT, dont le groupe soutient la cause depuis quelques années maintenant. Bref, un concert à part entière qui aura fait part belle à l’interaction avec le public, pour le plus grand bonheur de ce dernier. Sur le plateau, le reste du groupe donnera aussi une belle tranche d’énergie, le tout avec un sentiment qu’ils s’amusaient sur scène autant que nous depuis le public. Un beau moment de partage qui demeure l’un des meilleurs moments de Pause Guitare 2019, et dont on ressort avec le plus grand sourire. Merci !
On dirait bien que la soirée est placée ce coup sous le signe de la contestation sociale. Après le passage pro-LGBT d’Hyphen Hyphen, voici un autre artiste prônant la même cause qui monte sur scène. Avec pour seul musicien son batteur, Eddy de Pretto lui aussi monopolisera la scène de Pratgraussals devant un public désormais chaud bouillant (et aidé sur ce point par les fortes chaleurs toujours d’actualité). Malgré une grosse différence avec le groupe d’avant (et, on le saura plus tard, avec les groupes d’après), sa prestation était bien plus intéressante que lors de son passage au Bikini de Toulouse il y quelques mois de cela. Plus d’entrain et d’enthousiasme, plus d’échanges avec le public .. peut-être l’effet festival ! Et même si sa musique est moins enclin à une folie débordante, on passe tout de même un bon moment à écouter le jeune artiste de la banlieu parisien. Comme un petit moment de calme avant la tempête !
A titre purement personnel, c’est le groupe que nous attendions le plus de la programmation. Objectivement parlant en revanche, bien que les marseillais d’IAM ait assuré le show avec brillot, ils ne ressortiront pas du lot ce soir à cause, vous l’aurez probablement compris, d’une trop forte concurrence. Même si la prestance scénique est toujours magistrale, même si musicalement leur répertoire n’a pas pris une seule ride (et semble même plus d’actualité que jamais à l’écoute de leurs paroles) ; le show reste sur scène et ne franchira jamais le quatrième mur. Malgré un Saïd visiblement bien malade (qui nous fera tout de même l’honneur de sa présence sur scène), Shurik’n, AKH et la clique nous déballeront tous leurs classiques pour finir, apothéose du concert, sur un Demain c’est loin toujours aussi apprécié et appréciable. Un bon concert en somme, mais qui ne pourra rivaliser avec les slams passés de Santa et ceux à venir de Frah. Est-ce bien cela que nous attendons d’IAM cela dit … rien n’est moins sur.
Voir Shaka Ponk en dernier groupe, c’est multiplier les chances que la soirée se finisse sur un show dément. Ca ne ratera pas ! Fin du premier morceau et déjà nous retrouvons l’innégalable Frah sur le public tandis que son éternelle compère Samaha met le feu depuis la scène. Fin du premier morceau et nous ne savons déjà plus où donner de la tête entre la folie des deux leaders, la prestance des musiciens ou encore la qualité du fond de scène. Fin du premier morceau et déjà nous avons une forte envie de frapper du pied et bouger de la tête. C’est ca la force de SHK PNK, et lorsque que nous entendons au détour du public quelqu’un dire « Ils ne tiendront jamais jusqu’à la fin du concert », nous sourions doucement.. Nous sommes bien conscients que le concert ira en crescendo jusqu’à la fin : circle pit, multiples slams debout sur le public, live depuis la régie.. Ils alterneront entre la folie unique qui anime le groupe et la superbe complicité qui unit les deux fougueux chanteurs. La setlist habituelle fera passer une heure de concert pour deux minutes tant nous ne voyons pas le temps passer, et nous constatons finalement, après le départ du groupe, l’engouement général qu’ils auront réussi à créer. C’est d’autant plus fort qu’il s’agissait probablement de la soirée la plus éclectique que Pause Guitare nous reservait cette année, entre la pop rock d’Hyphen Hyphen, la pop/chanson d’Eddy de Pretto, le rap d’IAM et le rock de Shaka Ponk. Nous doutions de la cohérence d’une telle programmation, mais l’engagement social et le spectacle sur scène auront finalement fait un très beau fil rouge tout au long de ce samedi. Cela restera pour nous le plus beaux des quatre soirs de cette édition 2019, malgré la grande qualité des trois autres.
Photos et article : David Vacher