Les Vidéophages reviennent à Toulouse pour leur 18ème édition de la Faites de l’Image. Ils envahiront le vendredi 5 et samedi 6 juillet, le jardin et le boulevard Montplaisir, le jardin du musée Georges Labit ainsi que toute la rue du Japon. Le « passage » est à l’honneur cette année, avec comme toujours l’image dans tous ses états.
Delphine Jouve, salariée de la structure, nous éclaire sur ce festival.
Pouvez-vous nous faire un petit point historique de ce festival qui a lieu chaque année depuis 2003 ?
Effectivement, la première était en 2003. Nous étions encore hébergés à la Médiathèque Associative de Toulouse. Tout a commencé car nous faisions des projections mensuelles d’octobre à juin, tous les lundis, ce qui est d’ailleurs toujours d’actualité. Et au vu de ce programme, nous avons eu l’idée de terminer la saison en plein air. Puis, nous nous sommes dit qu’on allait aussi inviter des personnes qui proposaient des activités plus atypiques, comme des ateliers ou des installations. Par exemple Stéphane Masson sera encore là cette année, avec sa machine à image, des fausses machines du 19ème siècle avec les technologies du 21ème. Nous avons voulu nous ouvrir au-delà de la projection, avec certes un grand écran mais aussi des curiosités visuelles tout autour. Donc dès la deuxième année à Saint Cyprien, nous avons eu beaucoup de propositions, de ciné concerts, d’ateliers, d’expositions. Et nous nous sommes rendu compte que les Toulousains avaient soif d’images. Et finalement personne n’était réellement là pour y répondre. Ainsi, nous avons eu envie de prendre cette place, d’être un peu ce laboratoire d’expérimentation audiovisuelle et de laisser carte blanche aux artistes que nous connaissions.
À l’heure d’aujourd’hui, nous avons même réussi à avoir des propositions des quatre coins de France et même au-delà des frontières, car on accueille cette année Helena Rocio Janeiro qui nous vient tout droit du Portugal. Un festival qui essaie donc d’être ouvert à l’extérieur du paysage toulousain.
Vous avez donc pour habitude de changer d’endroits à chaque édition. Cette année vous allez envahir le quartier du Busca à Toulouse, autour du Musée Georges Labit, alors pourquoi ce choix ?
Nous changeons de lieu tous les ans depuis nos 10 ans, que nous avions fait au jardin du Grand Rond à l’époque. Et finalement, nous avons commencé à nous dire que ce serait bien d’alterner entre les parcs et les rues. Donc, une fois sur deux, la Faites de l’Image se faisait soit dans des parcs comme celui de Borderouge, le jardin du muséum, ou l’année dernière à Fontaine Lestang, soit parfois dans des endroits plus urbains, sur la place à Belfort, autour de Bellegarde, ou encore à Port Garaud. Comme l’an dernier nous étions dans un jardin, on cherchait cette année plutôt une rue. Donc on a privilégié la rue du Japon et le boulevard Montplaisir où il y aura beaucoup d’animations. Mais c’est vrai que nous avons eu la chance que ce soit une rue très arborée d’abord, et surtout avec deux magnifiques jardins. Il s’agit finalement d’une année un peu mixte.
De plus, nous sommes moins éloignés que l’an dernier par exemple, à Fontaine Lestang. Ici, nous sommes davantage centrés, et en fin de compte c’est inévitablement plus facile, pour l’accès comme pour la préparation en amont.
Pouvez-vous nous parler de la programmation ? Comment la réalisez-vous ? Ainsi que quelques détails sur les propositions qui auront lieu ?
Nous essayons d’équilibrer nos différentes catégories : l’atelier ou fabrique, l’exposition, les installations visuelles, les performances, tout ce qui touche au ciné concert et en plus les écrans.
Au début, nous pensions inscrire cinq artistes par catégories sans compter les écrans. Pour les premières éditions, on avait toujours trente et un projets mais finalement c’était trop pour une bonne organisation. Nous avons donc décidé cette année de présenter trois expositions, quatre petites fabriques, neuf installations, et deux performances. Et pour que toutes ces scènes s’équilibrent entre elles, nous misons sur la scénographie du lieu, mais évidemment il se fait surtout en amont en fonction des projets qui nous donnent envie.
La programmation s’articule toujours autour d’un fil rouge. Cette année nous avons décidé de prendre le mot « Passage » en un mot comme en deux. On a réfléchi que la 18ème édition revenait au passage à la majorité, on finit par grandir. Mais aussi avec l’arrière-pensée de se dire que nous nous trouvons dans une génération de passage, et où le déroulement reste plutôt flou à cause des aléas qui peut y avoir, comme par exemple la météo. Chaque année on essaie également de faire rimer la thématique avec le contexte politique ou social ainsi qu’avec des clins d’oeil de nous, Vidéophages. Là, pour le passage, nous avons aussi choisi les questions de migration, qui sont d’actualité mais qui au-delà, interrogent aussi.
En définitive, ce mot avait une polyvalence de termes qu’on retrouve donc dans la programmation.
Plus précisément, il y a des propositions véritablement sur la migration en elle-même, avec en particulier l’association Cap-Nomade qui expose les photographies d’Anthony Jean. Elles concernent la migration de 500 personnes entre la Colombie et le Panama, qui a vraiment eu lieu cet hiver. Un moment très fort.
Nous accueillons aussi des gens plus poétiques comme Philippe Gracia, un photographe qui fait une exposition sur le temps qui passe à travers les nuages qui défilent sur les toits d’Empalot.
Il y a aussi A corps défendu, une performance de théâtre réalisée par la compagnie Draoui qui passera à minuit les deux soirs. Des représentations tourneront aussi autour du passage d’identité, le genre. De notre côté, ce sera donc des écrans thématiques sur des films de notre catalogue sur l’intime, notamment les passages de l’adolescence, amoureux… Mais aussi des courts métrages sur la migration. Nous présentons justement en avant-première le film d’Emma Fariñas qui revient sur les républicains espagnols dans les camps autour de Toulouse en y mêlant des histoires d’amour tirées d’images d’archives.
Après, il y a d’autres personnes qui ont pris le mot passage de façon plus comique, comme par exemple Cinémâts, un bateau qui va faire de la projection sur sa voile. Il y aussi Les Chiffonnées qui elles, font sur le passage des gens de manière plutôt surprenante.
Nous intégrerons aussi, comme à leur habitude, les best of des Vidéophages sur la rue du Japon, accessibles gratuitement.
Et enfin, pour le côté ludique, des ateliers seront proposés. Un de sérigraphie qui était déjà présent l’an dernier et qui revient, un collage collectif, un Flip Book dans le jardin Montplaisir uniquement le samedi, et pour le dernier, une table Mashup qui est, en fait, une table de montage vidéo sans tournage, fait uniquement à partir d’une banque d’images.
Après, c’est vrai que cette année on a énormément de créations, exclusivement conçues pour la Faites de l’Image. Beaucoup d’artistes ont donc créé à partir de cette thématique. De ce fait, pour les artistes ça leur a permis de construire ou de reconstruire leurs spectacles à partir de notre proposition.
Y a-t-il des nouveautés ou des changements pour cette nouvelle édition ?
Finalement, à chaque fois, c’est un peu un pari. Nous ne savons pas vraiment comment l’espace public va être transformé et comment tout va apparaitre. On ne se rend pas trop compte avant. Il s’agit d’un pari dans le sens où il faut scénographier les artistes les uns par rapport aux autres, les imaginer pour que chacun respire ainsi que pour pouvoir faire déambuler le public. Mais en définitive, cette édition ne change pas tant que ça dans l’essence. Cette année encore on garde l’esprit de s’approprier l’espace public, d’amener de la poésie dans la ville, de se mettre dans une sorte de bulle artistique dans le quartier. Nous maintenons aussi l’envie d’être un tremplin pour les artistes et toute cette histoire autour de l’image. Donc pour ceux qui connaissent bien la Faites de l’Image, il ne va pas y avoir de vrais bouleversements. Mais les propositions sont bien entendu toutes différentes, aucune ne se répète, puis l’espace est aussi très différent et ça y joue énormément.
Finalement, comment le projet Les Vidéophages s’est développé ces dernières années ? Et quel rôle avez-vous dedans ?
Je fais partie des six personnes qui ont monté Les Vidéophages en 2001. Au tout début, l’idée a commencé avec Christophe Jacquemart, à l’époque étudiant à l’École Supérieure d’audiovisuel (ESAV), qui a voulu faire voir au grand public les courts métrages que les élèves réalisaient. C’était en 1996 ! Et en 2001, on s’est retrouvé tous les six, à la Médiathèque associative avec chacun un intérêt particulier pour le court métrage bien sûr mais surtout avec une optique différente.
Il y avait Roberto Della Torre qui était sur le documentaire militant. Moi j’arrivais de ciné latino, donc j’étais plus ouverte aux films étrangers. Laurence Sender, qui était à Terre-Nomade, avait elle aussi une envie de films étrangers et notamment africains, avec beaucoup de projets de musicaux également. Perrine Crubilé était davantage sur l’expérimental. Les autres s’intéressaient aux films d’ateliers et de fiction, et notamment dans les créations locales.
Nous nous retrouvions donc une fois par mois, pour se montrer des films de différents horizons. Et c’est en 2003 qu’on a voulu devenir plus professionnels, de commencer à s’équiper. Et c’est le départ de l’association. Au début c’était juste pour prendre du bon temps et s’amuser mais finalement deux évènements nous ont fait acquérir en notoriété. D’abord, le Ciné Guinguette, un spectacle interactif qui mêlait théâtre et audiovisuel, et enfin la Faites de l’Image. Et grâce à ça, l’équipe compte maintenant en plus des bénévoles et des stagiaires, des salariés dont je fais maintenant partie depuis douze ans.
Avez-vous commencé à réfléchir à une thématique ou un lieu pour la 19ème édition de l’année prochaine ?
On devrait se dépêcher oui, car la Mairie nous propose de participer à une action de coordination et de communication pour les acteurs de l’audiovisuel. Ils veulent mettre en avant tous les festivals sur une plaquette mise à disposition, avec toutes les informations pratiques. Nous devons donc donner nos informations très rapidement. Mais c’est encore un peu flou.
Pour la date, c’est facile, on reste sur la même date chaque année, le premier week-end de juillet. Concernant le thème, on ne sait pas du tout. Et les lieux on a déjà des idées, on a des envies mais tout dépendra de sa faisabilité. On a en tout cas soif de surprendre. Des endroits qu’on découvrira ensemble à la rentrée…
Quoi qu’il en soit pour cette année, pensez à amener des tee-shirt si vous voulez les sérigraphier, ainsi que de l’antimoustique car beaucoup d’activités sont au bord du canal.
© Mika Guerriero
INFOS PRATIQUES
Quartier du Busca
> Musée Georges Labit – 17, rue du Japon.
> Jardin Montplaisir – 1, boulevard Montplaisir.
Accès
> Bus – Linéo 7- Crampel
> Métro B – François Verdier
> Accessible en vélo
Buvette et restauration rapide
> Sancho de la Plancha
> Bonjour Monsieur Patate
Participation libre et nécessaire :
> À l’accueil, participez à la hauteur qui vous convient
> Possibilité d’adhérer à l’association : 5 €
> Pas de retrait bancaire sur site